L’assurance-vie ne se réduit pas aux fonds en euros. Les unités de comptes sont devenues un passage obligé pour générer de la performance. Mais face à une offre en UC de plus en plus riche, faire son choix tient du véritable casse-tête. Patrimoine Privé vous donne les clés pour optimiser votre portefeuille.

 

Attendu tel le Messie à chaque début d’année, le palmarès de l’assurance-vie offre un panorama de plus en plus réducteur, résumant le placement préféré des Français aux seuls fonds en euros. Face à l’effondrement des rendements de ces supports essentiellement investis en emprunts d’État, le comportement des Français a pourtant évolué. Au fil des ans, les unités de compte investies en actions, obligations ou dans l’immobilier attirent un nombre croissant de souscripteurs. Sur les six premiers mois de 2020, les UC représentent 35 % de la collecte de l’assurance-vie, selon la Fédération française de l’assurance (FFA). Avant 2018, la part des UC ne dépassait pas 30 %.

La crise du Covid-19 aurait pourtant pu être fatale aux unités de compte. Les marchés actions ont vécu une véritable débâcle, plongeant de 40 % sur le premier mois de l’épidémie. Mais depuis le rebond a été tout aussi impressionnant, même si le CAC 40 peine à renouer avec les 5 000 points et affiche un repli d’environ 18 % depuis le début de l’année. Investir sur les marchés boursiers reste de fait un pari risqué.

Mais paradoxalement, les actions affichent historiquement un « couple rendement-risque » parmi les plus attractifs de l’ensemble des placements financiers. Leur rendement moyen sur les trente dernières années avoisine les 8 % annuels, malgré un chapelet de déconvenues plus ou moins marquées, dont la dramatique crise financière de 2007-2008, dite des subprimes. Pour s’affranchir de la volatilité des marchés actions, l’une des conditions est toutefois d’investir patiemment à long terme, pour estomper les soubresauts transitoires du marché.

Savoir doser son risque

Les épargnants décidés à mettre une dose d’actions dans leur assurance-vie n’en auront pas pour autant fini de se triturer les méninges. Se posera immédiatement la question : quelles unités de compte privilégier ?

La première étape sera de déterminer leur besoin d’épargne, leurs objectifs et leur horizon d’investissement. Entre le financement des études de ses enfants, l’achat d’un bien immobilier ou la préparation sur vingt ans de sa retraite…, les contours d’un projet d’épargne peuvent sensiblement varier.

Leur profil de risque sera également déterminant. Dans le jargon des professionnels, ce profil sera dit prudent, équilibré ou dynamique, selon l’exposition plus ou moins importante aux actions ou au contraire aux produits de taux par nature moins risqués.

De fait, la Bourse ne constitue pas, loin s’en faut, un univers uniforme où tout se vaut. Entre les fonds actions, les fonds obligataires, voire investir dans l’immobilier, le couple rendement-risque peut faire le grand écart. Y compris au sein du compartiment actions, des valeurs peuvent avoir un profil éclectique, les « utilities » présentant a priori un profil défensif, les revenus de ces entreprises de services aux collectivités, comme la production et la distribution d’eau, faisant souvent l’objet de concessions de long terme, contrairement à une start-up dont la pérennité n’est pas assurée.

Idem pour les fonds obligataires.

Le fossé reste important entre des emprunts d’État et les dettes des entreprises privées plus enclines à faire faillite.

Avec des contrats d’assurance-vie proposant de plus en plus souvent plusieurs dizaines d’unités de compte, voire plus d’une centaine, bâtir son allocation d’actifs sera loin d’être un parcours de santé. Surtout qu’une épargne se gère dans le temps, ce qui impose de réaliser régulièrement des arbitrages – pas trop non plus, les frais n’étant pas indolores – au sein de son portefeuille d’UC.

Pour trouver la bonne information sur ces fonds, il faudra se retrousser les manches et consulter les fiches d’information DICI, les rapports mensuels et prospectus… des UC. Avant chaque souscription d’une unité de compte, le document d’information DICI doit en l’occurrence être remis à chaque investisseur par la société de gestion qui gère le fonds. Y figure pour chaque unité de compte sa notation en matière de risque, avec une échelle allant de 1 à 7, 1 correspondant aux placements sans risque de perte en capital, comme le fonds euros, et 7 aux fonds très volatils. Par définition, un fonds actions est risqué quand sa note dépasse 5. Un fonds immobilier ou patrimonial avec moins de 40 % d’actions sera moins volatil et se verra généralement attribuer une note de 3 ou 4.

La gestion déléguée pour investir l’esprit libre

Faire le bon investissement nécessite par ailleurs une connaissance des marchés financiers, des enjeux macroéconomiques du moment et de la santé des entreprises, donc de la microéconomie. Tout comme l’analyse des fiches techniques des UC, cela nécessite du temps et des compétences.

Avec la gestion sous-mandat, également appelée gestion déléguée ou pilotée, le souscripteur d’un contrat d’assurance-vie confie la maîtrise de son épargne à des experts de la finance. Il suffit à la signature du mandat de gestion de définir avec son conseiller sa stratégie d’investissement. Ensuite, une société de gestion prend la main pour définir une allocation d’actifs conforme au profil de risque défini. Au fil du temps, elle vérifie que les objectifs fixés sont respectés et effectue le cas échéant des arbitrages pour corriger le tir, le tout sans la moindre intervention du souscripteur.

 


> Petite astuce pour les réfractaires aux UC
Un nombre croissant de contrats d’assurance-vie imposent parallèlement à la souscription d’un fonds en euros d’investir une dose d’unités de compte. Pour les épargnants souhaitant privilégier une sécurité totale de leur épargne, cette obligation contrevient a priori à leur objectif. L’astuce est dans un second temps d’arbitrer ces unités de compte vers le fonds euros, pour revenir en 100 % fonds euros ou à défaut des UC affichant un risque minimal.


 

Longtemps réservée aux plus fortunés, la gestion pilotée est aujourd’hui totalement démocratisée. Elle est accessible à partir de quelques centaines d’euros. À ce prix, il ne faut toutefois pas espérer une gestion sur-mesure. La gestion individualisée sous mandat, appelée parfois gestion discrétionnaire ou gestion privée, reste une exception. Elle est réservée aux contrats dont la valorisation dépasse quelques dizaines voire plusieurs centaines de milliers d’euros. La gestion pilotée des contrats d’assurance-vie en ligne est en réalité une gestion déléguée non pas privée mais collective, qui se démarque notamment par ses coûts de gestion réduits.

Les frais de gestion sont généralement majorés de 0,10 % à 0,30 % par rapport à une gestion libre. Certains assureurs privilégient toutefois des frais d’arbitrage à chaque changement d’allocation des actifs, voire une indemnité mensuelle forfaitaire, ou se rémunèrent en fonction des gains. Évitez les systèmes basés sur la facturation à l’arbitrage. Il est préférable d’opter pour un pourcentage des fonds gérés. Cette dernière modalité incite le gérant à n’arbitrer qu’à bon escient et non pas à faire tourner les portefeuilles afin de facturer des frais supplémentaires aux clients.

Les frais, une facture à minimiser

La performance d’une assurance-vie se bâtit aussi en minimisant ses frais.

À ce titre, les contrats des banques et assureurs traditionnels, ainsi que ceux des banques privées, ne constituent pas les offres les plus compétitives. Les acteurs traditionnels affichent en moyenne des frais de gestion de 1 % par an sur les unités de compte, avec des frais d’arbitrage pouvant avoisiner les 15 euros. En guise de « bienvenue » et pour chaque versement, s’ajoutent généralement des frais d’entrée prohibitifs de 1 % à 5 %. Pour les banques en ligne, la facture se limite en moyenne à 0,60 % de frais de gestion par an, sans frais d’arbitrage et sans frais sur les versements toujours dans le cas d’une gestion libre.

Les frais sur versements sont tout particulièrement à esquiver. Votre capital n’a pas commencé à fructifier qu’il est déjà amputé de 1 % à 5 %, la moyenne se situant bien souvent autour de 3 %. Dans le cas des fonds en euros, et au regard des rendements proposés actuellement, cela équivaut à un peu plus d’une année blanche ! Pour les frais de gestion, la vigilance doit également être de mise, car ils sont récurrents et sont facturés chaque année.

 


> La gestion profilée sauce IA
Nalo, Yomoni, Grisbee… misent sur l’intelligence artificielle et les robots advisors pour proposer une assurance-vie avec un conseil personnalisé et à moindre coût. Pour résoudre cette équation, ces fintech utilisent des ETF à la place d’OPCVM classiques pour investir. En effet, les ETF ne présentent pas de droits d’entrée et les frais de gestion des ETF sont en moyenne de 0,25 % contre une moyenne de 1,5 % à 2 % pour les OPCVM.


 

Dans le choix des unités de compte, le débat reste par ailleurs animé entre les atouts de la gestion active et passive. Que ce soit au cours des dix dernières années ou durant la crise du Covid-19, la gestion active a peiné à battre le marché. Deux études de S&P et de Morningstar ont souligné que, frais de gestion compris, la gestion active a fait grise mine pour battre un simple indice répliquant le marché. Pour nombre d’experts, les frais de gestion des ETF de seulement 0,25 % par an en moyenne expliquent en partie pourquoi les trackers battent la majorité des fonds actifs à long terme.

PEA et compte-titres ordinaire, concurrents directs de l’assurance-vie

Au moment d’investir en Bourse, le choix se pose souvent entre ouvrir un compte-titres ordinaire (CTO), un plan d’épargne en actions (PEA) ou une assurance-vie. Le CTO offre une liberté complète quant aux produits pouvant y être logés. Les actions du monde entier, tous les types de fonds d’investissement, produits dérivés… peuvent y être logés. Alors que le PEA est plus restrictif puisque seules les actions européennes, hors foncières SIIC, et les fonds d’investissement comportant 75 % d’actions européennes, y sont éligibles. Quant à l’assurance-vie, si tous les types de fonds, appelés dans ce cas unités de compte, sont admises, les actions en direct ne sont pas admises. De plus, l’éventail d’UC proposé est généralement plus restreint que dans le cas d’un CTO.

Sur le terrain fiscal, assurance-vie, CTO et PEA affichent aussi des différences, même si les réformes menées ces dernières années ont réduit les écarts entre ces trois formules. Sur un CTO, les dividendes sont depuis 2018 soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %, de s’articulant entre les 17,2 % de prélèvements sociaux et les 12,8 % d’impôts sur le revenu. Mais il est possible d’opter pour le barème progressif de l’impôt et ainsi continuer à bénéficier de l’abattement de 40 %, solution avantageuse pour les foyers faiblement imposés. Les plus-values sont également soumises au PFU.

Avec un PEA ou le nouveau PEA-PME, les gains, qu’il s’agisse des revenus ou plus-values, échappent à l’impôt sur le revenu, mais pas aux prélèvements sociaux, à condition de ne pas toucher à l’épargne accumulée avant le 5ème anniversaire de son plan.

Depuis le 1er janvier 2019, ces gains sont soumis, comme le CTO, au PFU, soit un taux d’imposition de 30 %. Autre avantage fiscal du PEA, il est aujourd’hui le seul support ouvert à la souscription à offrir une sortie en rente viagère défiscalisée. Par contre, un retrait avant 5 ans entraîne la fermeture du plan et la remise en cause de l’exonération d’impôt. Par ailleurs, toute personne physique majeure ne peut détenir qu’un PEA et un PEA-PME. Les versements sont plafonnés à 150 000 euros pour le PEA et 75 000 euros pour le PEA-PME, dans la limite d’un plafond global de 225 000 euros en cas de détention simultanée de ces deux enveloppes.

Pour sa part, l’assurance-vie ne comporte pas de plafond de versement. Sur le terrain fiscal, pendant la phase d’épargne, l’assurance-vie bénéfice de l’exonération d’impôts et des prélèvements sociaux sur les plus-values réalisées lors des arbitrages. De plus, en cas de retrait partiel après 8 ans mais aussi avant, l’impôt ne s’applique pas sur le retrait effectué mais uniquement sur la quote-part de plus-value comprise dans le retrait. Enfin, en cas de décès, la transmission de l’épargne est facilitée… L’épargne est transmise aux bénéficiaires librement désignés par le détenteur du contrat d’assurance-vie, dans la majeure partie des cas, sans droits de succession.

En dehors de la complexité à gérer une multitude de fonds, surtout à travers différents supports, rien n’empêche un épargnant de disposer d’une ou plusieurs assurances-vie ou CTO et d’un PEA !