La construction de ce remarquable château
du Val de Loire situé sur la commune de
Rigny-Ussé dans le département d’Indre-et-Loire, entre Tours et Chinon, a commencé bien avant la Renaissance et s’est poursuivie sur près de 1 000 ans. Le cadre enchanteur de ces lieux romantiques aurait inspiré Charles Perrault pour le conte de La Belle au bois dormant.

 

 

Une longue histoire

Occupant une position stratégique, adossé à la forêt de Chinon, le site était déjà habité durant la période gallo-romaine. En 1004, une première forteresse en bois fut édifiée par Gueldin 1er dont le fils lancera en 1040 la construction en pierre d’un premier château.

Après être passé dans les mains de plusieurs familles, Jean V de Bueil, comte de Sancerre, capitaine de Charles VII et compagnon de Jeanne d’Arc, surnommé le Fléau des Anglais, reçoit par son mariage les terres d’Ussé en 1440.

Il fera édifier la structure de base du château actuel avec le donjon qui abrite la prison, l’aile sud et une partie de l’aile est.

Son fils Antoine épouse Jeanne de Valois, fille de Charles VII et d’Agnès Sorel,
et poursuivra la construction combinant encore les impératifs militaires et quelques éléments d’une demeure de plaisance alors que la guerre de Cent Ans allait toucher à sa fin.

Malgré la dot de sa femme, Antoine de Bueil se retrouve ruiné et vend Ussé à Jacques d’Espinay, chambellan des rois Louis XI et Charles VIII en 1485.

Le nouveau maître des lieux transformera peu à peu le château en résidence de plaisance suivant la mode de la Renaissance italienne.

Si les tours, les machicoulis et les douves sèches sont conservées, le château s’enrichit de nombreux décors et de diverses sculptures.

Son fils Charles poursuit les travaux et fait construire la chapelle entre 1521 et 1538,
date à laquelle elle est consacrée. Ruiné à son tour, René d’Espinay, le petit-fils de Charles, finit par vendre le domaine d’Ussé à Suzanne de Bourbon-Montpensier.

L’influence de Versailles

Après plusieurs successions de différents propriétaires, le château est acheté en 1659 par Louis Bernin de Valentinay, contrôleur de la Maison du roi et ami de Charles Perrault,
qu’il recevra plusieurs fois à Ussé.

Une exposition dans le chemin de ronde retrace de nos jours les principaux passages du conte de La Belle au bois dormant.

Les jardins autour du château sont aménagés d’après des dessins de Le Nôtre.

En 1691, le fils de Louis Bernin de Valentinay épouse Jeanne-Françoise Le Prestre de Vauban, seconde fille du maréchal de France, qui séjournera de nombreuses fois au château et réalisera les plans des terrasses à l’italienne.

La flamboyance de la cour du Roi Soleil inspire la transformation du château.

Ainsi, l’aménagement de la galerie sud, la modification de l’aile ouest avec le grand escalier réalisé selon les plans de François Mansard et l’aménagement du pavillon Vauban sont entrepris dans un souci de prestige et afin d’apporter le plus grand confort à cette demeure.

Louis XIV aura l’occasion de faire une halte à Ussé avant de poursuivre son voyage vers Nantes.

Aucun des trois enfants de Louis II Bernin de Valentinay n’ayant eu de postérité, le château connaîtra plusieurs propriétaires jusqu’à la période révolutionnaire.

Epargné durant cette époque troublée, le domaine est acheté en 1807 par la duchesse de Duras dont la fille Félicie, comtesse de la Rochejaquelein, donnera à Ussé sa physionomie actuelle en faisant construire la galerie néogothique le long du logis ouest, tout en rénovant la façade est de la cour d’honneur.

Les cèdres du Liban offerts par François-René de Chateaubriand, habitué des lieux,
sont encore visibles près de la chapelle.

Décédée sans enfant en 1885, la comtesse Félicie de la Rochejaquelein lègue le domaine
à son neveu Bertrand de Blacas dont les descendants ont conservé précieusement ce patrimoine historique privé.

Une nouvelle page d’histoire

C’est Casimir de Blacas, né en 1943 qui décide d’ouvrir son château au public en 1975 pour partager avec le plus grand nombre tous les souvenirs d’époque qu’il recèle.

Mais la gestion d’un tel monument implique d’entreprendre régulièrement des travaux de restauration indispensables, qui nécessitent des budgets considérables.

De 1975 à 1995, Casimir de Blacas, avocat de profession, a pu rénover l’ensemble des toitures d’une surface totale de 10  000 m² en autofinancement.

Il a procédé également à la reprise du contrôle des 1 000 hectares du domaine répartis entre 200 hectares de terres agricoles et 700 hectares de forêts loués pour la chasse.

Il a toujours pu entretenir le château et son parc de 220 hectares clos de murs du XVIIe sans demander la moindre subvention grâce à une gestion rigoureuse de son budget de fonctionnement, et en intervenant régulièrement sur chaque élément nécessitant une restauration à plus ou moins brève échéance.

Pour Casimir de Blacas, l’objectif n’est pas de faire de bénéfices, mais d’avoir toujours un budget équilibré, sans aucune perte.

Ainsi en 2019, il procédait à la réfection complète des peintures de la salle des gardes pour un montant de 90 000 euros et faisait restaurer le grand escalier pour 30 000 euros.

La même année 70 000 euros été consacrés aux travaux sur une partie des arches de la rampe d’accès au château qui avaient été étayées dans les années 90 pour éviter leur effondrement lors de la visite privée de la reine Elisabeth II d’Angleterre à Ussé.

Si la pandémie du Covid-19 a été une période difficile pour tous les monuments historiques ouverts au public, le château d’Ussé a été fortement impacté alors qu’il accueillait régulièrement plus de 100 000 visiteurs par an, dont 50 % d’étrangers.

Dégageant en moyenne un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros avec un budget de fonctionnement s’élevant 1 million d’euros, Ussé emploie dix-huit salariés en période estivale et six en hiver qui contribuent à l’entretien et au bon fonctionnement du domaine.

Ce ratio financier permet de dégager régulièrement 4 à 500 000 euros par an pour financer les divers travaux indispensables dans un tel monument qui, dans les années 30 et 50,
a fait l’objet d’une série de classements au titre des monuments historiques.

Casimir de Blacas ayant eu trois enfants, deux filles et un garçon, c’est au tour de Stanislas de Blacas de s’impliquer de plus en plus dans la gestion de ce patrimoine familial auprès de son père, en parallèle de son activité professionnelle dans la finance à Bruxelles.

Il supervise actuellement les travaux de restauration du quatrième fronton des lucarnes pour un montant de 70 000 euros, trois autres ayant été restaurés en 2018-2019 pour des montants similaires.

Prochainement, Stanislas de Blacas envisage de restaurer le mobilier de l’antichambre et de la chambre du roi, qui avait déjà fait l’objet d’une restauration en 1995 pour un montant estimé à 100 000 euros.

Stanislas de Blacas ayant lui-même deux jeunes enfants, il souhaite, dans les cinq ans à venir, se recentrer totalement sur le château et poursuivre la mise en valeur des collections qu’il contient.

Il espère leur transmettre sa passion pour ce patrimoine historique famlial et voudrait que le château puisse constituer un pôle économique dans le village d’Ussé, tout en montrant au plus grand nombre la splendeur et le charme de l’un des plus importants monuments historiques privés de la région.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Château d’Ussé
37420 Rigny Ussé
Tél. : 02 47 95 54 05
Site : https://www.chateaudusse.fr/
Ouverture : des vacances de février jusqu’à novembre, de 10h à 19h
Prix : 14 € (adulte), 5 € (enfant)


PLAN D’ACCÈS :