Même si la France est l’un des pays les plus redistributifs, préparer sa retraite reste nécessaire pour disposer de revenus suffisants après la vie active. Tous les produits d’épargne proposés aux Français n’offrent toutefois pas les mêmes avantages. Patrimoine Privé vous guide pour aborder l’avenir sereinement.
Abandonnée au printemps 2020, la réforme des retraites figure à l’agenda du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Pendant sa campagne, le président-candidat a fait du recul à 65 ans de l’âge légal de départ à la retraite l’une des mesures phares de son programme économique. Mais face à la réticence des Français, Emmanuel Macron a lors de l’entre-deux-tours quelque peu infléchi son discours, affirmant que cette option ne constituait pas une ligne rouge.
Les dernières annonces ont ainsi mis en avant un âge légal de départ à la retraite de 64 ans pour 2027 ou 2028, lequel s’accompagnerait d’une clause de revoyure permettant,
si nécessaire, de ne pas pousserjusqu’à 65 ans. Le cas échéant, l’âge de 65 ans sera atteint en 2032.
En l’état, l’entrée en vigueur de cette réforme imposerait un décalage de l’âge légal de
4 mois chaque année. Le projet devant être ficelé dès le début du quinquennat, le premier décalage interviendrait dès 2023. Mais ses contours définitifs restent à ce stade quelque peu flous et sont susceptibles d’évoluer.
Des propositions sont toutefois plus consensuelles. Emmanuel Macron souhaite par exemple face à la montée des prix pouvoir, dès juillet, indexer les pensions sur l’inflation. L’objectif est aussi de porter la retraite minimum à 1 100 euros contre 980 à 990 euros aujourd’hui pour quelqu’un qui a une pension complète.
Des français inquiets pour leurs retraites
Réforme ou pas, les retraites figurent au cœur des préoccupations des Français. Les trois quarts d’entre eux (72 %) pensent que leur pouvoir d’achat va baisser une fois sortis de la vie active, selon une étude menée en mars auprès de 1 003 actifs en poste, par Mercer France, en collaboration avec l’institut d’étude YouGov.
Même les plus jeunes partagent cet avis. Les 18-24 ans sont tout de même 60 % à confirmer être inquiets. En outre, plus de la moitié des personnes interrogées (62 %) se disent peu confiantes dans le système de retraite actuel.
Les avis divergents des « experts » sur l’état de santé de notre système des retraites ne contribuent pas non plus à gagner en clarté. Le Conseil d’orientation des retraites indique d’un côté que le déficit du régime de base de la retraite des salariés du privé pourrait atteindre entre 30 et 40 milliards d’euros en 2070.
Mais d’un autre côté, le même COR précise que pour les régimes complémentaires des salariés du privé – où l’Agirc-Arrco se taille la part du lion –, les prévisions sont diamétralement opposées. Ces caisses accumuleraient des réserves qui feraient « plus que compenser » la chute du nombre d’actifs par retraité, au prix toutefois d’un fort décrochage des pensions par rapport aux salaires.
Ces perspectives dressées par le COR sont néanmoins loin de faire l’unanimité. Ce qui n’est pas sans ajouter à la confusion. Les critiques portent en particulier sur des hypothèses de croissance du pays… jugées trop favorables. Mais surtout, le solde des retraites annoncé est basé uniquement sur les déficits qui ne sont pas couverts par l’État, les collectivités locales ou les hôpitaux.
Les déficits des régimes de retraite des fonctionnaires, des agents des entreprises publiques ainsi que les régimes des exploitants agricoles sont en l’occurrence volontairement mis de côté, car tous couverts par des subventions et des taxes affectées. Ces régimes ne sont pourtant pas marginaux, ils représentent 27 % des dépenses totales de retraite.
Commencer par acheter sa résidence principale
Dans ce contexte, la préparation de sa retraite s’impose. Mais avant de commencer à épargner, la première pierre à l’édifice réside dans l’acquisition de son logement.
Les Français l’ont d’ailleurs bien compris. Toujours selon l’étude Mercer, 84 % des sondés estiment qu’être propriétaire de sa résidence principale est le meilleur moyen pour bien préparer sa retraite.
Etre propriétaire, c’est en effet faire l’économie d’un loyer alors que le remboursement de l’emprunt correspond fondamentalement à de l’épargne. Acquérir son logement revient logiquement à créer un capital.
Malheureusement, l’immobilier est un socle nécessaire pour la retraite mais pas suffisant. Les pensions de retraite perçues ne sont souvent pas à la hauteur pour maintenir son niveau de vie. Fin 2020, les retraités français percevaient une pension moyenne de 1 341 euros nets par mois, dont 1 667 euros pour les hommes et 1 050 euros pour les femmes, soit un écart de 37,2 %, selon les chiffres du service statistique du ministère de la Santé et des solidarités (Drees).
À cette date, la France comptait 16,9 millions de retraités, en augmentation de 1,2 % sur un an, dont 53 % de femmes.
Une majorité de Français estime au regard de ces chiffres que disposer d’une épargne en plus du régime général est une nécessité impérieuse. L’adhésion à un plan d’épargne retraite par capitalisation est ainsi plébiscité par 65 % des sondés et pour l’investissement dans l’immobilier locatif par 61 %, ce qui place ces deux sources de revenus complémentaires immédiatement après l’acquisition de la résidence principale, selon l’étude Mercer.
Le bien nommé PER
Lancé de la cadre de la loi Pacte fin 2019, le plan d’épargne retraite ou PER est justement un outil taillé sur mesure pour se bâtir une épargne post vie active. Il se décline sous trois formes : un produit individuel, baptisé Perin, qui remplace les Perp et le Madelin, et de deux produits d’entreprise : l’un est collectif, le Percol en remplacement du Perco, et l’autre est catégoriel, dénommé au choix Percat pour PER catégoriel ou PERO pour PER obligatoire, avec pour vocation de se substituer à l’article 83.
Mais, à ce stade, le PER reste méconnu des Français. 82 % déclarent ne jamais en avoir entendu parler, selon Mercer. Seuls 23 % des cadres et 14 % des non cadres disent connaître ce produit. Résultat, à ce jour, seuls 32 % des Français possèdent un PER :
15 % détiennent un PER individuel, 11 % un PER collectif et 6 % cumulent les deux produits.
Les particuliers se porteront à titre individuel sur le Perin. Il peut prendre la forme d’un compte-titres ou d’un contrat d’assurance. Le PER « Assurance » est géré par un assureur et le PER « Titres » est géré par un gestionnaire d’actifs. L’objectif est d’épargner en vue d’obtenir un capital ou des revenus, une fois l’âge de la retraite atteint.
Il est ouvert à toute personne physique résidant en France, sans condition d’âge ou de statut professionnel : actif ou inactif, salarié, non salarié ou encore fonctionnaire. Comme l’assurance-vie, le PER est une enveloppe juridique et fiscale. Les placements effectués dans un PER sont en principe bloqués jusqu’à la retraite mais des cas de déblocage anticipé existent, notamment pour financer l’achat de sa résidence principale.
Un fonctionnement proche de l’assurance-vie
Pour alimenter un PERIN, les versements sont libres, tant sur leur montant (avec un minimum de 30 €) que dans leur récurrence. Il est aussi possible d’alimenter un PERIN par transferts de fonds en provenance d’un ancien produit retraite tels que le Perp, Madelin ou article 83 jusqu’au 31 décembre 2022. Une autre possibilité est le transfert depuis un plan d’épargne retraite collective, en particulier le PERCO, puisque le PER peut recevoir à la fois votre épargne individuelle et celle versée par votre entreprise.
En matière de gestion, l’option mise en œuvre par défaut est une gestion pilotée. L’épargnant délègue ainsi la gestion de son épargne retraite à des professionnels. Les supports d’investissement sont choisis de manière à les sécuriser au fur et à mesure que l’échéance de la retraite est proche.
La seconde option est de choisir la gestion libre. Dans ce cas, l’épargnant sélectionne personnellement ses supports d’investissement. Mais attention, si un large choix de supports est proposé, seuls les PER « Assurance » donnent accès aux fonds en euros.
Enfin, dans le cadre du PER Individuel, il est possible de récupérer son épargne sous forme de capital, de rente, ou même de panacher entre la rente et le capital.
Le PER existe aussi dans l’entreprise
Au sein de l’entreprise, un salarié peut également disposer d’un PER collectif.
Il se nomme alors : PER collectif, PERCOL ou PEREC. Successeur du PERCO, le PER collectif concerne tous les salariés d’une entreprise, sous condition d’ancienneté de 0 à 3 mois, dès lors que le produit y est mis en place. Un plan d’épargne retraite d’entreprise collectif peut prévoir l’adhésion par défaut de façon automatique des salariés de l’entreprise, sauf avis contraire de leur part.
Ce PER d’entreprise collectif peut être alimenté, soit par des versements volontaires du salarié, soit par des sommes issues de dispositifs d’épargne salariale, comme la participation aux bénéfices ou les primes d’intéressement, mais aussi l’abondement de l’employeur, les droits inscrits au Compte épargne-temps (CET), ou encore par transfert de sommes issues d’un autre PER.
Les deux tiers des personnes interrogées par Mercer expliquent justement qu’elles seraient prêtes à y contribuer et à y consacrer une part de leur salaire. Pour 36 % d’entre elles, ce serait toutefois à la condition qu’un financement de la part de l’employeur soit aussi prévu et pour 21 % à la condition que le financement de l’employeur soit supérieur à celui du salarié.
L’autre forme de plan d’épargne retraite d’entreprise est le plan d’épargne retraite obligatoire, baptisé au choix PERO ou PERcat. Il remplace l’article 83. Le PER obligatoire s’adresse comme son prédécesseur à l’ensemble des salariés de l’entreprise qui l’a mis en place ou à une ou plusieurs catégories de salariés, comme par exemple les cadres.
Il peut être alimenté par les versements volontaires des salariés, les cotisations obligatoires du salarié, les cotisations obligatoires de l’employeur ou de l’épargne salariale si le PER obligatoire s’adresse à tous les salariés…
Véritable couteau suisse pour bien préparer sa retraite, le PER a l’avantage sur l’assurance-vie ou le PEA d’imposer à son souscripteur un horizon d’investissement long avec peu de possibilités de sortie avant l’échéance de la retraite. La tentation pourrait de fait être grande d’utiliser ces fonds à d’autres dépenses et, le cas échéant, de se retrouver fort dépourvu la retraite venue.
Pour les dépenses imprévues ou les achats planifiés, l’assurance-vie constitue en cela un excellent complément de l’épargne retraite pour faire face au dépenses imprévues mais aussi pour assurer à son décès la transmission d’un patrimoine à ses proches.