Porté par la promesse de battre la bourse, le private equity ­– ou capital-investissement – constitue, sur le papier, un placement de choix pour les épargnants souhaitant associer épargne
et rendement. Avec la nette baisse ces dernières années du ticket d’entrée dans les fonds de PE, nombre de Français n’ont pas hésité à sauter le pas. Investir dans les sociétés non cotées en bourse n’en demeure pas moins un placement classé à risque, sans garantie en capital. Patrimoine Privé vous guide pour optimiser vos stratégies d’investissement dans le private equity au sein de votre assurance-vie.

Depuis la loi Macron du 6 août 2015, la démocratisation du private equity est en marche dans l’Hexagone.

L’entrée des fonds de PE a été autorisée au sein de l’assurance-vie, d’abord avec un seuil maximal de 10 % du contrat, avant que ce plafond ne soit supprimé fin 2019, avec la loi Pacte. 

À l’origine, investir dans le PE était réservé aux investisseurs institutionnels et aux grandes fortunes. Alors qu’il fallait débourser 10 000 euros, voire 100 000 euros, pour investir en France dans le non coté, le seuil d’investissement sur les supports de private equity se limite aujourd’hui à 1 000 euros dans le cadre d’un contrat d’assurance-vie.

Dans sa dernière enquête intitulée « Activité du capital-investissement en 2022 » et publiée fin mars, France Invest – l’Association des investisseurs pour la croissance – confirme cet engouement croissant des particuliers français pour le private equity.

Les levées de fonds en direct ou via l’assurance-vie en unités de compte se sont hissées
à 4,8 milliards d’euros, les investisseurs institutionnels restant largement majoritaires à hauteur de 82 %.

Commentant cette étude, Claire Chabrier, présidente de France Invest, a souligné :
« Nous notons l’intérêt renouvelé des épargnants particuliers et des family offices pour notre industrie : ils représentent 19 % des levées. Nous jouons d’ores et déjà notre rôle de pont entre l’épargne et le financement de l’économie et nous continuerons à le faire. »

Encore à ses balbutiements en France, le private equity dispose d’un potentiel de développement conséquent au niveau des investisseurs particuliers au regard des standards internationaux.

Selon Bain & Company, ce sont environ 50 % de l’ensemble des actifs sous gestion du private equity, estimés entre 275 000 à 295 000 milliards de dollars, qui sont de fait détenus par des investisseurs individuels dans le monde. Et cette part est vouée à augmenter, selon le cabinet.

 

Le Private Equity gagne en liquidité

Cet appétit croissant des Français pour le private equity ne s’explique pas uniquement par la baisse sensible du seuil d’investissement sur les supports de PE dans les contrats
d’assurance-vie.

Pour séduire les investisseurs particuliers, les professionnels du secteur ont su se réinventer en assurant la disponibilité des fonds investis.

Traditionnellement, les fonds de PE avaient comme particularité d’être des fonds dits fermés. La capitaux investis étaient bloqués durant toute leur durée de vie, généralement entre 8 et 12 ans.

Désormais avec les fonds ouverts, dits « evergreen », l’investisseur bénéficie d’une grande liberté pour revendre ses parts, car ces fonds disposent généralement d’une fenêtre de liquidité trimestrielle, voire mensuelle.

Cette liquidité est toutefois généralement conditionnée à un maximum de rachat trimestriel fixé à 5 % de l’encours du fonds.

En cas de dépassement de ce seuil par l’ensemble des souscripteurs, les rachats dépassant 5 % de l’encours du fonds sont servis le trimestre suivant.

C’est pourquoi on parle de fonds semi-liquides.

Mais dans le cadre d’un contrat d’assurance-vie, la possibilité donnée aux souscripteurs pour effectuer des rachats gagne encore en flexibilité.

Si un particulier a besoin de récupérer tous ses fonds, l’assureur se porte garant de la liquidité comme pour tout contrat d’assurance-vie « normal » et vient éventuellement en complément de la liquidité partielle offerte par le fonds sous-jacent.

L’intérêt, au final, est d’avoir rendu liquide une classe d’actifs par nature illiquide, un frein jusqu’ici rédhibitoire pour nombre d’investisseurs.

Des stratégies de long terme

Pour générer de la performance, le private equity doit néanmoins s’inscrire dans le temps long. En général, le portefeuille d’un fonds de private equity est, pour l’essentiel, composé de PME et d’ETI, voire de start-up, non cotées.

Pour rappel, il s’agit d’entreprises sans commune mesure avec les multinationales du Cac. Les ETI (Entreprise de taille intermédiaire) sont des entreprises qui comptent entre 250 et 4 999 salariés pour un chiffre d’affaires n’excédant pas 1,5 milliard d’euros.

Les PME (Petites et moyennes entreprises) disposent pour leur part d’un effectif de moins de 250 personnes et leur chiffre d’affaires dépasse seulement les 50 millions d’euros.

Pour vivre, ces entreprises ont besoin de sécuriser leur capital sur le long terme, tout comme le financement de leurs projets de développement.

Pour les start-up, ne générant parfois pas encore de chiffre d’affaires, l’appui des investisseurs est encore plus critique et conditionne leur existence.

Dans ces conditions, l’horizon d’investissement d’un gérant de PE dans ces structures avoisine généralement les dix ans.

Ce temps long lui permet d’accompagner la réussite d’un projet industriel… jusqu’à sa maturité et de voir grandir les « jeunes pousses », tout en optimisant son retour sur investissement.

L’objectif n’est pas de générer un dividende annuel comme cela peut être le cas d’un investissement boursier.

 

Dans ces conditions, le rendement est potentiellement plus élevé avec le private equity que les autres classes d’actifs, y compris la bourse.

D’après les dernières données de France Invest dévoilées le 28 juin 2022, le capital-investissement a délivré une performance annuelle moyenne de 12,2 % entre 2007 et 2021, soit plus du double de celle du Cac 40 sur la même période.

L’indice phare de la place de Paris a seulement progressé de 5,1 % par an, l’immobilier de 6,3 % et les hedges funds de 3,2 %. Sur 15 ans, la hausse du PE est de 12,2 % et, sur 10 ans, de 14,5 %.

De fortes disparités de rendements entre fonds

Pour les professionnels du private equity, ce surcroît de rendement offert s’explique aussi par des prix d’achat souvent moins spéculatifs que ceux des actifs cotés.

Une autre raison avancée : les gestionnaires d’actifs non cotés ont plus de leviers pour optimiser la performance, avec une participation active sur la stratégie des entreprises.

Concrètement, ces gestionnaires apportent du capital financier, mais aussi du capital humain. L’enjeu pour eux consiste à accompagner et accélérer le développement des sociétés.

Leur présence aux côtés du management de l’entreprise… permet enfin de mettre en œuvre des audits plus poussés que les investisseurs en bourse.

Il existe toutefois de fortes disparités de rendements d’un fonds de private equity à un autre. Ces écarts sont notamment visibles entre les trois grandes familles de fonds de PE.

L’étude de France Invest révèle à ce titre que le TRI (taux de rentabilité interne annuel) sur 15 ans, entre 2007 et 2021, du capital-innovation s’est élevé à 12 % contre 7,9 % pour le capital-développement et 13,1 % pour le capital-transmission. 

Les stratégies d’investissement de ces trois catégories de fonds différent de fait sensiblement. Les fonds de capital-innovation ont vocation à accompagner dans leur développement les start-up et les jeunes entreprises à forte dominante innovation.

Les fonds de capital-développement et de capital-transmission ciblent pour leur part des entreprises plus matures à la recherche de capitaux pour poursuivre leur croissance.

Même si les performances passées ne présagent pas des performances à venir, ces écarts de rendement entre catégories de fonds sont ne sont pas négligeables.

De la même manière, selon la durée et l’année d’investissement, de fortes disparités sont aussi observées entre fonds de PE.

Les TRI sur 10 ans, c’est-à-dire pour la période 2011-2021, s’établissent à 16,3 % pour le capital-innovation, à 9,8 % pour le capital-développement et à 15,4 % pour le capital-transmission.

Ne pas investir plus de 15 % de son épargne en non coté

Au sein d’une même catégorie de fonds, les disparités de performance peuvent aussi être importantes.

Les données de cette étude n’affichent que des moyennes. Mais dans les palmarès entre sociétés de gestion ou fonds de PE, des rendements bien supérieurs à ces moyennes côtoient des rendements proches de zéro, voire certains fonds qui font faillite.

C’est pourquoi il est essentiel de diversifier son portefeuille de PE, comme pour toute classe d’actifs.

Les professionnels conseillent généralement de ne pas mettre plus de 10 % à 15 % de son épargne en private equity, à moins d’être particulièrement aisé.

De même, il convient de diversifier le choix des gérants car tous n’ont pas tous la même stratégie : le non coté est un univers très vaste avec des profils risque-rendement très différents qui conviennent à certains clients et pas à d’autres.

Contrairement aux fonds en euros, les fonds de private equity n’offrent, de fait, pas de garantie en capital. Il est possible de perdre tout ou partie de son capital.

Au niveau de l’échelle officielle du risque qui va de 1 à 7, le private equity obtient la note de 7, autrement dit, le niveau le plus élevé.

Avant de s’engager dans un fonds, il est donc préférable de lire le DICI, – Document d’information clé pour l’investisseur –, afin d’identifier ses caractéristiques et d’analyser la stratégie d’investissement du gestionnaire, le type d’entreprises ciblées…

Ce document détaille en outre le niveau des frais du fonds, qui vont des frais de souscription aux frais de sortie… et qui viennent entacher sa rentabilité. Une information à ne pas négliger.

Performance et fiscalité avantageuse de l’assurance-vie

En investissant via les supports en unités de compte de l’assurance-vie, un investisseur en private equity peut encore optimiser sa performance grâce aux avantages fiscaux inhérents à tout contrat, avec notamment l’abattement de 4 600 euros pour une personne seule et de 9 200 euros pour un couple sur les gains des rachats.

Au-delà, l’imposition à 24,7 % seulement prévaut dès lors que le contrat est détenu depuis plus de 8 ans et que l’encours n’excède pas, tous contrats confondus, 150 000 euros pour une personne seule et 300 000 euros pour un couple.

Par ailleurs, en cas de décès de l’assuré lorsque les capitaux sont versés aux bénéficiaires désignés, les frais de sortie ne s’appliquent pas.

Les contrats d’assurance-vie offrent également le choix aux bénéficiaires désignés, en cas de décès de l’assuré, de percevoir des titres ou parts de fonds de private equity, et non pas de solder leur position.

Cela peut leur éviter de sortir dans une mauvaise période lorsque la valeur liquidative des fonds est basse et leur permettre d’attendre une période plus favorable.

Les épargnants français ont aussi la possibilité de loger leurs parts de fonds de PE dans un PER, ou dans un plan d’épargne en actions (PEA). Pour le PEA, l’exonération d’impôt est par exemple instaurée au-delà de cinq ans de détention.

Attention, les prélèvements sociaux sur les gains restent dus, eux.

Les versements sur le PEA ne peuvent toutefois excéder les 150 000 euros. Mais il est possible d’investir parallèlement dans un PEA-PME, le plafond cumulé des deux PEA étant limité à 225 000 euros.

Un environnement économique perturbé

Incontestablement, le private equity offre un nouveau champ de diversification au sein des supports proposés dans le cadre des contrats d’assurance-vie.

Au-delà de ses rendements attractifs, le PE constitue, à l’image de l’immobilier, un outil de décorrélation par rapport à la bourse et les UC en actions.

Mais avec la fin des taux bas et la dégradation du climat des affaires, le private equity pourrait souffrir d’un environnement moins porteur dans les mois à venir.

Des opportunités existent toujours et il est possible de réaliser des investissements lucratifs en private equity, à condition, comme pour toutes les classes d’actifs, d’opérer avec une grande sélectivité.

L’erreur serait aussi de profiter de la souplesse offerte par l’assurance-vie en matière de liquidité pour se désengager au moindre soubresaut.

Il est important de ne pas perdre de vue que le private equity délivre les meilleures performances du marché, mais sur le temps long.

Les professionnels conseillent de maintenir les capitaux investis sur une période minimale de 5, voire 10 ans