Avec la crise financière, la chute des rendements obligataires, le pire était pronostiqué pour les fonds en euros. Les rendements 2012 devaient s’effondrer. Si le bilan n’est pas glorieux, le tableau est loin d’être désastreux. À un détail près. La baisse devrait se poursuivre. Aussi, avant que l’inflation ne grignote complètement les rendements des fonds en euros, il convient de réagir.
Des solutions existent !
Sans surprise, les fonds en euros ont vu leurs performances s’effriter. Encore une fois, dirons les mauvaises langues. Déjà tombés à 3,1 % en 2011, leurs rendements 2012 ont glissé en moyenne à 2,9 %. Ce repli s’explique essentiellement par le recul des placements obligataires (actifs centraux des fonds en euros), dont la rémunération n’en finit pas de fondre depuis maintenant 10 à 15 ans. Conséquence directe et fâcheuse pour les fonds en euros, les anciennes obligations arrivant à maturité sont remplacées par des titres moins rémunérateurs. Et, cette situation n’est pas prête de s’inverser.
Le plus important est toutefois de bénéficier d’un rendement net d’inflation performant.
Or, si en l’état, le bilan est de plus en plus critique, il n’en demeure pas moins positif. Enfin, pour le moment et à condition de s’en tenir aux taux d’inflation officiel de 2 % pour 2012. Car pour nombre de Français, la hausse des prix perçue est bien supérieure à ce niveau. Et force est de constater que les contrats de quelques établissements bancaires et de certains contrats anciens des compagnies d’assurances ne sont plus en mesure de vous prémunir contre l’inflation.
Malgré la faiblesse croissante des rendements ces dernières années, les fonds en euros conservent néanmoins nombre d’avantages. Tout d’abord, ils offrent une parfaite garantie en capital aux épargnants qui y investissent, même en cas de tempête financière, ce qui n’est pas le cas des unités de compte. Les moins-values sont impossibles. Ensuite, les fonds en euros font bénéficier les épargnants d’un « effet cliquet ». Les intérêts qui s’accumulent dessus au fil des ans sont conservés à jamais et génèrent, eux-mêmes, des intérêts.
Surveillez la qualité de la gestion
Pour autant, ces avantages – propres à tous les fonds en euros – ne doivent pas faire perdre de vue que d’importantes disparités existent en terme de performances d’un établissement à l’autre. Publiés en cascade depuis la fin de l’année 2012, les rendements se sont ainsi parfois tombés au-dessous des 2,70 % pour exceptionnellement franchir le seuil des 4 %. Des écarts qui doivent amener à réfléchir au moment de souscrire un fonds en euros. Pas question de pousser la porte de la première banque ou du premier assureur venu…
Plus généralement, identifier chaque ligne d’actifs composant votre futur fonds est essentiel. N’hésitez pas à solliciter les conseillers de clientèle… Il faut ensuite se pencher sur la politique d’allocation retenue par le gestionnaire. Quelle part de dette souveraine française, allemande, italienne ou grecque(…), quelle part de dettes corporate est-il susceptible de souscrire ?
Les turbulences de la crise de la dette au sein de la zone euro ont à ce titre montré combien il pouvait être dangereux d’être exposé à de la dette grecque. Si aucun défaut de paiement n’a été observé, le vent du boulet est passé tout près. Il est vital de réaliser que la formule
« placements sans risque » a quelque peu été bousculée.
Il faut également vérifier que tous les adhérents bénéficient du même rendement performant, quelle que soit la date de leur souscription. On rencontre trop souvent des taux d’appels qui ne bénéficient qu’à une poignée d’adhérents alors que la majorité des autres reçoit un taux de rendement plus bas. Enfin, il faut bien vérifier que les objectifs des adhérents soient en adéquation avec les performances attendues.
De nets écarts de performance
Plus généralement, il est primordial de s’assurer que la performance de votre fonds en euros s’inscrit dans la durée. Il ne faudra pas s’arrêter aux seuls rendements 2012, vérifier qu’il ne s’agit pas d’une simple offre promotionnelle « ponctuelle » mais bel et bien de performances récurrentes… L’analyse doit porter sur une dizaine d’années.
En la matière, les groupes mutualistes ont l’avantage de ne pas diluer leur performance par la distribution de dividendes aux actionnaires. L’intégralité de la performance est ainsi destinée à la clientèle. Mais attention, ce n’est pas toujours un gage de meilleure compétitivité !
Les frais supportés par les contrats d’assurance-vie doivent aussi être surveillés avec une attention toute particulière, surtout en cette période de baisse des rendements. Le cas échéant, le risque est de voir la rémunération fondre. Les frais sont de deux natures : les frais sur versements, qui vont de 0 % pour les « e-contrats » (ou contrats Internet) à 4 %, et les frais de gestion annuels. Pour ces derniers, l’échelle est large, de 0 % à 1 %. Plus ces derniers sont importants, plus ils impactent la participation aux bénéfices et sont significatifs dans la durée.
Si les performances sont annoncées nettes de frais de gestion, cela ne signifie pas que ceux-ci n’ont pas d’impact. Plus ces frais sont conséquents, plus l’écart entre la performance brute et nette est important. Or avec la baisse des rendements bruts qui pourrait encore s’accentuer,
le poids des frais sera de plus en plus handicapant. Il est donc important de bien les surveiller, surtout que les frais de gestion sont imputés tous les ans, contrairement aux frais de versements. Les e-contrats ont ainsi bien souvent l’avantage, au-delà de frais d’entrée nuls, d’afficher des frais de gestion réduits à leur portion congrue. Souscrire sur Internet peut donc être avantageux.
Un peu d’actions ou d’immobilier
Mais pour dégager de la performance, il ne suffit pas de minimiser les frais. Cela reste la cerise sur le gâteau. Il faut avant tout être en mesure de dégager de la performance. Cet objectif n’est pas forcément aisé actuellement avec les fonds en euros traditionnels. Pour bénéficier d’un supplément de rémunération, il peut être opportun de se tourner vers les fonds « dynamiques » en euros, autrement dit la gestion à « coussin ».
Cette formule propose, à côté d’un compartiment sans risques, des actifs diversifiés,
20 % à 30 % d’actions internationales par exemple, mais avec des garanties. Les positions risquées sont ainsi vendues dès qu’elles sont susceptibles d’afficher des pertes, ce qui permet de garantir le capital tout en offrant des rendements supérieurs à ceux des fonds en euros traditionnels… à condition toutefois que les marchés se portent bien. Dans le cas contraire,
le rendement peut-être moins bon qu’un fonds en euros mais reste tout de même positif.
Une autre solution est apportée par les contrats d’assurance-vie « diversifiés ». Ces contrats ont également comme ambition de doper le rendement offert, mais pour cela il convient de bloquer son épargne durant une période prédéterminée de 10, 15 ou 20 ans. C’est à cette seule condition que le souscripteur pourra bénéficier de la garantie en capital. Pour le gestionnaire du contrat, le fait d’être assuré de détenir sur une longue période l’encours du contrat permet une gestion plus agressive.
Certains professionnels dénoncent le manque de transparence des fonds en euros dynamiques. Ils expliquent qu’en ajoutant ne serait-ce qu’un peu d’actions, pour doper la performance, le risque grimpe. Ils conseillent plutôt de jouer la diversification en souscrivant à côté du fonds en euros, un ou plusieurs autres fonds investis dans des actions ou l’immobilier (….), potentiellement plus performants. Chaque fonds aura ainsi un objectif bien identifié. Si votre contrat ne le permet pas, comme dans le cas d’un contrat mono-support, l’amendement Fourgous, permet justement de basculer d’un contrat mono-support en euros vers un contrat multi-supports.
L’investissement sur des supports immobiliers, tels que les SCPI ou les OPCI, gagne par ailleurs du terrain. Ils sont souvent jugés moins risqués que les actions. Mais, ils requièrent d’avoir du temps devant soi, au minimum cinq ans, afin d’amortir les frais d’entrée et d’être en capacité d’attendre pour sortir en cas de baisse des marchés.
Doper les performances de son fonds en euros devrait devenir une préoccupation croissante des épargnants dans les prochaines années, tant un rebond des rendements est loin d’être d’actualité !