Malgré la réforme des retraites, le système par répartition n’est plus en mesure de garantir aux Français de couler de vieux jours paisibles.
Pour ne pas avoir à cumuler un emploi afin de compléter ses faibles pensions et jouir d’une confortable retraite, l’épargne s’avère une excellente solution. Patrimoine Privé vous présente en détail les atouts respectifs du Plan d’épargne retraite ou PER et de l’assurance-vie.

 

Marquée par une forte contestation et le passage en force du gouvernement, la réforme des retraites est entrée en vigueur le 1er septembre.

L’âge légal de départ à la retraite va, en conséquence, être progressivement relevé
pour passer de 62 ans aujourd’hui à 64 ans en 2030 pour les personnes nées à compter
du 1er janvier 1968.

Le texte prévoit par ailleurs la revalorisation de la pension minimale des retraités à au moins 85 % du Smic net, soit près de 1 200 euros brut, pour une carrière complète à temps plein.

Une réforme des retraites loin de protéger les Français

Au regard du coût de la vie et de l’inflation persistante, les Français les plus modestes ne resteront pas les seuls à légitimement attendre leurs vieux jours avec inquiétude.

Selon le rapport annuel de la DREES publié en juin, la pension moyenne brute pour les nouveaux retraités s’élevait, en 2021, à seulement 1 531 euros mensuels, soit 1 420 euros nets quand le salaire mensuel moyen des Français avoisine les 2 587 euros net par mois en 2023. Les couples retraités ne sont guère mieux lotis.

Selon l’étude de Silver Alliance par l’Institut CSA parue en avril 2023, leur revenu moyen dépasse à peine les 2 090 euros.

Malgré les réformes successives, la capacité même de notre système des retraites à perdurer interroge.

En France, ce sont essentiellement les actifs qui financent les pensions des retraités.

Dans un contexte économique touché par la crise et où les retraités sont de plus en plus nombreux sans que le nombre d’actifs n’augmente suffisamment, ce système atteint ses limites.

Pour preuve, en 1960, il y avait 4,7 actifs pour un retraité, quand nous serons 1,3 actif pour 1 retraité en 2070.

Parce qu’à la retraite, les revenus baissent, les Français n’ont d’autre choix que d’épargner dès aujourd’hui pour se constituer un capital ou un complément de revenu pour un avenir plus serein.

Le succès du PER

Conscient ou pas de ses limites à réformer le système de retraite par répartition, le premier gouvernement Macron a lancé dès 2019 dans le cadre de la loi Pacte le nouveau Plan d’épargne retraite ou PER.

Remplaçant du PERP, de l’article 83, du PERCO et du contrat Madelin, le nouveau PER se présente comme le produit phare de l’épargne-retraite, en étant plus moderne et plus flexible que les anciens produits d’épargne-retraite.

Il existe en réalité trois types de PER. D’abord, le PER individuel, dit PERIN, qui est ouvert à tous, et qui peut être contracté de manière individuelle.

Il existe également le PER d’entreprise collectif, dit PERCOL, qui est ouvert de manière facultative aux salariés de l’entreprise cumulant plus de trois mois d’ancienneté.

Enfin,il existe le PER d’entreprise obligatoire, dit PERCAT, qui est imposé aux salariés de l’entreprise.

Les Français ont visiblement été séduits par cette offre.

Trois ans après le lancement du PER, son déploiement est un succès : au 31 décembre 2022, plus de 7 millions de personnes ont opté pour ce dispositif, soit plus du double de l’objectif de 3 millions initialement fixé pour fin 2022, selon le ministère de l’Économie et des Finances.

Les encours constitués sur le PER sont supérieurs à 80 milliards d’euros, dépassant largement l’objectif initial de 50 milliards pour fin 2022.

Cette dynamique concerne tous les PER.

Pour les versions d’entreprise, le collectif a collecté plus de 19 milliards d’euros d’encours et pour l’encours de l’obligatoire dépasse les 12 milliards d’euros.

Les PER individuels comptabilisent pour leur part plus de 49 milliards d’euros d’encours et plus de 3 millions de titulaires.

Le PER individuel pour tous

Par opposition aux deux formules de PER d’entreprise, le PER individuel ou PERIN est accessible par toute personne physique résidant en France, sans condition d’âge, actif ou inactif, salarié, non salarié ou encore fonctionnaire.

L’adhérent a la possibilité d’effectuer sur son PER individuel des versements libres ou programmés, sans condition de montant pendant la phase d’épargne.

Ce PER individuel peut être souscrit auprès d’une société d’assurance, d’une banque, d’une mutuelle, d’un institut de prévoyance ou encore d’un gestionnaire d’actifs, en ligne ou pas.

Sauf mention contraire de la part du souscripteur, la gestion des sommes versées sur le PER se fait suivant le principe de la gestion pilotée.

Cela signifie que lorsque le départ en retraite est lointain, l’épargne peut être investie sur des actifs plus risqués et plus rémunérateurs.

À l’approche de l’âge de la retraite, l’épargne est progressivement orientée vers des supports moins risqués.


Des versements déductibles du revenu imposable

Le principal avantage de ce PER individuel est d’ordre fiscal.

Les sommes versées sur un PER individuel au cours d’une année sont déductibles des revenus imposables de cette année dans certaines limites.

La déduction des versements peut atteindre au maximum 10 % du montant annuel des revenus de l’épargnant dans la limite de 8 fois le plafond annuel de la sécurité sociale, soit une déduction maximale de 35 194 euros en 2023.

Cette économie d’impôt étant proportionnelle au taux marginal d’imposition de l’épargnant, le PER est plus avantageux pour les personnes dont le TMI est de 30 % minimum.

Pour une personne imposée à la tranche marginale d’imposition à 30 %, et qui verse 5 000 euros sur un PER, la déduction fiscale sera en effet de 30 % de 5 000 euros, soit 1 500 euros.

Dans le même temps, une personne dont le TMI est de 41 % bénéficiera d’une économie de 41 % de 5 000 euros, soit 2 050 euros.

Le nouveau PER a par ailleurs gagné en souplesse par rapport à ses prédécesseurs.

Les possibilités de sortie ont été élargies.

Une fois l’âge de départ à la retraite atteint, les épargnants peuvent désormais décider de liquider leur PER afin de percevoir leur épargne sous forme d’une rente, mais également d’un capital, versé en une ou plusieurs fois.

En revanche, cette sortie reste fiscalisée.

En cas de sortie en rente, celle-ci est imposée au barème progressif de l’impôt sur
le revenu, après un abattement de 10 %.

Les revenus à la retraite étant inférieurs à ceux perçus durant la vie active,
le degré d’imposition est modéré.

Si les épargnants décident de liquider leur PER sous la forme d’un capital versé en une
ou plusieurs fois, le montant cumulé des versements est alors imposé au barème progressif de l’impôt sur le revenu et les intérêts sont soumis à un prélèvement forfaitaire au taux
de 30 %.

L’assurance-vie reste dans la course pour la retraite

L’assurance-vie constitue une excellente alternative au PER pour préparer sa retraite.

Le placement préféré des Français permet de fait de se constituer un complément de revenus en faisant fructifier un capital qui pourra être mobilisé lors du départ à la retraite.

Reste que si le PER est à privilégier par les personnes dont le TMI est égal ou dépasse
30 %, au-dessous de ce seuil, l’assurance-vie est à privilégier, c’est-à-dire pour les personnes ne payant pas d’impôts ou assujettis à la tranche de 11 %.

Contrairement au PER, l’assurance-vie n’offre toutefois pas d’économies d’impôts.

Un de ses gros avantages reste l’abattement annuel.

À partir de huit ans, la fiscalité de l’assurance-vie est beaucoup plus douce.

Il est possible de retirer jusqu’à 4 600 euros pour une personne seule et 9 200 euros pour un couple, par an, en ayant des intérêts totalement défiscalisés.

Par ailleurs, il faut savoir qu’en dessous d’un certain seuil par bénéficiaire, il n’y a aucun droit de succession.

L’autre grand atout de l’assurance-vie réside dans le fait que l’argent n’est pas bloqué.

On peut retirer l’argent placé à tout moment.

Le danger est toutefois de consommer son épargne placée en assurance-vie avant la retraite, quand le PER ne le permet pas.

L’idéal est donc d’ouvrir deux contrats d’assurance-vie, l’un spécifiquement consacré à la retraite et l’autre aux éventuelles futures dépenses pouvant intervenir avant la retraite.

Choisir des supports performants sur le long terme

En dehors de différences sur le plan fiscal et concernant les possibilités de sortir son argent, le fonctionnement du PER et de l’assurance-vie est relativement similaire.

Les versements sont libres que ce soit dans le montant ou la régularité.

De plus, il n’existe aucun plafond pour ces deux placements.

Autre point commun entre le PER et l’assurance-vie, l’épargnant alimente son contrat, et les sommes sont investies sur des fonds euros ou en unités de compte, tels que des fonds en actions par nature plus risqués, mais susceptibles d’offrir de meilleures performances sur le long terme.

Et cela tombe bien, la retraite doit être anticipée relativement tôt pour être préparée dans la durée.

Ainsi, le PER permet d’investir sur les marchés actions, obligataire et immobilier au travers de titres vifs, d’ETF, de fonds du type OPCVM, voire de supports de private equity, ainsi que sur des SCPI, OPCI et SCI.

Avant de souscrire, il conviendra de bien étudier l’étendue et le type de supports proposés, comme cela se fait dans le cadre d’une assurance-vie.

L’épargnant devra plus particulièrement voir si ces supports sont susceptibles de s’adapter à son profil d’investisseur et à son projet d’épargne pour la retraite.

Attention aux frais

Dans les deux cas, les frais devront également être surveillés.

Il faut notamment regarder de près les frais d’entrée, qui peuvent aller jusqu’à 5 %.

Revenant chaque année, les frais de gestion du contrat peuvent aussi être particulièrement pénalisants.

Ce n’est pas parce que les frais sont bas qu’un contrat est mauvais, bien au contraire.

Il faut, dans la mesure du possible, choisir un contrat dans lequel il n’y a pas de droits d’entrée et des frais de gestion raisonnables, compris entre 0,5 et 0,9 %.

La qualité et la performance des fonds en euros sont aussi importantes à prendre en compte.

Pour se faire une idée de leur rentabilité, il convient de se reporter aux rendements dévoilés en début d’année par les banques et assureurs, même si les performances passées ne préjugent pas des performances à venir.

Que le choix d’un épargnant se porte sur le PER ou l’assurance-vie pour préparer sa retraite, en fonction de son taux marginal d’imposition, l’idéal est de disposer, en plus, d’une assurance-vie en complément pour financer ses projets susceptibles d’intervenir avant la retraite.

Il est en effet approprié de sanctuariser la préparation de ses vieux jours d’un côté et de l’autre de pouvoir faire face à un imprévu ou une dépense programmée mais lourde pendant sa vie active.

L’assurance-vie et le PER ne sont pas des ennemis !

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