En Saône-et-Loire, le château de Pierreclos est situé dans la commune éponyme, sur un éperon rocheux en fer à cheval qui domine la vallée de la Petite Grosne. L’édifice faisait partie d’un ensemble de châteaux qui contrôlaient un axe de passage naturel entre Cenves au sud et Mâcon à l’est.

 

Le château de Pierreclos est le témoin des nombreuses modifications architecturales qui se sont échelonnées du Moyen Âge au XIXe siècle.

Composé de donjons, de tours carrées, de tourelles, de mâchicoulis, du clocher
de l’ancienne église du village, Pierreclos est un enchevêtrement de bâtiments détruits, reconstruits, ajoutés sans qu’aucun bâtisseur n’ait fait table rase des constructions de ses prédécesseurs.

 

Une longue histoire mouvementée

Le plus ancien seigneur connu du lieu est Hugues de Berzé qui, en 1195, met ses terres sous la suzeraineté du roi de France, Philippe Auguste.

En 1282, le château de Pierreclos est donné en fief au duc de Bourgogne par Étienne de Berzé, frère d’Hugues de Berzé, seigneur du château voisin de Berzé.

La famille Bletterans possède Pierreclos de 1350 à 1431, dont un de ses membres, Humbert de Bletterans, servit d’otage pour garantir le paiement de la rançon du roi Jean
le Bon, fait prisonnier par les Anglais au cours de la bataille de Poitiers, en 1356.

Durant la guerre de Cent Ans, le Mâconnais est également le théâtre du conflit territorial opposant Armagnacs et Bourguignons.

Le 3 août 1422, les Armagnacs s’emparent du château de Pierreclos avec pour objectif
le siège de Mâcon.

Repris par les Bourguignons en 1431, l’édifice est à nouveau ruiné et dévasté par les troupes royales envahissant le Mâconnais.

À partir des années 1510-1520, la famille de Rougemont possède la seigneurie de Pierreclos et commence à relever le château.

Mais les guerres de religion verront les protestants se rendre maîtres de Mâcon avant d’assiéger, piller et incendier le château de Pierreclos, puis détruire en grande partie la vieille église.

La famille de Rougemont n’abandonne pas son domaine et achève une grande partie des travaux de reconstruction entre 1572 et 1587.

Mais des difficultés économiques du moment entraînent la saisie du domaine sur requête d’un commerçant de Lyon, et la vente le 8 janvier 1665 à Jean-Baptiste Michon,
pour 100 000 livres.

La famille Michon

Le nouveau maître des lieux, procureur du roi en la généralité de Lyon, réorganise l’ensemble de sa seigneurie et acquiert également Cenves, en novembre 1710.

Il meurt en 1717. Son fils aîné, Antoine, transmet Pierreclos à son frère, Aimé-Gabriel,
en 1732, qui le transmet à son tour à son fils Jean-Baptiste, né en 1737 à Mâcon.

Le caractère autoritaire, violent et cruel de ce dernier héritier ayant entraîné de multiples différends avec les gens de Pierreclos, explique en partie l’acharnement des paysans de la région contre le château durant la période révolutionnaire, conduisant pendant trois jours en juillet 1789 à la mise à sac complète du château par 200 individus provenant des villages environnants.

Le seigneur de Pierreclos est arrêté en avril 1793, et incarcéré à la prison d’Autun avec sa femme, qui y mourut. Transféré à la prison de Mâcon en octobre 1794, il sera libéré en novembre 1795.

L’une de ses filles, Jacqueline-Marguerite, surnommée Mademoiselle de Milly,
sera la maîtresse de François Dumont, curé de Bussières, dont elle aura un fils en 1799.

Cette relation particulière pendant la période révolutionnaire inspira Alphonse
de Lamartine pour l’intrigue de son poème « Jocelyn » et ses « Confidences »,
ainsi que le romancier Albéric Cahuet pour son roman historique paru en 1928,
intitulé « Mademoiselle de Milly ».

Ironie de l’histoire, très lié à l’abbé François Dumont, Alphonse de Lamartine fut l’amant de la belle-fille du comte de Pierreclos, à qui il a fait également un enfant illégitime.

C’est en 1827 que Jacques Chaland, industriel à Saint-Chamond, achète le domaine de Pierreclos pour la somme de 800 000 francs aux descendants du comte Jean-Baptiste de Pierreclos.

C’est à lui que l’on doit l’agrandissement du logis nord, la pose de la grande cheminée de marbre noir et blanc dans la grande salle, la toiture de la tour d’artillerie et la décoration intérieure de la chapelle.

Au début du XXe siècle, ses descendants vendent le château à un soyeux de Lyon du nom de Darnat, qui en fait sa maison de campagne jusque dans les années 50.

© Château de Pierreclos

Époque contemporaine

Une habitante de Pierreclos, madame Fouilloux, achète alors le domaine.

Jusqu’à son décès, elle y accueillait des colonies de vacances d’Aubervilliers.

Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1984,
le château est vendu aux enchères à la salle des fêtes de Pierreclos en juillet 1985.

Il est adjugé à la famille Masson, exerçant la profession de marchand de biens, qui entreprend une restauration complète des toitures, des façades, de la cuverie et du chai.

En 1989, Monique Pidault décide d’acheter à son tour le château de Pierreclos
et de l’ouvrir pour la première fois au public.

Elle poursuit les travaux d’aménagement des intérieurs pour des réceptions,
des mariages et des dégustations des vins de la région.

En 2008, son fils Jean-Marie reprend le château en apportant le domaine viticole environnant de 11 hectares créé en 1995 dont tous les vins aujourd’hui sont issus de l’agriculture biologique. En 2013, les Pidault ouvrent 5 chambres d’hôtes (quatre au-dessus des écuries, un dans le donjon) en rejoignant les réseaux « Bienvenue au Château »
et « Esprit de France ».

En 2020, leurs trois enfants reviennent au château. Joseph se consacre au domaine viticole. Suzanne gère la partie commerciale et la communication.

Enfin, Paloma s’occupe de la vinification avec pour objectif la montée en gamme de la cuvée « Comtes de Pierreclos » portant sur la nouvelle appellation
Pouilly-Fuissé 1er Cru.

En mai 2023, les derniers travaux ont concerné la construction d’un gîte pour
20 personnes et la réfection des murs de la cour, subventionnée à 30 % par la Drac.

Un château de plus en plus viticole

Si Pierreclos pouvait accueillir plus de 20 000 visiteurs dans les années 90,
cette activité n’est plus prioritaire, comme l’explique Suzanne Pidault,
qui organise une visite commentée seulement en semaine, de juillet à août.

Assumant pleinement cette nouvelle orientation, elle souhaite maintenir la visite non pas à des fins économiques, mais plutôt pour continuer à partager l’histoire du château.

Afin de poursuivre les travaux d’entretien général s’élevant à 50 000 euros
par an et assurer l’équilibre financier de la SCI qui gère le domaine, les Pidault
préfèrent développer principalement le négoce de vins et la partie touristique
et événementielle, basée sur des dégustations pour des groupes et des entreprises.

Dans les années à venir, les Pidault envisagent la restauration du grand escalier de leur château, espérant pouvoir obtenir des subventions de la Drac ainsi que l’organisation de nombreuses réceptions et la contribution éventuelle de quelques
mécènes passionnés d’histoire.


> informations

Château de Pierreclos

144 chemin du Château – 71960 Pierreclos
Tél. : 03 85 35 73 73
Site : www.chateaudepierreclos.com
Visites : juillet-août,en semaine uniquement
Prix : 12 euros