Située dans le cadre enchanteur de la vallée de l’Andelle, Notre-Dame de Fontaine-Guérard est une abbaye cistercienne féminine fondée en 1190 au pied d’une source miraculeuse. Elle se visite sur la commune de Radepont dans le département de l’Eure,
en Normandie.
C’est vers 1135 qu’Amaury de Melun, seigneur de Gournay, fonde un prieuré de bénédictines sur l’emplacement d’une source dénommée Fontaine-Guérard, laquelle aurait des vertus curatives en matière dermatologique.
En 1190, Robert III de Beaumont, comte de Leicester et cousin d’Amaury de Meulan,
fait une importante donation au prieuré qui permet de construire l’église et les monuments monastiques, satisfaisant ainsi la demande de l’archevêque de Rouen, Gautier de Coutances.
Les moniales vont se rattacher à l’ordre de Cîteaux et une bulle du pape Innocent III en ratifie les privilèges.
L’église est consacrée en 1218 par Robert Poulain, archevêque de Rouen.

Les principaux bâtiments sont érigés jusqu’en 1253, moment où le prieuré devient abbaye sur décision de Saint-Louis, à la prise de possession par sa première abbesse, Ida.
L’abbaye abritait non seulement des moniales qui consacraient leur vie à Dieu, mais aussi des converses qui effectuaient les travaux.
Le domaine s’étendant sur 3 000 hectares procurait suffisamment de ressources pour entretenir les différents bâtiments.
Quelques abbesses ont plus particulièrement marqué la vie de cette communauté religieuse, comme Elisabeth de Maromme, qui entreprit de grands travaux et gouverna pendant quarante-quatre ans de 1496 à 1540, et Elisabeth Le Cordier de Bigards de la Londe, qui dirigea l’abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard durant quarante-deux ans, de 1619 à 1661.
Au cours du XVIIe siècle, des travaux ont été entrepris pour préserver ce magnifique ensemble. En 1756, un incendie détruit une partie du dortoir des moniales, qui a pu heureusement être reconstruit.
> PRINCIPAUX VESTIGES ACCESSIBLES À LA VISITE





La destination industrielle
À la Révolution française, l’église est saccagée et les bâtiments sont vendus comme biens nationaux.
La dernière abbesse, Marie-Madeleine du Bosc de Radepont, qui avait été nommée en 1777, se retire dans sa famille en 1790 lors de la vente des biens de l’abbaye.
En mars 1792, François Guéroult fait l’acquisition des bâtiments avec pour projet de créer une vaste filature de coton à proximité et d’utiliser l’abbaye comme carrière de pierres pour la construction de son usine.

En 1822, François Guéroult vend Fontaine-Guérard au baron Levavasseur, manufacturier et armateur au Havre, déjà propriétaire de nombreuses filatures dans la région normande.
Son fils, Charles, fera construire dans les années 1860 la grande usine de style néo-gothique anglais avec quatre tours octogonales s’élevant à 38 mètres de hauteur, postées à chaque angle.
Cette filature fonctionnera jusqu’au début du XXe siècle, malgré les nombreux incendies qui se sont successivement déclarés.
Les descendants du baron Levavasseur vendent le domaine monastique au début du XXe siècle, qui passera dans quelques mains jusqu’au dernier propriétaire, Fernand Colombel.
Sans héritier, celui-ci lègue son domaine à l’Armée du Salut en 1937, date à laquelle les vestiges de l’abbaye font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Armée du Salut lancera des chantiers de restauration et d’insertion afin de lutter contre l’exclusion sociale.
Retour vers la spiritualité
En 2013, Olivier Monpoint, géomètre au service du cadastre à Provins, fait l’acquisition par le plus grand des hasards de cette abbaye avec ses terres de trois hectares auprès de l’Armée du Salut qui rencontrait des difficultés pour gérer ce domaine.
Le nouveau maître des lieux avait déjà sauvé de la destruction le château du Houssay, dans le département de l’Aube.
Puis l’avait revendu au bout de dix ans pour partir sur un autre projet de sauvegarde d’un monument dans son jus, datant d’avant la Révolution, pour un budget inférieur à 500 000 euros.
Tombé immédiatement sous le charme et l’énergie que ce site dégage, Olivier Monpoint voulait en faire sa résidence principale en aménageant la chapelle.
Mais la DRAC s’opposa à son projet, l’obligeant à repenser son organisation.
Il décide alors d’ouvrir immédiatement l’abbaye au public et entreprend l’aménagement d’une grande allée carrossable conduisant aux monuments pour un coût de 15 000 euros.
Il crée également l’association « Esprit de Fontaine-Guérard » afin de gérer toute la programmation culturelle du site et accroître le nombre de visiteurs, qui s’élève autour
de 5 000 par an.
Mais, en 2015, la difficulté de gérer à distance depuis Provins commence à atteindre son moral et le fait douter sur la réalisation de ses objectifs.
Confiné en 2020 à Fontaine-Guérard, Olivier Monpoint a alors le déclic qui lui fait prendre conscience que son destin est lié à ce monument historique et que toutes les activités qu’il pourra y développer finiront par le ramener à son passé familial et au style de vie qu’il aurait dû avoir dans sa jeunesse.
S’acclimatant peu à peu à la région, Olivier Monpoint a profondément ressenti que les esprits de ce lieu l’ont définitivement accepté pour le laisser avancer sur son nouveau chemin de vie.

Les jardins monastiques
Olivier Monpoint cherche à retrouver l’esprit cistercien jusque dans les jardins en créant le jardin des Simples, en phase de finalisation pour un budget de 27 000 euros, et celui de la Quintessence avec les conseils de l’architecte paysagiste Adrien Folliot, pour un montant de 15 000 euros.
À l’extrémité se trouve le jardin de la Méditation, en hommage à l’harmonie de la création. Au centre des jardins, on découvre des sculptures évoquant les femmes qui ont vécu ici.
Ces divers aménagements ont convaincu le Crédit Agricole de Normandie d’apporter une contribution à hauteur de 14 000 euros et 7 000 euros ont été obtenus auprès de la plateforme de financement participatif Dartagnans.
Enfin, Olivier Monpoint a fait remplacer les 35 fenêtres du dortoir par des vitraux réalisés par des artisans locaux.
Durant la période d’ouverture au public, il emploie deux personnes à temps partiel pour le jardinage et la billetterie.

Phénomènes paranormaux
L’histoire de ce lieu, empreint de spiritualité, voué au silence et à la méditation,
est pourtant tourmentée.
De nombreux personnages ont imprégné le site, mais les plus célèbres restent les héros d’une passion douloureuse : le jeune Raoul de Bonnemare et Mathilde, fille du baron de Canteloup, qui vivait non loin de là, au château d’Amfreville-sous-les-Monts.
Leur histoire tragique correspond à la légende des deux amants. Ils furent enterrés dans le cimetière de l’abbaye où un marronnier et un pin ont poussé, enlacés l’un à l’autre.
L’abbaye a la réputation d’être hantée. De curieuses manifestations secouent la salle de travail où des petits cailloux y seraient jetés en direction des intrus.
Dans la sacristie, les femmes se sentent comme repoussées.
L’âme du prieur leur interdirait-elle l’accès à cette partie des lieux ? D’autres visiteuses ont affirmé avoir senti un souffle sur leur nuque tandis qu’on leur caressait les cheveux.
La salle capitulaire, où trônent deux animaux mystérieux, une chouette et une vouivre (femme-serpent), semble parfois animée d’un souffle glacial.
Mais que ces manifestations inexpliquées ne vous empêchent pas de visiter ce lieu où tout est mis en œuvre pour vous ouvrir à la spiritualité.

>PLUS D’INFORMATIONS
Abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard
CD 714 – 27380 Radepont
Tél. : 06 86 08 04 67
Visites : ouvert d’avril à fin octobre.
Plein tarif : 7 euros, pour la visite libre de l’abbaye et des quatre jardins monastiques animés de sculptures.
Site : www.abbayefontaineguerard.fr









