Après une année 2023 terminée en fanfare sur un gain de plus de 16 %, le Cac 40 a pour la première fois de son histoire franchi le seuil symbolique des
8 000 points en mars. Les valeurs françaises ont depuis montré quelques hésitations à poursuivre leur ascension.
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L’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, a enchaîné les records depuis le début de l’année, inscrivant un plus haut historique de 8 253 points fin mars, porté par les perspectives de baisse des taux d’intérêt de la BCE.

En publiant ses perspectives sur un retour de l’inflation à 2 % en 2025 et une baisse des prévisions de croissance en zone euro en 2024, la BCE a donné l’impulsion suffisante pour que l’indice phare de la Bourse de Paris atteigne ce sommet.

Cette envolée est loin de se résumer à un brusque accès de fièvre et à la volatilité débridée des marchés actions.

Elle s’inscrit dans une tendance haussière profonde des valeurs françaises.

De multiples études confirment la bonne tenue de la Bourse de Paris sur la durée.

Les placements en actions françaises ont ainsi été le meilleur investissement
sur les 40 dernières années, selon l’IEIF. Entre 1983 et 2023, l’argent placé sur les entreprises cotées en France a rapporté en moyenne 12,4 % par an, en prenant en compte le réinvestissement des dividendes versés, indique l’institut, prenant comme référence 203 des plus grosses entreprises cotées en France, dont celles du CAC 40.

Les 9 000 points en ligne de mire

Mais pour les investisseurs, il y a peu d’intérêt à regarder dans le rétroviseur.

La question est plutôt la suivante : après avoir dépassé la barre des 8 000 points, quand le CAC 40 atteindra-t-il celle des 9 000 points ?

Globalement, les analyses estiment que cette éventualité est peu probable dans les prochaines semaines. Dans un futur pas si lointain, cette heureuse perspective est toutefois loin d’être exclue.

Cet objectif est atteignable l’an prochain pour le consensus du marché, sans doute au premier semestre, voire à la fin de l’année. 

Toutefois, plusieurs conditions doivent être remplies : il faudra que la reprise économique se matérialise au second semestre, mais également qu’une baisse modérée à la fois des taux courts et des taux longs intervienne.

Dans le détail, tant que l’appétit pour la croissance l’emportera sur la crainte de l’inflation, les actifs risqués devraient continuer à bien se porter.

La confiance des investisseurs dans les banques centrales semble solide pour l’instant,
car les craintes d’une récession déclenchée par le resserrement monétaire se sont dissipées.

Bien que la dernière ligne droite pour ramener l’inflation à son niveau cible reste une préoccupation, les banques centrales seront soulagées de voir les rendements réels augmenter et l’environnement de croissance favorable qui leur donne plus de temps pour maintenir une politique restrictive.

Enfin, la progression des indices devra être plus homogène, c’est-à-dire soutenue par un plus grand nombre de valeurs.

En effet, le mouvement de hausse récent s’explique uniquement par la progression d’une dizaine de très grandes valeurs, alors que le reste du marché n’a pas fait grand-chose.

Un ratio cours-bénéfice attractif

Comme toujours, les investisseurs devront redoubler de vigilance et être sélectifs.

Toutes les valeurs françaises, même dans un marché haussier, ne seront pas forcément
à la fête.

La saison des résultats concernant les comptes du quatrième trimestre a montré que la croissance des bénéfices s’est avérée négative en Europe, contrairement aux États-Unis.

Les secteurs associés aux matières premières ont plombé les résultats et les secteurs cycliques ont également souffert, avec une croissance négative des bénéfices pour l’industrie, les matériaux et la consommation discrétionnaire.

Pour les douze prochains mois, le consensus des analystes table désormais sur une progression de 5 %.

L’énergie et l’immobilier tirent notamment les prévisions de bénéfices vers le bas,
tandis que les matériaux, l’industrie et la santé figurent parmi les secteurs qui devraient enregistrer les meilleures performances dans l’année à venir.

Même en tenant compte de cette croissance modérée des bénéfices, les actions européennes restent relativement attractives.

De fait, le ratio cours-bénéfices à 12 mois se situe en dessous de 13, dans le bas de sa fourchette historique.

Les actions prometteuses

Les analystes de Morningstar ont ainsi identifié 10 actions de qualité, c’est-à-dire des entreprises qui disposent d’un rempart concurrentiel moyen ou étendu, et qui se traitent avec une décote de plus de 20 % par rapport à l’estimation de juste valeur des analystes actions.

Parmi les sociétés les plus sous-évaluées se trouvent des entreprises dont les performances financières ont récemment déçu – Kering, Ubisoft, Alstom, Rémy Cointreau – ou pour lesquelles les investisseurs s’interrogent sur le potentiel de progression des profits sur le moyen/long terme – Amundi, Bureau Veritas, Eurofins Scientific, STMicroelectronics.

Toutes ces entreprises détiennent des actifs de qualité et jouent un rôle de premier plan dans leur industrie respective.

Elles devraient être en mesure de générer une rentabilité du capital supérieur au coût de leurs ressources sur le long terme.

L’attention des analystes se porte également aujourd’hui sur des valeurs comme Air Liquide, Endered et Sanofi.

Les analystes de Jefferies ont par ailleurs intégré dans leur sélection de 28 valeurs européennes pour 2024, cinq françaises.

Dans sa « Stock Picks » apparaît L’Oréal, malgré des résultats en retrait. Mais si la banque d’investissement américaine table sur une consolidation du leader mondial des cosmétiques, elle y voit également une opportunité pour revenir à l’achat à bon compte sur le titre. UBS reste pour sa part positif sur le groupe Vinci.

Un environnement macroéconomique encore incertain

L’environnement économique et financier mondial reste toutefois mouvementé.

Une reprise de la croissance dans la zone euro et en France est loin d’être assurée au second semestre.

La géopolitique mondiale demeure par ailleurs pour le moins incertaine, à la fois en Ukraine et au Proche-Orient, sans même évoquer les tensions croissantes entre la Chine et Taïwan.

Pour les investisseurs, l’objectif est dans tous les cas d’adopter des stratégies gagnantes en bourse, même dans un environnement peu porteur, pour protéger leurs portefeuilles.

Ils peuvent en l’occurrence se tourner vers les valeurs défensives.

Une valeur défensive en bourse fait référence à une société dont l’activité et les performances financières sont peu affectées par les fluctuations économiques.

Ce sont des valeurs « qui ne connaissent pas la crise » et qui restent solides en période de surchauffe et de récession.

Elles sont également qualifiées de valeurs « refuges » ou encore de « bon père de famille » permettent de défendre votre portefeuille et de le protéger contre une mauvaise situation économique qui affecterait les marchés financiers.

Les valeurs sont dites défensives par opposition aux valeurs cycliques qui sont très fortement liées à l’activité économique et à la conjoncture.

Les actions défensives sont dans les secteurs d’activité les moins sensibles à une baisse de consommation des ménages comme les services de base, le secteur agroalimentaire, la grande distribution, les biens de consommation et le secteur pharmaceutique.

 

La santé et les valeurs à dividende en cas de consolidation

Dans le contexte actuel, les analystes affichent plus particulièrement une note positive pour le secteur défensif de la santé.

Il bénéficie de plusieurs atouts, dont une bonne visibilité, de l’impact positif de la hausse des activités de fusions et acquisitions et des valorisations attrayantes dans une période de ralentissement de la croissance économique.

Le secteur de la consommation courante, en privilégiant l’alimentation et les boissons ainsi que les produits d’entretien et de soins personnels, offre aussi des valorisations raisonnables et pourrait bénéficier du recul des inquiétudes entourant le GLP-1 et de la stabilisation des taux à long terme.

Parmi les valeurs susceptibles de résister en cas de consolidation du marché, les actions à dividendes sont également à surveiller.

Elles combinent des bilans sains et des rendements élevés qui peuvent fournir aux investisseurs des revenus réguliers, les protéger contre les baisses du marché et faire fructifier leurs investissements à un rythme soutenu.

La société française de métallurgie et d’exploitation minière Eramet a notamment progressé de 29,7 % en avril et de 7,7 % au cours des 12 derniers mois.

À 91,35 euros par action, son action a un rendement à terme de 1,64 % et un dividende annuel de 3,50 euros par action.

En ce moment, d’autres valeurs à dividendes se distinguent également comme la foncière Mercialys, spécialisée dans la détention de centres commerciaux.

Au cours de bourse de l’action Mercialys à 10,44 euros, son rendement était par exemple de 9,20 %.

Le dividende Mercialys 2023 de était de 0,96 euros.

Avec un cours de 15,78 euros, l’énergéticien Engie affichait pour sa part un rendement de 8,88 % et son dividende 2023 était de 1,40 euros.

Autre valeur à dividende méritant de s’y intéresser, le Crédit Agricole. Le groupe bancaire a délivré un dividende de 1,05 euros en 2023.

Pour les investisseurs prudents com-me offensifs, la cote française offre une grande profondeur permettant ainsi de mettre en œuvre des stratégies défensives comme agressives, propres à répondre à toutes les évolutions de marché en cette fin
d’année 2024.