Plus d’un an après son lancement, le plan d’épargne retraite a séduit les Français. Si, pour préparer la retraite, le PER remplace avantageusement l’assurance-vie, sa vocation n’est pas de la supplanter. Plus restrictif en matière de déblocage de l’épargne avant la retraite, le PER ne vise pas à financer des achats du quotidien tels qu’une voiture… ou les études des enfants. Dans le détail, Patrimoine Privé vous présente les atouts du PER et de l’assurance-vie.

 

Plébiscité par les Français depuis son lancement en octobre 2019, le nouveau PER a vocation à rendre l’épargne retraite plus accessible. Successeur désigné du Perp, Madelin, Perco et article 83, ce nouveau produit a l’avantage par rapport à ses prédécesseurs de permettre une sortie à 100 % en capital à la retraite et non plus seulement en rente.

Mais ce n’est pas tout. Le PER offre la possibilité de récupérer son argent à tout moment pour acheter sa résidence principale. Cerise sur le gâteau, les sommes versées sur le PER restent défiscalisées. Sans avoir rien perdu des atouts des anciens dispositifs « retraite »,
le nouveau PER bénéficie d’une flexibilité et d’une souplesse d’utilisation accrues.

Ces avancées n’ont pas échappé aux Français. Le bilan de cette première année d’existence se révèle plutôt flatteur. En 2020, le PER a totalisé un peu plus de 1 million d’assurés pour 10,8 milliards d’euros de provisions mathématiques, dont la moitié correspondent à des unités de compte, selon les statistiques à fin décembre 2020 de la Fédération française de l’assurance. « Après 15 mois de commercialisation, les cotisations en PER individuel étaient ainsi près de trois fois supérieures à celles du Perp (produit le plus comparable), malgré la crise inédite par sa nature et son ampleur qui a frappé l’année 2020 » précise la FFA.

 

Le régime des retraites déficitaire jusqu’en 2030

Le nouveau dispositif d’épargne retraite dessiné dans le cadre de la loi Pacte se décline en réalité sous trois formes : le PER individuel qui remplace l’ex-Perp et l’ex-Madelin ; le PER d’entreprise collectif en lieu et place de ex-Perco, qui avait été mis en place dans quelques entreprises mais sans aucune obligation d’adhésion des salariés ; le PER d’entreprise obligatoire, venant succéder à l’ex-article 83.

Mais à ce stade, le PER individuel – aussi appelé le PERin – constitue la véritable figure de proue de cette nouvelle génération d’épargne retraite. Et les raisons de souscrire un plan d’épargne retraite individuel ne manquent pas. Bonne ou mauvaise (le débat devrait continuer de diviser dans les prochains mois), la réforme Macron des retraites a été suspendue à la mi-mars 2020 en raison de la crise sanitaire du coronavirus et laisse un système des retraites à bout de souffle.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) chiffre son déficit à 23,5 milliards d’euros en 2020 et ne pronostique un retour à l’équilibre qu’au milieu des années 2030 au plus tôt. Autant dire que tout un chacun doit se préoccuper personnellement et dès à présent de sa vie post-salariat… Les pensions versées par les régimes de retraite obligatoires et complémentaires ne permettront pas de combler l’écart de revenus qui va s’accroître au cours des prochaines années. Se constituer le plus tôt possible une épargne retraite supplémentaire reste donc une nécessité.

 

Le PER comme complément de retraite

Le PER individuel, permettant de se constituer un capital retraite, est donc une solution incontournable pour bien préparer la fin de sa carrière professionnelle. Une fois à la retraite, il permettra de bénéficier, en plus des pensions versées par les régimes obligatoires et complémentaires, d’un complément de retraite plus ou moins important. L’idéal pour contribuer à maintenir son niveau de vie.

Par ailleurs, les cas de déblocage anticipé avec le PER individuel, contrairement aux anciens contrats retraite, dont le Perp, vont au-delà de l’achat de sa résidence principale. L’épargne peut aussi être débloquée en cas d’accident ou d’aléas de la vie, comme l’invalidité de l’assuré ou de celle de son époux ou épouse, de son partenaire de Pacs ou de ses enfants. Mais aussi en cas de décès de l’époux, de l’expiration des droits aux allocations chômage, de surendettement ou encore la cessation de votre activité non-salariée pour cause de jugement de liquidation judiciaire.

Mieux que l’assurance-vie

Le danger serait toutefois d’assimiler les produits d’épargne retraite à de simples solutions d’épargne, comme l’assurance-vie. Préparer sa retraite impose de s’inscrire dans le temps long et une discipline de fer. Avec l’assurance-vie, le danger – compte tenu de la facilité à opérer des rachats partiels – est d’arriver à la fin de sa vie professionnelle avec une épargne retraite réduite à sa portion congrue, voire nulle.

Au fil des ans, le capital aura été ponctionné pour l’achat d’une automobile, le financement des études des enfants…, des raisons tout à fait légitimes, mais qui sont antinomiques avec la constitution d’une épargne retraite. Pour cela, l’idéal est d’utiliser non pas le « couteau suisse » de l’assurance-vie, aux multiples usages, mais un véhicule dédié, le PER.

Fiscalement, le PER affiche en outre comme tout bon produit d’épargne retraite une carotte fiscale. Les versements bénéficient d’une remise, synonyme de réduction de l’assiette d’imposition des revenus  : les sommes que vous versez sur votre PER individuel en cours d’année sont déductibles de votre revenu imposable de cette même année.

Toutefois, un plafond de déductibilité des versements est fixé pour chaque membre de votre foyer fiscal. Si ce plafond est atteint certaines années, il est possible de reporter la différence aux années suivantes.

Sortie en rente ou capital ?

Pour les tranches d’imposition les plus élevées, les réductions d’impôt obtenues sur les versements peuvent atteindre les 45 %. Le PER n’est toutefois pas destiné exclusivement aux plus riches, dont la tranche marginale d’imposition dépasse les 30 %. Le souscripteur a de fait la possibilité d’opter non pas pour une remise d’impôts sur les versements effectués durant la phase de constitution de son épargne mais un avantage fiscal lors de son déblocage.

Le bénéfice fiscal intervient dès lors à la sortie et non pas à l’entrée dans le cadre des versements. Et il n’est pas illusoire d’espérer qu’un épargnant peu ou pas imposable au début de sa carrière professionnelle le soit devenu à l’approche de la retraite.

Le bénéfice fiscal sera néanmoins variable en fonction du type de sortie : en rente ou en capital.

Dans le cas de la rente, les sommes sont imposées au barème de l’impôt sur le revenu après un abattement variable selon votre âge au moment de transformation. En choisissant une sortie en capital, ce dernier est purement et simplement exempté d’impôt sur le revenu, une option particulièrement avantageuse d’autant que le PER permet une sortie à 100 % en capital, ce que ne proposait pas son prédécesseur, le plan d’épargne retraite populaire (Perp), qui limitait cette faculté à seulement 20 % du capital.

Tous les PER ne se valent pas

Mais un PER ne se résume pas à une enveloppe fiscale. C’est avant tout un placement.
Sa performance, mais aussi sa souplesse d’utilisation et les garanties apportées doivent dicter votre choix. Chaque PER, selon l’établissement financier où il est souscrit, a des qualités (ou des défauts) intrinsèques. Au moment de faire son choix, comme pour l’assurance-vie, comparer les offres du marché constitue un passage obligé.

Les frais supportés par un contrat doivent être scrutés, d’autant qu’ils sont multiples et peuvent rapidement s’accumuler. Entre frais d’entrée, frais de gestion, frais d’arbitrage ou encore frais sur les arrérages des rentes et frais de transfert… l’addition peut vite grimper. Les frais d’entrée peuvent en particulier faire le grand écart.

Autour de 2,5 % dans les grands établissements financiers, ils peuvent s’envoler jusqu’à 5 %. Jeter un œil du côté des distributeurs en ligne peut engendrer des économies substantielles, certains contrats n’affichant aucun droit d’entrée.

Les frais de gestion sur les unités de compte oscillent pour leur part entre 0,5 % et 1 % par an. Attention toutefois aux supports comportant des frais internes et des frais d’arbitrage pour passer d’un support à un autre, parfois gourmands. Dans le cas de la sortie en rente, les frais sur les arrérages, prélevés lors du versement de chaque rente, sont aussi à surveiller, d’autant qu’ils sont nuls chez certains assureurs.

À chaque profil d’investisseur, son PER

Toujours comme avec l’assurance-vie, la qualité des supports proposés au sein d’un contrat constitue un critère de choix fondamental. Car avant d’avoir une fiscalité avantageuse et des frais réduits, l’essentiel est de pouvoir générer de la performance.

En fonction de votre profil d’investisseur et de vos objectifs, le niveau plus ou moins risqué des supports devra être analysé. Pour un investisseur fuyant le risque, il faudra se demander si le contrat propose un fonds en euros performant . Pour dégager de solides performances, un large panel d’unités de compte sera conseillé…

Certains PER permettent par ailleurs d’accéder au Private Equity, c’est-à-dire l’investissement dans le non-coté, via des fonds communs de placement à risque (FCPR), potentiellement générateurs de performances élevées. Entre les fonds en euros et les placements en actions, les SCPI peuvent constituer un levier de diversification…

En résumé, si l’assurance-vie et le PER affichent des similitudes, l’assurance-vie ne doit pas être considérée comme un produit d’épargne retraite contrairement au PER. Les deux produits sont en réalité complémentaires.

L’assurance-vie est destinée à faire face aux coups durs, au financement des études supérieures des enfants, transmettre un capital financier à moindres frais et accessoirement pour les plus disciplinés se constituer un capital pour la retraite.

Le PER individuel sera pour sa part l’assurance de disposer d’une épargne pour conserver son niveau de vie à l’arrêt de sa vie professionnelle.


Que faire des anciens produits d’épargne retraite ?

Remplacés par le nouveau PER, les anciens produits d’épargne retraite (Perp, Madelin, Perco, article 83) ne sont plus commercialisés depuis le 1er octobre 2020. Depuis, il n’est donc plus possible d’y souscrire.
Mais leurs détenteurs ne sont pas obligés de les clôturer et peuvent toujours verser de l’argent dessus. Et comme rien n’interdit d’ouvrir plusieurs PER, rien n’empêche parallèlement de souscrire un PER nouvelle formule.
L’autre solution est de transférer les anciens Perp, Madelin, Perco et article 83 vers un nouveau PER. Cette possibilité vaut non seulement pour les anciens produits d’épargne retraite individuels (Perp et Madelin) mais aussi pour les produits d’entreprise.
Ainsi, les ex-Perco et ex-Percol sont transférables, même si vous êtes encore dans l’entreprise.
Seule limite à respecter, un seul transfert est accepté tous les trois ans. En revanche, pour les ex-article 83 ou ex-Percat, les transferts seront uniquement acceptés lors du départ de l’entreprise.