Une sortie de crise est en vue pour l’économie française. La France peut espérer un rebond de son PIB allant jusqu’à 6 %, soit mieux que la zone euro. Si ce scénario est globalement favorable pour la Bourse de Paris, toutes les valeurs n’offriront pas le même potentiel de gains. Voici les secteurs et les entreprises à privilégier.

Banque de France, FMI…, les grands experts affichent leur optimiste concernant la croissance française en 2021. La hausse du PIB dépassera les 5 %.

Le Fonds monétaire international table même sur un rebond de l’économie hexagonale de 5,8 % en 2021, contre 4,4 % dans la zone euro et 3,6 % en Allemagne. De son côté,
la Banque de France anticipe une croissance de 5,5 % sur l’ensemble de l’année, si le déconfinement du pays se confirme et la vaccination s’étend. La France devrait ainsi retrouver son niveau de croissance pré-pandémique en 2022, avec une croissance du PIB de 4,2 %. Signe de cette embellie naissante, le PIB français a progressé de 0,4 % au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, selon l’Insee.

Dans le même temps, les autres grandes économies européennes ont broyé du noir, avec un recul de l’activité de 1,7 % en Allemagne, de 0,5 % en Espagne et de 0,4 % en Italie.
Et dans son ensemble, la zone euro se contracte de 0,6 %.

 

Une croissance française en convalescence

La reprise de l’économie française vient notamment du léger redressement de la consommation des ménages, en hausse de 0,3 % au premier trimestre, et de l’investissement des entreprises qui a accéléré en début d’année, grâce notamment aux aides de l’État. Du côté de la production, de fortes disparités sectorielles persistent. L’activité est surtout tirée par la construction (+4,2 %), tandis que la production de biens est repartie à la baisse. Mais depuis le début d’année, les entreprises françaises subissent, comme l’ensemble de la planète, des problèmes de fret maritime, les pénuries de matières premières et de semi-conducteurs en particulier dans l’automobile. Conséquence, de fortes disparités sectorielles prévalent.

Les services marchands demeurent en outre pénalisés par les restrictions liées à la crise sanitaire.

Les motifs d’espoirs pour l’avenir sont néanmoins bien réels. La France dispose d’atouts. Les 110 milliards d’épargne accumulés par les Français en 2020 ont toutes les chances de venir gonfler la consommation des ménages et le PIB français, dès la fin annoncée des restrictions sanitaires : couvre-feu, fermeture des grands centres commerciaux, des restaurants, des lieux culturels…

Mais la situation n’est pas totalement idyllique. Les exportations françaises poursuivent leur repli. Le commerce extérieur a contribué négativement à la croissance du PIB de – 0,4 point au premier trimestre 2021. Moins optimiste que le FMI et la Banque de France, l’Insee anticipe d’ailleurs une croissance du PIB français de 4,1 % en 2021.

Un environnement mondial porteur

La France va bénéficier d’une croissance mondiale attendue autour de 6 % pour 2021, dépassant sensiblement les standards européens de l’année. Aux États-Unis, où la vaccination bat son plein, le PIB devrait dès cette année retrouver un niveau supérieur à celui prévalant avant la crise sanitaire, tout comme la Chine. Outre-Atlantique, la croissance s’élèvera à 6,4 % en 2021, du jamais vu depuis les années 80, après une chute de 3,3 % en 2020. L’économie américaine bénéficiera en particulier du plan de relance de Joe Biden.

Deuxième puissance économique mondiale, la Chine vise un objectif de croissance d’au moins 6 % cette année. De fortes exportations combinées à une solide amélioration de la consommation intérioriseront les principaux moteurs pour la croissance chinoise ces prochains mois.

Les économistes se montrent encore plus optimistes que Pékin, le FMI tablant par exemple sur une hausse de 8,4 % du PIB de l’Empire du Milieu.

Pour les investisseurs, les perspectives de croissance mondiale sont clairement redevenues positives avec la diffusion des vaccins à l’échelle mondiale, qui permettront une immunité collective. Si le variant indien ne réserve pas de mauvaise surprise, une reprise en V constitue le scénario privilégié par les 225 gestionnaires de FCP interrogés par Bank of America.

 

Attention aux valorisations

Ce rebond de l’activité économique mondial n’a pas échappé aux marchés actions. Après une chute de 40 % entre le 24 février et le 16 mars 2020 et un recul de finalement 7,2 % sur l’ensemble de l’année, le Cac 40 a repris de l’altitude en 2021. Malgré les inconnues persistantes concernant la crise sanitaire, l’indice phare de la place de Paris gagne plus de 10 %, oscillant entre 6 300 et 6 500 points depuis le début de l’année. Si l’épidémie joue les prolongations avec de nouveaux variants, la reprise économique risque d’être quelque peu retardée, mais le rebond de la consommation et de l’investissement est factuel et n’en sortira que renforcé.

Les investisseurs à la Bourse de Paris n’ont ainsi pas à rougir face à leurs homologues internationaux. Les valeurs françaises disposent de solides atouts. Air Liquide, Schneider Electric et Legrand sont par exemple bien placées pour bénéficier de la reprise économique mondiale. Ces groupes profitent non seulement de leurs capacités d’innovation, mais sont aussi portés par la révolution environnementale. Leurs cours ont d’ailleurs d’ores et déjà renoué avec leurs plus hauts historiques.

Mais acheter des valeurs à leur plus haut ne constitue pas forcément une stratégie gagnante en Bourse. L’idéal est de profiter d’une décote, autrement dit d’une « ristourne » dans le langage commun. Toute phase de correction boursière à court terme sera ainsi à considérer comme une opportunité pour renforcer ses positions. La montée des craintes inflationnistes pourrait jouer ce rôle providentiel pour investir à prix avantageux dans la reprise économique annoncée.

Les cycliques pour jouer la reprise

Fort de ce constat, les valeurs technologiques sont actuellement à sélectionner avec discernement. Après avoir flambé durant la crise, la tech souffre de valorisations parfois jugées excessives. Le fabricant américain de voitures électriques Tesla se paie par exemple plus de 900 fois ses bénéfices de 2020, contre un peu plus de 10 fois pour le constructeur automobile français Stellantis, né début 2021 de la fusion du groupe PSA et de Fiat Chrysler Automobiles.

Avec le redémarrage de l’économie, les valeurs cycliques figurent naturellement dans les cibles à mettre en portefeuille. Délaissées durant la pandémie, voire ces dernières années, leur potentiel de rebond est réel et surpasse désormais celui des valeurs défensives,
le monde ayant changé de paradigme avec la montée en puissance des vaccins.

Par définition, les résultats des valeurs cycliques grimpent plus vite que la croissance du PIB. Et pour rappel, des niveaux de 5 % à 6 % sont attendus.

Au-delà d’Air Liquide, Schneider Electric et Legrand, la liste des valeurs dignes d’intérêt est peut être à compléter par Saint-Gobain, Spie ou encore Eiffage. Plus généralement,
les secteurs de la sidérurgie, de la construction, des infrastructures, de l’automobile,
de l’industrie pétrolière… sont des cœurs de cible.

Pas question néanmoins d’acheter ces titres aveuglément pour leur seul « label » de valeur cyclique. Les fondamentaux tels que la qualité de la stratégie, les actifs, la solidité financière, l’endettement, la capacité d’investir et de gagner des parts de marché sont aussi à scruter.

 

La tech et l’environnement toujours au top

Massacrées durant la pandémie, les banques vont également être portées par la reprise. Compte tenu de leur qualité intrinsèque et de leur valorisation, des valeurs comme BNP Paribas et Société Générale ont toute leur place dans un portefeuille.

L’erreur à ne pas commettre serait de se focaliser sur la valorisation et de délaisser des entreprises affichant des années de croissance sans faille et toujours promises à un bel avenir. L’industrie du luxe français à l’image de LVMH dispose toujours de solides atouts, notamment à travers son exposition à l’international.

Les valeurs technologiques, grandes gagnantes de 2020 avec la montée en puissance du digital dans les entreprises et les foyers, restent aussi promises à un bel avenir. Le taux d’équipement des agents économiques est loin d’être arrivé à saturation. La tech française englobe des entreprises renommées comme Soitec, STMicroelectronics, Worldline, Ingenico ou Nacon… pour les plus connues.

L’écologie et l’environnement sont les autres thématiques avec le vent en poupe dans les prochaines années, voire les prochaines décennies. Au-delà des poids lourds du secteur, tels que Veolia, Engie ou EDF, les producteurs d’énergie propre, aussi appelés cleantech, ont une carte à jouer. Parmi ces jeunes pousses françaises, les valeurs prometteuses se nomment Neoen, Albioma ou Mcphy Energy.

Les petites capi plus performantes du Cac 40

Miser sur les petites valeurs appelées à grandir constitue une stratégie souvent bien plus payante que d’investir sur les seules grandes capitalisations figurant au Cac 40. Ne pas se cantonner aux « blue ships » permet en outre d’accéder à un éventail d’entreprises et de secteur d’activité plus large, avec à la clé une diversification accrue, voire des performances décuplées.

L’exemple de la santé est à ce titre éloquent. Si Sanofi est une très belle valeur pharmaceutique française, Sartorius Stedim Biotech, spécialisé dans les équipements et de consommables pour la fabrication de médicaments biologiques, a su jouer un rôle clé dans le contexte de la pandémie, en fournissant aux laboratoires des équipements pour la fabrication des vaccins contre le Covid-19.

Pour pleinement jouer les petites valeurs françaises, le champ des sociétés non cotées doit également être exploré. Mais attention. Avec le private equity, un investisseur doit accepter une bonne dose de risque, sans compter que le compartiment du non coté a abondamment été abreuvé ces dernières années de liquidités via la gestion passive. La valorisation des fonds de private equity peut ainsi être moins attractive que celle des fonds investis dans des PME cotées.

Dans tous les cas, la France recèle des pépites dans chacun des secteurs d’activité.
Ces valeurs ont toute leur place dans un portefeuille, avec la capacité de délivrer des performances comparables à leurs grands concurrents internationaux pour des valorisations souvent plus attractives.