Des plus jeunes aux plus âgés, les Français sont dans l’incertitude pour leur retraite. Les réformes successives du régime par répartition sont inopérantes. Malgré l’allongement programmé de l’âge légal du départ à la retraite, les prochaines générations ne pourront pas prétendre aux niveaux des pensions actuelles.
Dans ces conditions, mieux vaut anticiper et se constituer soi-même un pécule pour espérer couler de vieux jours paisibles. Voici les pistes à suivre et les conseils de professionnels !

 

Avec l’allongement régulier de la durée de vie d’environ un trimestre par an et le déséquilibre croissant du nombre d’actifs cotisants par rapport à celui des retraités pensionnés, les finances des caisses de retraite se dégradent invariablement. Le régime par répartition a de plus en plus de mal à tenir le choc. Signe de cette fébrilité, les réformes se succèdent et, à peine votées, en appellent de nouvelles pour tenter de maintenir à flot l’édifice. Difficile dans ces conditions de croire que les futurs retraités pourront bénéficier des niveaux de pensions actuels.

Autre signe d’inquiétude, le plan d’économies de 50 milliards d’euros d’ici à 2017 annoncé par le gouvernement pour redresser les finances publiques de la France pourrait passer par la désindexation provisoire des retraites. L’exécutif réfléchirait à fixer leur progression à 1 point de moins que l’inflation. Cette mesure devrait être mise en œuvre l’année prochaine et pour seulement un an. Mais le provisoire a parfois tendance à s’éterniser dans l’Hexagone. Pour le moment rien n’est inscrit dans le marbre. Les retraités actuels et futurs ont toutefois quelques cheveux blancs supplémentaires à se faire.

Se constituer un complément de retraite par ses propres moyens est donc devenu indispensable. C’est un impératif d’autant que, même aujourd’hui, l’écart entre le salaire net d’un cadre et sa future pension est pour le moins conséquent. Un cadre moyen de 55 ans bénéficiant d’une rémunération nette mensuelle de 3 000 euros obtiendra ainsi une pension de l’ordre de 53 % de son revenu, soit environ 1 500 euros. Ce taux dit « de remplacement » fond en outre comme neige au soleil plus les salaires sont élevés. Il chute ainsi autour de 32 % pour les cadres supérieurs.

 

Préparer sa retraite le plus tôt possible

Pour sécuriser son niveau de vie et ne pas rester tributaire de la dégradation constante des régimes légaux de retraite, il conviendra de se prendre en main et de se constituer un pécule. Pour bien préparer sa retraite, il est conseillé de commencer par analyser son patrimoine, d’en identifier les principaux actifs, leur vocation et leurs rendements. Ensuite, il est essentiel de chercher à le diversifier en privilégiant des placements à moyen et long terme dans l’optique de ses vieux jours.

La retraite ne doit par ailleurs pas se préparer sur le tard. À 55 ans, les chances de se construire un supplément de revenus est quelque peu illusoire. Il est préférable de se fixer un horizon de placement de 25 à 30 ans. Par ailleurs, le risque en commençant à préparer sa retraite à seulement la cinquantaine venue est de se télescoper avec d’autres dépenses… C’est généralement l’âge où les enfants entreprennent des études supérieures qui mobilisent une grande partie des capacités d’épargne.

Il faut donc être un peu fourmi, sinon les lendemains pourraient s’avérer moins chantants. Il est globalement estimé que pour obtenir une rente de 1 000 euros par mois à partir de 65 ans, si l’effort d’épargne commence à 55 ans, il doit être de 1 200 euros par mois, alors qu’il ne sera que de 360 euros par mois pour un épargnant qui a 40 ans. Il peut être ainsi divisé par quatre en s’y prenant tôt.

 

Être propriétaire de son logement

Si se préparer le plus tôt possible à la retraite est une sage option, se décharger de tout crédit immobilier est également une bonne piste. Il est donc vivement conseillé de devenir propriétaire de sa résidence principale. Cela permet en outre d’être en possession d’un capital souvent non négligeable pour ses vieux jours. La très grande majorité des Français considère ainsi que la possession de la résidence principale constitue une voie obligée en matière de préparation financière de la retraite : 75 % d’entre eux arrêtant de travailler pour toucher leurs pensions sont de fait propriétaires de leur résidence principale.

Au-delà de la résidence principale, l’immobilier peut également servir à se constituer une rente. Le plus efficace pour se préparer à la retraite est d’investir dans l’immobilier locatif car il permet de se constituer un capital avec un effort d’épargne réduit. Au-delà du fait que les taux de crédit sont actuellement particulièrement alléchants, les loyers perçus peuvent être utilisés pour rembourser le crédit. Autre avantage, tous les produits issus de l’immobilier sont indexés sur la tendance de l’inflation. Les loyers des logements sont réévalués en fonction de l’IRL, les baux commerciaux en fonction de l’indice du coût de la construction… C’est fondamental pour se protéger contre le risque de résurgence à moyen-long terme de tensions inflationnistes.

Mais entre l’immobilier d’habitation, commercial, la pierre-papier ou encore la location en meublé, tous ces placements ne se valent pas. Les rendements affichés par les appartements parisiens plafonnent à un ridicule 3 % brut. Se reporter sur les commerces ou bureaux demande une certaine connaissance du droit commercial. Les SCPI sont plus conseillées pour un investisseur particulier, même si leur âge d’or est peut-être passé. Il conviendra d’être sélectif. Certains professionnels conseillent l’immobilier meublé et géré, qu’il s’agisse de résidences pour des retraités, pour des étudiants ou de tourisme. Sans s’occuper de la gestion, on a l’assurance de disposer de locataires fiables pour une période d’au moins 10 ans. La rentabilité oscille entre 4 % et 5 % nette de charges.

 

L’assurance-vie reste plébiscitée

Avec l’immobilier, l’assurance-vie offre d’excellentes opportunités pour se bâtir une retraite. Mais si cette enveloppe est intéressante d’un point de vue fiscal et pour transmettre un patrimoine, il convient de ne pas se cantonner aux fonds en euros au regard de la faiblesse de leur rentabilité actuelle. La retraite permet justement de se placer dans une optique de long terme pour espérer bénéficier d’un surcroît de rémunération. Il faut ainsi mettre une dose d’unités de compte (UC), autrement dit d’actions, dans son assurance-vie.

Pour dynamiser son épargne, l’assurance-vie est de fait un placement pertinent. Elle apporte aux souscripteurs une grande indépendance et liberté d’investissement, avec une large palette de fonds disponibles, sur le plan sectoriel, géographique… Pour minimiser le risque, il existe en outre des systèmes de gestion automatique, d’écrêtage, de stop & loss… dont l’avantage est de sécuriser les plus-values. Pas question de tomber dans le travers des retraités américains qui ont perdu tout ou partie de leurs économies avec la crise de 2007 et ont dû repartir sur le marché du travail. Les plus-values sont placées au fur et à mesure sur un fonds en euros, dont le capital est lui garanti.
Avant de souscrire une assurance-vie, il est ainsi important de comparer les OPCVM disponibles dans son contrat et les différents types de gestion proposés. Il est également conseillé de disposer de fonds de différentes sociétés de gestion, des fonds de fonds ou de fonds multigérants, qui permettent de doper la performance de votre assurance-vie. Les univers d’investissement sont globalement très larges, dépassant le seul cadre des actions françaises ou européennes, contrairement au PEA. Il est ainsi facile d’investir dans les sociétés des pays émergents, dont la croissance devrait sur le long terme demeurer solide même si la période actuelle est plus délicate. Avec les fonds de fonds…, il convient toutefois de surveiller les frais de gestion. Ils peuvent absorber une bonne partie de la performance.

Mais l’avantage de l’assurance-vie réside également dans sa grande flexibilité. Votre capital reste toujours disponible. Vous pourrez palier au moindre imprévu en effectuant par exemple un retrait partiel de votre contrat. Si vous prévoyez ou effectuez un retrait au bout de 4 ans, le taux d’imposition sur les plus-values est plus avantageux avec l’assurance-vie que celui appliqué sur un compte-titres classique. L’avantage fiscal maximal est toutefois obtenu après 8 ans. Les plus-values sont alors exonérées dans la limite de 4 600 euros pour les contribuables célibataires, veufs ou divorcés et 9 200 euros pour les couples mariés.

 

Le Perp taillé sur mesure pour la retraite

Pour préparer sa retraite, il existe par ailleurs des produits dédiés comme le Perp ou encore le Perco. Ces produits viennent utilement compléter l’arsenal d’un futur retraité, avec la particularité pour le Perp de ne proposer que la sortie en rente.

Parfois dépeint comme un inconvénient, les sommes versées sur un Perp sont totalement bloquées pour leur souscripteur qui ne peut pas librement récupérer son épargne sauf cas de force majeure comme le chômage, contrairement à l’assurance-vie. L’épargne n’est en fait disponible qu’à partir de la cessation de son activité professionnelle. Cela peut également être un atout. Quoiqu’il arrive, cette épargne est bloquée pour vos vieux jours, à l’abri de se voir dépensée sur un coup de tête pour partir en vacances…
Le Perp reste toutefois avantageux avant tout pour les foyers fiscaux assujettis à une tranche marginale d’imposition élevée.

En outre, si des avantages fiscaux existent à l’entrée, la sortie se faisant uniquement sous la forme d’une rente viagère, elle sera soumise à l’impôt sur le revenu. D’où la nécessité de disposer également d’une assurance-vie traditionnelle dans le cadre de la préparation de sa retraite.

Les fonctionnaires ou les travailleurs indépendants bénéficient aussi de dispositifs fiscaux pour se constituer une retraite complémentaire, avec respectivement la Préfon et la loi Madelin. Ces produits donnent lieu à des déductions fiscales importantes à l’entrée. Pour les salariés dont l’entreprise propose de l’épargne salariale, il est conseillé d’ouvrir un plan d’épargne entreprise (PEE) et/ou un plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco). Ces produits sont intéressants car ils peuvent être abondés par les entreprises et donnent lieu à une rente défiscalisée.

Si le régime des retraites par répartition part à la dérive, les Français disposent toute de même d’un large éventail de placements pour palier à la faiblesse attendue de leurs futures pensions. À condition de ne pas se réveiller trop tard !

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> L’ASSURANCE-VIE EN BREF

L’assurance-vie séduit à nouveau les Français, après le trou d’air de 2012. Sur la période janvier-mai 2014, la collecte de l’assurance-vie s’est élevée à 8, 8 milliards d’euros. Pour l’ensemble de l’année 2013, la collecte nette totale représentait 10,7 milliards d’euros.

 

> LES RETRAITES COMPLÉMENTAIRES FONDENT COMME NEIGE AU SOLEIL

– L’Agirc, le régime des cadres, est mal en point. Son déficit de 3,2 milliards d’euros en 2013 devrait se creuser à 5 milliards en 2018.
– L’Arrco, le régime complémentaire des salariés, auquel les cadres cotisent également, devrait accuser un trou de 9 milliards en 2027 contre 3 milliards d’euros actuellement.