Face à la baisse des rendements des fonds en euros, les épargnants recherchent tout naturellement la diversification de leurs actifs, possible avec les contrats d’assurance-vie multisupports. Mais la forte instabilité des marchés financiers, en particulier des actions, appelle à la prudence et la plus grande sélectivité au moment d’investir sur les unités de compte !

 

En 2015, les performances des contrats en euros se sont encore étiolées. De moins en moins de contrats proposent une rémunération nette dépassant le seuil des 3 %. La moyenne se situe désormais à 2,5 %. Cette baisse des rendements n’a rien de surprenante. Actifs essentiels des portefeuilles des fonds en euros, les obligations rapportent de moins en moins. Leurs rémunérations sont descendues à des niveaux historiquement bas. L’OAT 10 ans est en particulier tombée sous la barre de 1 %. Les rendements des obligations n’ont en réalité eu de cesse de reculer depuis une quinzaine d’années. Conséquence directe et fâcheuse pour les fonds en euros, les anciennes obligations arrivant à maturité sont remplacées par des titres de moins en moins rémunérateurs.

Même dans l’hypothèse d’une remontée des taux, il ne faut pas s’attendre à un brusque rebond des rendements des fonds en euros. Les nouvelles obligations offriront certes une meilleure rémunération, mais les assureurs… auront toujours en stock les obligations acquises ces dernières années avec de faibles taux.

Mais la baisse des rendements s’explique également par le choix des assureurs de mettre en réserve une part plus importante des bénéfices réalisés, suivant en cela les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière. En rognant sur la rémunération actuelle des contrats, les assureurs se donnent la possibilité de lisser la rentabilité de leurs contrats sur les années suivantes. La provision doit de fait être restituée dans un délai de huit ans.

 


Anne Verdu,
responsable des offres assurance-vie, OPC et gestion financière LCL Banque Privée

Patrimoine Privé : Quels critères surveiller au moment d’investir dans un contrat d’assurance-vie ?
A.V. : Au moment de choisir un contrat d’assurance-vie, chaque client doit préalablement bien identifier ses objectifs d’investissement. Entend-il préparer sa retraite, financer les études de ses enfants, valoriser un capital ou préparer sa succession… Son horizon de placement est également à définir, tout comme son appétence au risque. En fonction de ces critères, les supports de placements à privilégier varieront et seront plus ou moins nombreux. Pour tous ces prérequis, nos conseillers sont là pour accompagner et guider les clients.

P.P. : Quelles qualités doit afficher un bon contrat d’assurance-vie ?
A.V. : Dans un contrat d’assurance-vie multisupports, il est vital de disposer d’une gamme d’unités de compte étendue, que le souscripteur soit en capacité de comprendre. Disposer de plusieurs dizaines de fonds suffisamment diversifiées pour bénéficier d’un large spectre d’investissement est ainsi un atout. Il faut également disposer d’un support en euros robuste. Quel que soit le type de support proposé, il est ainsi conseillé d’analyser son historique de performance. Plusieurs styles de gestion doivent en outre être proposés pour s’adapter aux cycles des marchés financiers. Il faut également s’assurer que votre contrat propose une gestion déléguée ou conseillée.

P.P. : Quel type de placement privilégier compte tenu de l’incertitude des marchés financiers ?
A.V. : Comme toujours, cela dépend en premier lieu du profil d’investisseur de chaque client. Pour bénéficier d’un capital garanti, rien de mieux que les fonds en euros. En 2015, leur performance moyenne sur le marché s’est élevée à 2,3 % net d’inflation, celle-ci étant pratiquement nulle actuellement. Les rendements réels des fonds en euros sont pratiquement stables ces dernières années, voire en légère progression compte tenu du tassement de l’inflation. Pour les épargnants disposant d’un horizon de placement long et ayant la volonté de générer de la performance, prendre une dose de risque sera inévitable. Dans ces conditions, il faudra investir en partie sur les marchés financiers via les unités de compte. Dans tous les cas, il est essentiel de jouer la diversification. Les fonds immobiliers, comme les OPCI ou SCPI, et les fonds patrimoniaux sont à ce titre d’excellents outils.

P.P. : De quel niveau de conseil peuvent bénéficier les souscripteurs dans leurs choix d’investissement ?
A.V. : LCL propose aux souscripteurs de ses contrats d’assurance-vie trois grandes solutions d’aide à la décision. Il peuvent totalement déléguer leur gestion, via un mandat, à partir de 20 000 euros de capitaux placés. Plus les capitaux investis sont conséquents, plus les options et les possibilités d’investissement sont importantes. Pour les investisseurs souhaitant garder la main sur leur gestion, ils peuvent solliciter une formule proposant des conseils réguliers, au minimum une fois par trimestre, selon quatre profils rendement/risque disponibles. Enfin, les investisseurs les plus avertis pourront vouloir seulement des conseils ponctuels pour se positionner sur notre centaine de fonds.


 

Net d’inflation, des rendements en progression

Pourtant, compte tenu d’une inflation quasi nulle, la performance réelle pour l’épargnant s’est trouvée en progression. En effet, l’inflation s’élevait à 0,5 % en 2014. Cela fait même quatre ans que le rendement, corrigé de l’inflation, des fonds en euros est en hausse. De 0,9 % en 2012, il a grimpé à 1,9 % en 2013 pour s’établir à 2,04 % en 2014 et finalement atteindre 2,3 % en 2015.

Mais tous les détenteurs d’assurance-vie n’ont pas été logés à la même enseigne. Une dispersion croissante des rendements est à noter. En 2015, certains sont allés au-delà des 3 % alors que d’autres se sont contentés de servir 1,8 % avant prélèvements. Véritable baromètre du marché, le taux du fonds en euros de l’Afer s’est inscrit à 3,05 %, en recul de seulement 0,15 point par rapport à 2014. Les contrats de Macif-Mutavie ont pour leur part offert des rendements de 1,8 % et 2,4 %, tandis que la Maaf proposait du 2,75 % avec Winalto…

Ces écarts doivent amener les épargnants à réfléchir au moment de souscrire un fonds en euros. Pas question de pousser la porte de la première banque ou du premier assureur venu… et d’apposer sa signature sans y regarder à deux fois. A l’image des investissements en Bourse, il convient plus que jamais d’être sélectif au moment de souscrire un fonds en euros.

Il est notamment primordial de s’assurer que la performance de votre fonds en euros est susceptible de s’inscrire dans la durée. Pour cela, votre analyse ne devra pas s’arrêter aux seuls rendements de 2015.

Attention aux offres promotionnelles ! Il convient de privilégier les performances récurrentes… L’analyse doit porter sur une dizaine d’année. En la matière, les groupes mutualistes ont l’avantage de ne pas diluer leur performance par la distribution de dividendes aux actionnaires. L’intégralité de la performance est destinée à la clientèle. Mais attention, ce n’est pas toujours un gage de meilleure compétitivité !

 

Des frais à surveiller

Les frais supportés par les contrats d’assurance-vie doivent aussi être surveillés avec une attention toute particulière, surtout en cette période de baisse des rendements. Les frais sont de deux natures : les frais sur versements, qui vont de 0 % pour les « e-contrats » (ou contrats Internet) à 4 %, et les frais de gestion annuels. Pour ces derniers, l’échelle est large, de 0 % à 1 %. Plus ces derniers sont importants, plus ils impactent la participation aux bénéfices et sont donc significatifs dans la durée.

Même si les performances sont annoncées nettes de frais de gestion, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas d’impact. Plus ces frais sont conséquents, plus l’écart entre la performance brute et nette est important. Or avec la baisse des rendements bruts, le poids des frais est de plus en plus handicapant. Il est donc important de les minimiser, surtout en ce qui concerne les frais de gestion, ponctionnés tous les ans, contrairement aux frais de versements.

Les e-contrats ont ainsi bien souvent l’avantage. Au-delà de frais d’entrée nuls, les frais de gestion sont réduits à leur portion congrue. Souscrire sur Internet est souvent plus avantageux. En outre, certains contrats comportent plusieurs niveaux de frais de gestion, en fonction des sommes placées, créant ainsi des inégalités de rendement selon le profil des clients.

 


Gérard Bekerman,
président de l’Afer

Patrimoine Privé : Quel bilan tirer de l’année 2015 pour l’assurance-vie ?
G.B. : 2015 a été une année fructueuse pour les fonds généraux comme pour les unités de compte, à l’image de nos unités de compte Afer Sfer, qui a gagné 8,7 % en 2015, et Afer PME 26 % ! Le cumul des cotisations collectées s’est élevé à 130 milliards d’euros à l’échelle nationale pour une collecte nette de 20 milliards d’euros. L’Afer a pour sa part accueilli 18 000 nouveaux adhérents, d’une moyenne d’âge de 40 ans, représentant une collecte brute de 2,5 milliards d’euros.

P.P. : En 2015, le fonds en euro de l’Afer a rapporté plus de 3 %. Comment qualifiez-vous cette performance ?
G.B. : L’Afer garde toute sa confiance dans les fonds en euros. Une nouvelle fois, nous proposons une rémunération dans le haut du marché avec un taux de 3,05 % net, plus une dotation à la réserve (PPE) de 62 millions d’euros. C’est 3,05 % qui sont distribués auquel s’ajoute 0,15 % destiné à alimenter notre réserve pour l’avenir. C’est un taux naturel issu de la gestion financière du gérant sur laquelle l’association veille tout au long de l’année. Il s’applique à tous nos adhérents, sans aucune distinction, qu’ils aient souscrit en 1976 ou 2015. Ce n’est pas un taux financier mais associatif.

P.P. : Le fonds en euro doit-il rester la pierre angulaire d’une bonne assurance-vie ?
G.B. : Avec le fonds en euros, nous proposons un taux qui combine à la fois performance et sécurité. A l’Afer, nous ne partageons pas la position des sociétés d’assurance-vie qui poussent les souscripteurs vers les unités de compte sans qu’ils en mesurent les risques. Il faut rester dans la mesure, la pédagogie et la transparence, tout en jouant la diversification. Pour compléter le fonds général, notre gamme va ainsi être élargie car un épargnant n’investit pas à 40 ans comme à 60. Il faut tenir compte du cycle de vie, des étapes qui la jalonnent. Après le beau succès d’Afer Immo, l’Afer s’apprête en 2016 à lancer un deuxième fonds immobilier investissant dans des actifs immobiliers à l’international pour accroître les opportunités d’investissement.

P.P. : D’autres nouveautés sont-elles à venir ?
G.B. : Toujours dans le cadre du contrat d’assurance-vie multisupport, nous souhaitons également lancer une nouvelle UC « Senior » qui aura la particularité, au-delà de son rendement financier, de proposer, le cas échéant, des garanties en prévoyance tel par exemple un accès prioritaire dans un Ehpad. Notre réflexion vise à la satisfaction des besoins de nos adhérents comme de participer à leur bien-être.

P.P. : Les jeunes fonds euro-croissance ont-ils reçu un bon accueil ?
G.B. : Après 9 mois d’existence, l’engouement n’est pas encore au rendez-vous. La faute incombe en partie à Bercy qui n’a pas encore accepté d’encourager d’un avantage fiscal spécifique à cette nouvelle famille de fonds pourtant censée venir soutenir l’effort national de financement de nos PME. L’Afer demande la suppression du prélèvement de 7,5 % à l’issue des 8 ans.

P.P. : Quelles menaces planent sur la fiscalité de l’assurance-vie ?
G.B. : Nous sommes dans une phase constructive de dialogue avec les pouvoirs publics. L’Afer vient même de remporter un grand combat avec l’abrogation de la doctrine fiscale successorale pour les contrats souscrits par des couples communs en biens. Les enfants n’auront plus à acquitter des droits de succession au décès du premier époux. Notre souhait est désormais de revaloriser les seuils de l’assurance-vie qui n’ont pas bougé depuis 20 ans.


 

La Bourse et l’immobilier pour un regain de performance

Mais pour dégager de la performance, il ne suffit pas de minimiser les frais. Cela reste la cerise sur le gâteau. Il faut avant tout être en mesure de dégager de la performance. Il est donc conseillé de se pencher sur les orientations en matière de gestion financière de son fonds en euros.

La Pierre a peut ainsi offrir un supplément de rémunération. Les fonds intégrant une part d’immobilier ont une fois encore tiré leur épingle du jeu, à l’image de Sécurité Pierre Euro de Suravenir qui a dévoilé un alléchant taux de 4 %. Les fonds en euros dits « immobiliers » sont toutefois atypiques. Les investissements portent généralement sur de l’immobilier de bureau par le biais de SCPI ou de SCI.

Les fonds de nouvelle génération, les fonds euro-croissance, ont également dans certains cas affiché de solides performances. Ainsi, le fonds Objectif programmé de Predica a dévoilé un rendement pouvant grimper à 5,8 %, tandis que le fonds G Croissance de Generali a délivré du 9,62 % aux assurés optant pour une garantie à 80 % du capital au bout de 30 ans. De fait, cette nouvelle génération de fonds n’offre une garantie en capital, contrairement au fonds en euros classiques, qu’au bout d’un certain nombre d’années, en général au moins 8 ans. De plus, l’intégralité du capital n’est pas toujours garantie à terme. La couverture peut varier de 80 à 100 % du capital.

 

Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier

Pour nombre de professionnels, c’est toujours et encore dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. Les contrats multisupports permettent ainsi déjà de répondre à toutes les attentes des épargnants, en s’appuyant d’un côté sur les fonds en euros pour la sécurité et d’un autre côté les unités de comptes pour tenter de doper son rendement.

De fait, s’il est conseillé d’une manière générale d’opter pour la prudence en 2016, il faudra tout de même diversifier son épargne pour en maintenir un rendement satisfaisant. Côté performances, les UC, intégrant les fonds actions, les fonds diversifiés et les fonds profilés… se sont en outre mieux tenus en moyenne que les fonds en euros en 2015. Le rendement moyen des unités de compte s’est établi à 4,1 %, faisant également mieux que les livrets A et LDD et le PEL… qui ont rapporté, en moyenne, 2 % pour le PEL et 0,9 % pour les livrets.

En 2015, les Français ont d’ailleurs privilégié les UC plutôt que les fonds en euros. La collecte nette sur les contrats a atteint 24,6 milliards d’euros, 54 % de ce surplus ayant été placé sur les unités de compte des contrats multisupports à hauteur de 13 milliards d’euros pour les UC contre 11 milliards sur les fonds en euros.

Un des atouts des UC est en effet la diversification. A côté du fonds en euros classique, il est possible d’investir dans des supports en actions ou immobilier…, potentiellement plus performants. Chaque fonds aura ainsi un objectif bien identifié. A ce titre, il convient d’opter pour les contrats offrant une large gamme de supports, permettant d’investir sur de multiples actifs à la fois en matière de secteurs d’activité, – industrie, nouvelles technologies… -, ou de zones géographiques, – Europe, pays émergents…

Une fois sélectionné son contrat ou ses contrats en UC, l’épargnant pourra répartir ses versements entre les différents OPCVM proposés par la compagnie. Puis en cours de contrat, il pourra modifier cette répartition comme il l’entend. Les contrats en unités de compte garantissent ainsi une grande souplesse de gestion. Les plus téméraires pourront privilégier les actions… A l’inverse, les épargnants les moins avertis pourront se libérer de tout souci de gestion avec des fonds flexibles… Pour la sécurité, vous aurez par exemple la possibilité de conserver 80 % des actifs sur le fonds en euros de votre contrat, tout en jouant la diversification sur les 20 % restants.

Face à la forte volatilité des marchés actions, qui a redoublé en ce début d’année 2016, panacher ses placements et être sélectif restent toujours les meilleures armes pour bâtir de la performance !