L’institut Viavoice vient de publier une enquête sur l’épargne des Français en cette période de sortie des différentes restrictions sanitaires.
S’ils retrouvent de nombreuses libertés,
l’effet « roaring twenties » n’est pas à l’ordre du jour. Ils ne souhaitent pas se placer dans une frénésie de consommation. Rien à voir donc avec la période de croissance et d’insouciance de l’Amérique des années 1920, pourtant espérée dans l’Hexagone par des nombreux économistes.

Bien que les Français soient attentistes pour participer à la relance par la consommation,
il est intéressant de constater qu’ils ont évolué en matière de placements durant les quinze derniers mois. 45 % d’entre eux déclarent aussi détenir une épargne plus dynamique qu’un simple livret A.

En effet, cette partie de la population a une appétence plus grande pour les unités de comptes dans une assurance-vie, souscrit un PERP ou un Madelin. 42 % détiennent une épargne mixte mêlant sécurité et dynamisme.

Pour les accompagner dans la gestion et la valorisation de leur épargne, les Français sont sensibles à deux critères : la proximité et l’expertise. Ils estiment d’ailleurs à 37 % que les conseillers en gestion de patrimoine sont les plus à même de les satisfaire.

Cette confiance montre à la fois la notoriété grandissante de notre profession, mais également sa maturité et son expérience pour faire face à la crise et s’adapter aux évolutions d’une clientèle qui, elle-même, a révisé ses priorités.

 

Autonomie et accompagnement

La crise aura été positive également sur le plan de la pédagogie financière.

Si les épargnants recherchent les produits les plus mobilisateurs en matière de progression, 35 % d’entre eux estiment qu’ils veulent être plus autonomes pour décider de leurs placements.

De même, un Français sur deux souhaite désormais faire appel à un professionnel
de la gestion de patrimoine pour valoriser son épargne. Autonomie et accompagnement,
loin d’être contradictoires pour notre profession, sont deux paramètres dont nous devrons tenir compte pour conserver et/ou séduire la clientèle. Ils seront aussi fondamentaux
que la recherche de la performance des placements.

Ces premiers résultats post crise plaident donc très largement pour une meilleure information en matière d’épargne. La CNCEF Patrimoine s’y emploie en direction de ses membres depuis toujours et plus encore depuis la Loi Pacte.

Reste la question, et non des moindres, de la remobilisation de l’épargne vers l’économie réelle. D’ici à 2022, les liquidités placées atteindront les 160 milliards d’euros.

Or, la reprise est sur toutes les lèvres, dans tous les discours, mais il y a loin de la parole aux actes, le retour à l’économie d’avant crise ne se décrète pas.

En effet, si l’épargne est pour le moment dormante, c’est aussi parce que nos concitoyens ont observé le débat qui a agité la place en ce début d’année, consistant à proposer des taxations susceptibles de faire décaisser l’épargne, mais il n’a pas fait long feu.

Il n’a pas ralenti non plus le réflexe sécuritaire en matière de liquidités.

Désormais, l’épargne est au centre des préoccupations politiques pour 2022. Si les Français dépensaient 20 % de l’épargne accumulée pendant la crise sanitaire, la croissance du PIB atteindrait 6 % l’an prochain. Mais nous n’en sommes qu’au stade des suppositions.

L’OFCE a retenu deux scénarios d’évolution de l’épargne en France : dans le premier,
les ménages déstockent 20 % de leur épargne Covid (soit 28 milliards d’euros) ;
dans le second, l’épargne n’est pas dépensée. Les équations à inconnues n’ont pas fini de questionner les pouvoirs publics tant les chiffres du « quoi qu’il en coûte » sont vertigineux. À commencer par l’épidémie, les confinements, les aides publiques dont le coût pour les comptes de la Nation est estimé à 424 milliards d’euros.

 

Quelle fiscalité ?

Bien entendu, les mesures de soutien public ont fonctionné tout comme le soutien monétaire des banques centrales, évitant le dérapage absolu de notre modèle économique. Mais si les Français ne touchent pas à leur épargne, c’est sans doute qu’ils craignent une hausse de la fiscalité pour compenser les répercussions de la crise. Or, le premier élément pour relancer l’économie, c’est la confiance !

À ce stade, la classe politique a peur d’être impopulaire en matière de fiscalité. Il serait irresponsable pour autant de laisser filer la dette.

Aussi, faire appel à une stratégie de désendettement sur la décennie à venir, comme le préconise le gouverneur de la Banque de France, serait la plus juste des solutions.

Elle permettrait à nos concitoyens de participer à la relance par la consommation, avec un impôt stabilisé. Ce serait la meilleure des conditions pour apurer la dette. La confiance des Français ne pourra pas se restaurer par l’austérité mais bien par l’efficacité de sorte que notre modèle reste finançable, sans accélérer les inégalités. Assurément, l’optimisme sera l’une des clés du rebond de l’activité.