Située sur la commune de Colombières, en bordure des marais de la baie d’Isigny, au cœur même du parc naturel régional du Cotentin et du Bessin, cette imposante forteresse occupe un emplacement stratégique qui lui a valu d’être le témoin particulier de mille ans d’histoire, de Guillaume le Conquérant à la Seconde Guerre mondiale.

 

 

De-MaupeouDès le XIème siècle, il est fait mention de la place forte de Colombières qui était occupée par les frères Guillaume, Raoul et Baudoin de Colombières, compagnons de Guillaume Le Conquérant lors de l’invasion de l’Angleterre, en 1066.

En 1147, le fief de Colombières appartient à Philippe de Colombières, membre de la puissante famille Bacon du Molay.

Les parties les plus anciennes du château actuel datent de la fin du XIVème siècle quand les Bacon du Molay font édifier une forteresse en forme de quadrilatère, avec un mur d’enceinte de 2,70 mètres d’épaisseur et de 11 mètres de hauteur, couronné d’un étage sur machicoulis, flanqué de quatre tours rondes, et entouré de douves en eau avec un pont-levis donnant accès à une porte fortifiée. En pleine guerre de Cent Ans, le roi Charles V se rendant dans la région en 1371 qualifiera de « forteresse imprenable » le château de Colombières qui peut soutenir attaque et siège.

Mais la conquête des places fortes normandes par Henri V permet au roi d’Angleterre de dépouiller Olivier de Colombières de ses biens et de sa forteresse par des lettres patentes du 12 février 1418.

Ruiné par la guerre de Cent Ans, le château de Colombières ne retourna que peu de temps entre les mains de Jean de Colombières qui finit par le vendre à Roger de Bricqueville, son oncle, le 25 mai 1457. Son petit-fils, Guillaume VI, construira le corps des bâtiments actuels et les deux élégantes tours Renaissance.

Lors des guerres de religion, le seigneur de Combières, François de Bricqueville, l’un des chefs protestants les plus redoutables de Basse-Normandie, s’illustra tristement en pillant le trésor de la cathédrale de Bayeux, fit prisonnier l’évêque de Coutances, et profana la chapelle Notre-Dame de Rouge Brèque située dans son propre château de Colombières en y installant ses appartements.

En 1637, François de Bricqueville, construit dans l’une des fermes dépendantes du château un lieu de culte protestant. Plus tard, le linteau de la porte d’entrée sera ramené au château et placé au-dessus de la porte de la caserne reconvertie en chapelle par son petit-fils, Cyrus Antoine, converti au catholicisme en 1678.

Au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, le château de Colombières subira quelques transformations architecturales pour le rendre plus confortable et au goût de l’époque. Une des tours partiellement détruite est reconstruite sous forme d’un donjon carré, le mur d’enceinte est démoli sur un côté pour donner une perspective et les fenêtres sont agrandies.

En 1755, René Hatte, fermier général, achète le château et en 1759, le domaine de Colombières passe dans la famille Girardin, apparentée à la famille des actuels propriétaires, les Maupeou d’Ableiges, par une alliance Ludre-Girardin.

Au XIXème siècle, l’aile abritant les communs est transformée en logis et des jardins viennent agrémenter le pourtour intérieur des douves médiévales.

Occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, il est épargné lors des opérations du débarquement en juin 1944. Les Américains en prendront possession en traversant à pied le marais que les Allemands maintenaient inondé pour le rendre infranchissable. Le château de Colombières abrita le quartier général du 12e corps d’armée du Général Omar Bradley et le centre de la presse et radio américaine qui ont renseigné le monde entier de la libération de la France.

Le château fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 2 juillet 1927. L’ensemble des façades et toitures ainsi qu’une cheminée dans la tour est, font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 20 décembre 1968 et l’ensemble du système hydraulique et le potager sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 13 octobre 2006.

Après la Seconde Guerre mondiale, la belle-mère d’Etienne de Maupeou délaisse son château hérité en 1942 , qui n’était qu’une résidence d’été sans aucun confort.

Il a fallu attendre 1959 pour qu’Etienne de Maupeou et son épouse reprennent Colombières avec la ferme intention de redorer son blason et de réveiller ce patrimoine historique endormi. Ingénieur agronome exerçant dans la région, Etienne de Maupeou pouvait consacrer une grande partie de son temps pour relever ce défi. Dès lors, un minimum de confort est réalisé avec l’arrivée de l’eau courante, de l’électricité et du chauffage central dans les parties privatives afin de rendre le château habitable avec ses quatre enfants en bas âge.

 

Etienne de Maupeou va consacrer une grande partie de ses disponibilités financières à rénover les 600 m2 de toitures des corps de logis. Plus récemment, entre 1995 et 2005, les toitures de trois tours ont été entièrement restaurées pour un budget de 450 000 euros subventionnés à 75 % avec une aide de 25 % du Conseil Général du Calvados.

Les Maupeou ont du procéder aussi à l’aménagement du parc de 3 hectares, tout en faisant restaurer les murs de douves après un curage complet et l’extraction de 3 800 m3 de vase.

En 1986, Etienne de Maupeou se retrouve en pré-retraite et organise le partage de ses biens entre ses quatre enfants. Aujourd’hui, Charles, son fils aîné, se retrouve à la tête du château de Colombières avec tout son mobilier XVIIIème. Né au château, et très attaché à cette propriété familiale, Charles de Maupeou a voulu également s’impliquer dans la vie locale en étant membre du conseil municipal de Colombières. Soutenu par sa femme Claire, avocate et leurs quatre enfants (1 garçon et 3 filles), Charles de Maupeou consacre toute son énergie à sauvegarder ce patrimoine familial. En 1986, après avoir ouvert Colombières au public, les Maupeou ont voulu développer des chambres d’hôtes dans leur logis.

Des travaux d’aménagement et de mise en conformité ont été nécessaires pour mettre à disposition 2 suites et 1 chambre qui attirent essentielleent une clientèle d’Américains. Suivant la création d’un site internet et d’une sarl, locataire des locaux consacrés aux chambres d’hôtes, le château de Colombières a rejoint l’association « Bienvenue au château » regroupant des propriétaires de châteaux et manoirs qui proposent à la location des chambres d’hôtes en prônant l’art de vivre et de recevoir à la française.

Toujours soutenu par son père, Charles de Maupeou organise des événements comme des fêtes médiévales tous les deux ans, des rassemblements de voitures anciennes (180 véhicules militaires étaient présents lors des commémorations du 70e anniversaire du débarquement), et met à disposition le parc pour des réceptions diverses ou des mariages.

Dans les temps à venir, Charles de Maupeou souhaite restaurer la toiture de la tour nord-ouest qui nécessite également une reprise de maçonnerie, avant de pouvoir porter tous ses efforts sur le magnifique escalier, classé, en bois d’orme du XVIème donnant accès aux chambres d’hôtes.

L’ensemble du domaine de Colombières s’étend sur 200 hectares de terres données en fermage. Le château emploie un guide en période estivale et deux personnes à temps partiel pour l’entretien courant. Chaque année, 2 000 visiteurs viennent découvrir la « vigie des marais » et saluer le courage des Maupeou qui œuvrent constamment pour conserver et transmettre ce remarquable patrimoine historique.

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POUR EN SAVOIR PLUS :

CHÂTEAU DE COLOMBIÈRES
14170 Colombières
Ouvert du 1er juillet au 30 septembre et du 15 avril au 15 octobre.
Pour les groupes sur rendez-vous.
Tél. : 02 31 22 51 65
Site internet : chateau-colombieres.fr
Chambres d’hôtes :  entre 180 et 200 € par nuit pour 2 personnes , option petit déjeuner 12 €.
Prix : 6 euros par personne, gratuit – 12 ans (Visite de groupe et scolaire voir infos sur le site)

 

PLAN D’ACCÈS :