Face à la baisse des rendements des fonds en euros en 2013 et la prochaine arrivée des contrats Euro-croissance… qui devront prouver leur intérêt, l’assurance-vie multisupports a encore de beaux jours devant elle. Souplesse, diversification…, les contrats en unités de compte gardent de solides avantages, surtout si la Bourse et l’immobilier rééditent leurs performances de 2013 !

 

Alors que le risque de déflation persiste en Europe et que la désinflation est à l’œuvre, les fonds en euros d’assurance-vie ont vu leurs rendements à nouveau s’éroder en 2013. Les performances de ces supports sans risque ont globalement reculé de 10 à 20 points de base par rapport à 2012. Ils se sont établis en moyenne entre 2,7 % et 2,8 % pour ce cru 2013. Certains professionnels estiment toutefois qu’un point bas a été atteint. Mais en la matière, rien n’est acquis. Tels saint Thomas, les épargnants surveilleront avec circonspection si ces anticipations se traduisent réellement dans leur porte-monnaie par des rémunérations sonnantes et trébuchantes dans les prochaines années.

Pour 2013, la baisse des rendements n’a en tout cas rien d’illogique. Actifs essentiels des portefeuilles des fonds en euros, les obligations rapportent de moins en moins.
Leurs rémunérations sont descendues depuis plusieurs mois à des niveaux historiquement bas. Les emprunts de l’État français ne rapportent guère que 2,5 % et autour de 3 % pour les obligations d’entreprises. Les rendements des obligations n’ont en réalité eu de cesse de reculer depuis une quinzaine d’années. Conséquence directe et fâcheuse pour les fonds en euros, les anciennes obligations arrivant à maturité sont remplacées par des titres moins rémunérateurs.

Même dans l’hypothèse d’une remontée des taux, il ne faut pas s’attendre à un brusque rebond des rendements des fonds en euros. Les nouvelles obligations offriront certes une meilleure rémunération, mais les assureurs… auront toujours en stock les obligations acquises ces dernières années avec de faibles taux.

 

Hors d’inflation, les rendements repartent à la hausse

L’essentiel est toutefois de bénéficier d’un rendement net d’inflation performant. Or si ces dernières années le bilan s’est révélé de moins en moins flatteur, il s’est tout de même quelque peu amélioré en 2013. L’inflation a fortement reculé. Elle est passée en France sous la barre des 1 %, à 0,7 % en fin d’année. En moyenne, le rendement net d’inflation des fonds en euros a donc dépassé les 2 %.

Mais tous les détenteurs d’assurance-vie n’ont pas été logés à la même enseigne. Une dispersion croissante des rendements affichés par les assureurs est de fait à noter. Les contrats les plus rémunérateurs ont certes dépassé les 4 %, comme Sécurité Pierre Euro commercialisé par Suravenir, avec un taux de 4,15 %, et même 4,16 % pour Elixence de Generali. Mais, à l’opposé, les plus mauvais ont peiné à atteindre 2 % d’intérêt. Au final, les écarts ont varié du simple au double. C’est une première. Et elle n’est pas anodine.

Ces écarts doivent amener les épargnants à réfléchir au moment de souscrire un fonds en euros. Pas question de pousser la porte de la première banque ou du premier assureur venu…
et d’apposer sa signature sans y regarder à deux fois. À l’image des investissements en Bourse,
il convient plus que jamais d’être sélectif au moment de souscrire un fonds en euros.

Il est notamment primordial de s’assurer que la performance de votre fonds en euros est susceptible de s’inscrire dans la durée. Pour cela, votre analyse ne devra pas s’arrêter aux seuls rendements de 2013. Attention aux offres promotionnelles ! Il convient de privilégier les performances
récurrentes… L’analyse doit porter sur une dizaine d’années. En la matière, les groupes mutualistes ont l’avantage de ne pas diluer leur performance par la distribution de dividendes aux actionnaires. L’intégralité de la performance est destinée à la clientèle. Mais attention, ce n’est pas toujours un gage de meilleure compétitivité !

 

Gare aux frais

Les frais supportés par les contrats d’assurance-vie doivent aussi être surveillés avec une attention toute particulière, surtout en cette période de baisse des rendements. Les frais sont de deux natures : les frais sur versements, qui vont de 0 % pour les « e-contrats » (ou contrats Internet) à 4 %, et les frais de gestion annuels. Pour ces derniers, l’échelle est large, de 0 % à 1 %. Plus ces derniers sont importants, plus ils impactent la participation aux bénéfices et sont significatifs dans la durée.

Même si les performances sont annoncées nettes de frais de gestion, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas d’impact. Plus ces frais sont conséquents, plus l’écart entre la performance brute et nette est important. Or avec la baisse des rendements bruts, le poids des frais est de plus en plus handicapant. Il est donc important de les minimiser, surtout en ce qui concerne les frais de gestion, ponctionnés tous les ans, contrairement aux frais de versements.
Les e-contrats ont ainsi bien souvent l’avantage. Au-delà de frais d’entrée nuls, les frais de gestion sont réduits à leur portion congrue. Souscrire sur Internet est souvent plus avantageux.
En outre, certains contrats comportent plusieurs niveaux de frais de gestion, en fonction des sommes placées, créant ainsi des inégalités de rendement selon le profil des clients.

 

La Bourse et l’immobilier dopent les rendements

Mais pour dégager de la performance, il ne suffit pas de minimiser les frais. Cela reste la cerise sur le gâteau. Il faut avant tout être en mesure de dégager de la performance. Il est donc conseillé de se pencher sur les orientations en matière de gestion financière de son fonds en euros.

Pour bénéficier d’un regain de performance, certains gérants ont choisi de ne pas investir en 2013 en emprunts d’État. Ils ont préféré consacrer leur portefeuille obligataire à des titres d’entreprises plus rémunérateurs. Le niveau de risque est légèrement supérieur par rapport aux OATs, Bunds…, quoique la crise européenne ait relativisé cette notion avec les déboires grecs et espagnols…, mais les rendements sont plus élevés. D’autres ont choisi de jouer la carte des obligations convertibles.

 

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Par ailleurs, depuis la fin des années 2000, est apparue une nouvelle génération de fonds en euros. Ces fonds suivent des stratégies de gestion plus offensives, avec des poches actions de 20 % à 30 % de leurs actifs. Mais à la différence du traditionnel fonds en euros, ils n’affichent pas de taux minimum garanti chaque année. En cas de dégradation de la conjoncture, le fonds peut délivrer une performance proche de zéro. Toutefois, à l’instar d’un fonds en euros classique, son capital est garanti et les intérêts annuels définitivement acquis. Une prise de risque qui a toutefois payé, le Cac 40 ayant grimpé de 18 % en 2013.

La pierre a également eu le vent en poupe. Les fonds en euros dits « immobiliers » se sont d’ailleurs placés dans le peloton de tête des rentabilités en 2013. Les investissements portent généralement sur de l’immobilier de bureau par le biais de SCPI ou de SCI, avec à la clé des rendements pour ces actifs immobiliers dépassant dans bien des cas les 6 % en 2013.

 

Bientôt un nouveau venu le fonds Euro-croissance

Mais dans les prochains mois, une nouvelle alternative sera proposée aux épargnants, avec les fonds Euro-croissance. Leur leitmotiv : sécurité et performance ! Leur mode de fonctionnement est simple. Investis en partie sur des actifs risqués, autrement dit en actions, ils sont destinés à offrir plus de rendement que les fonds en euros tout en maintenant une garantie sur le capital, mais au bout de 8 ans. Le nouveau contrat Euro-croissance devrait être commercialisé dès juillet 2014 par assureurs et bancassureurs.

Sur le papier, le programme est alléchant. Toutefois, avant de s’orienter vers ces nouveaux supports, il est important de bien avoir en tête les particularités de ces contrats. Il n’y a en particulier aucune possibilité de rachat avec garantie en capital avant huit ans. Le contrat Euro-croissance s’adresse donc à des gens qui ont un horizon de placement long, ce qui signifie qu’ils doivent être certains que cette épargne immobilisée ne leur fera pas défaut. Par ailleurs, rien ne dit que le rendement à son terme sera supérieur à celui des classiques fonds en euros.

En outre, le coût de la gestion financière pour l’Euro-croissance devrait être plus élevé que les fonds euros classiques, sans compter que ces derniers profitent pour nombre d’entre eux de marges de manœuvre sur leurs taux de rendement grâce à la PPE constituée par les compagnies qui les commercialisent.

Le fonds Euro-croissance ne bénéficiera évidemment pas de cette réserve.

 

Les UC pour se diversifier

Pour nombre de professionnels, c’est toujours et encore dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes. Les contrats multisupports ou en unités de compte permettent ainsi déjà de répondre à toutes les attentes des épargnants. Si vous disposez simplement d’un contrat mono-support, l’amendement Fourgous permet de basculer vers un contrat multisupports sans perdre l’antériorité de 8 ans.

Un des atouts des UC est notamment la diversification. À côté du fonds en euros classique, il est possible d’investir dans des supports en actions ou immobilier… potentiellement plus performants. Chaque fonds aura ainsi un objectif bien identifié. À ce titre, il convient d’opter pour les contrats offrant une large gamme de supports, permettant d’investir sur de multiples actifs à la fois en matière de secteurs d’activité, (industrie, nouvelles technologies…), ou de zones géographiques (Europe, pays émergents…).

Une fois sélectionné son contrat ou ses contrats en UC, l’épargnant pourra répartir ses versements entre les différents OPCVM proposés par la compagnie. Puis, en cours de contrat,
il pourra modifier cette répartition comme il l’entend. Les contrats en unités de compte garantissent ainsi une grande souplesse de gestion. Les plus téméraires pourront privilégier les actions… À l’inverse, les épargnants les moins avertis pourront se libérer de tout souci de gestion avec des fonds flexibles… Pour la sécurité, vous aurez par exemple la possibilité de conserver 80 % des actifs sur le fonds en euros de votre contrat, tout en jouant la diversification sur les 20 % restants.

Et, dans ces conditions, pas besoin d’attendre 8 ans avec votre fonds en euros pour bénéficier de la garantie en capital !