Face à un livret A victime d’une désaffection grandissante, l’assurance-vie demeure le placement le plus convoité par les Français. Confrontés à des taux d’intérêt en berne, les fonds en euros – à l’origine du succès de l’assurance-vie – font néanmoins débat. Pour les épargnants, la quête de performance impose de prendre davantage de risques. Mais la perte de la garantie en capital peut être dissuasive. Le nouveau fonds euro-croissance ménage la chèvre et le chou. Mais attention aux conditions. Les épargnants les plus fortunés pourront par ailleurs se tourner vers les contrats vie-génération. Pour quels bénéfices ? État des lieux des atouts et faiblesses des dernières nouveautés de l’assurance-vie.

 

Pilier historique de l’assurance-vie, le fonds en euros serait-il menacé de tomber de son piédestal ? Avec des taux d’intérêt historiquement bas, son attractivité pose en tout cas question. D’autant que « l’inversion de la courbe » des taux d’intérêt, selon l’expression consacrée de ce quinquennat, a peu de chance de s’opérer dans un avenir proche ou alors a minima. Véritable baromètre pour les taux en France et pour les fonds en euros, constitués à 85 % d’obligations, et en particulier de dettes souveraines comme les emprunts d’État français, le rendement de l’OAT 10 ans culmine à 1,25 %. Il s’est redressé ces derniers mois, après avoir touché un point bas de 0,33 % à la mi-avril, mais son ascension devrait rester limitée au regard des perspectives d’inflation.

 

Pas de miracle attendu pour les rendements

Les experts interrogés chaque trimestre par la BCE, misent ainsi sur une hausse des prix à la consommation de 0,2 % cette année. Pour 2016, leurs attentes d’inflation s’élèvent à seulement 1,3 % et, à long terme, soit à l’horizon 2020, les prévisionnistes attendent une progression des prix à la consommation de 1,9 % dans les clous de l’objectif de la BCE, qui vise une hausse « proche mais inférieure à 2 % ». Il est tout de même à noter que les États-Unis devraient en cette fin d’année ou courant 2016 commencer à durcir leur politique monétaire. Un changement de cap notable mais qui devrait demeurer limité à une remontée des taux de la Fed de quelques points de base, sans impact notable de ce côté de l’Atlantique.

A court terme en France, la dynamique reste en tout cas « favorable » à des taux bas. Le Livret A au 1er août a ainsi vu sa rémunération ramenée à 0,75 % contre 1 % depuis un an. Cela constitue la 4ème baisse depuis 2012. Il aurait même pu tomber plus bas. Le taux du Livret A ainsi que celui du livret de développement durable est de fait calculé deux fois par an, en fonction de l’inflation. Celle-ci ayant progressé de 0,3 % en juin (hors tabac) sur un an, le rendement aurait dû passer de 1 % net à seulement 0,5 % si la formule de calcul avait été appliquée.

Concernant les fonds en euros de l’assurance-vie, la poursuite de l’érosion des rendements paraît encore être à l’ordre du jour dans les prochaines années. Le cabinet de conseil en stratégie et management Facts & Figures a ainsi publié en juin dernier la 6ème édition de son baromètre de l’Épargne-Vie Individuelle avec ses hypothèses de rendement pour les cinq prochaines années. La baisse des rendements devrait ainsi se poursuivre à un rythme de 10 à 20 centimes par an, après un rendement moyen de 2,5 % en 2014 pour une inflation de seulement 0,5 %. Dans le détail, le taux net moyen distribué sur les contrats serait compris entre 2,10 et 2,30 % en 2015, entre 1,90 et 2,10 % en 2016, entre 1,75 et 1,95 % en 2017, entre 1,65 et 1,75 % en 2018, et entre 1,55 et 1,65 % en 2019.

 


Gérard Bekerman, président de l’Afer

Gerard-BekermanPatrimoine Privé : En quoi les fonds euro-croissance se singularisent-ils par rapport aux fonds en euros traditionnels ?
G.B. : L’euro-croissance est appelé à s’imposer comme le « troisième pilier de l’assurance-vie ». Son objectif est de procurer aux épargnants, sur un horizon de placement à long terme, des perspectives de rendement supérieures à celles des fonds garantis en euros, grâce à une poche d’investissement en actions d’entreprises, tout en offrant la sécurité totale de leur épargne au terme de la garantie. Il proposera ainsi des rendements susceptibles d’être supérieurs aux fonds en euros traditionnels, tout en offrant l’avantage par rapport aux UC d’une garantie au terme des capitaux investis. La période de détention des fonds euro-croissance étant fixée à 10 ans, il est évident que ce produit ne s’adresse pas à tous les épargnants. Il est tout particulièrement indiqué pour les investisseurs plus jeunes disposant d’un horizon de placement relativement lointain. Depuis le 1er janvier, 12 000 nouveaux adhérents ont rejoint l’Afer et leur âge moyen est de 37 ans. Ces adhérents peuvent être particulièrement intéressés par l’euro-croissance.

P.P. : Les frais supportés par votre fonds euro-croissance sont-ils compétitifs ?
G.B. : Concernant les frais d’entrée, ils sont identiques à ceux du fonds garanti en euros Afer, soit 2 %. Je précise que la garantie s’applique non pas au capital versé moins ces frais, mais au capital placé brut. Il s’agit donc d’une garantie à 100 %. Quant aux frais de gestion, ils sont limités à 0,89 %. Ils sont donc plus compétitifs que pour un support en unités de compte classique, où ils s’élèvent à 1,075 %. Au final, les frais de gestion de notre support Afer Eurocroissance se
situent entre ceux du fonds général en euros Afer et ceux de nos unités de compte.

P.P. : Des voix se sont élevées, y compris au sein des courtiers de l’Afer, pour critiquer ce nouveau produit. Ces inquiétudes sont-elles légitimes ?
G.B. : Je n’ai connaissance que d’une voix. Il faut la respecter. L’Afer compte 2 000 conseillers,
dont 1 000 agents et 1 000 courtiers. L’un d’entre eux a émis des réserves sur la complexité de l’euro-croissance. Nous avons veillé à ce que le support Afer Eurocroissance soit simple, souple et qu’il dispose de garanties étendues, afin de proposer à nos adhérents un support qui soit cohérent avec le contrat Afer et la philosophie de notre association. Nous restons bien évidemment à l’écoute de tous et nous sommes convaincus qu’il faut assurer une véritable pédagogie de l’eurocroissance car les épargnants veulent savoir ce qui est fait de leur argent : soutenir nos PME, l’emploi, la croissance tout en leur délivrant de la performance. Ce qui est bon pour les épargnants est bon pour la France. L’euro-croissance trouvera sa place aux côtés des fonds en euros, au moment où la baisse des taux d’intérêt pèse lentement mais sûrement sur leurs rendements. L’euro-croissance est particulièrement indiqué aux épargnants ayant des objectifs d’investissement à long terme, dans le cadre par exemple de la préparation de leur retraite.

P.P. : Comment être certain que l’euro-croissance séduira vos adhérents ?
G.B. : Parce qu’il nous semble être un produit de qualité et qu’il propose un bon équilibre entre le risque et la sécurité. Comme toujours à l’Afer, notre volonté est d’assurer l’équité entre tous nos adhérents en matière de redistribution de la performance. À cet égard, nous nous engageons à tenir compte des taux d’actualisation en vigueur dans le cadre du calcul de la provision mathématique de notre support eurocroissance et de veiller à ce que la valeur de la part soit identique pour tous nos adhérents au niveau de la poche de diversification. Avec Afer Eurocroissance, l’Afer permet en outre à ses adhérents d’élargir leurs options en matière de diversification. De fait, Afer Eurocroissance offre d’investir dans des actifs sous-jacents capables de générer de la valeur dans la durée comme les actions ou l’immobilier…

P.P. : Quels sont les atouts de l’euro-croissance en matière de fiscalité ?
G.B. : Les fonds euro-croissance constituent une alternative complémentaire au fonds euros et offrent une possibilité de diversification intéressante. Toutefois, dans le contexte actuel, un soutien par un encouragement fiscal serait nécessaire. Nous militons pour que Bercy fasse un geste en faveur de ce produit qui est appelé à soutenir nos PME dans l’intérêt économique de notre pays. Différentes pistes sont envisageables, à l’image de ce qui prévaut pour d’autres dispositifs, tant en matière d’impôt sur le revenu (pour une exonération au terme comme cela existe pour les contrats dits DSK), que d’ISF (avec un abattement en fonction de la durée d’engagements selon la pratique pour les actions en direct). Un allègement de la fiscalité décès, comme dans le cas des contrats vie-génération, permettant également d’investir dans les PME, qui bénéficient d’un abattement à la base de 20 % pourrait également être appliqué. Une autre piste serait de permettre de rendre le support euro-croissance éligible au PEA Assurance. Il s’agit là d’exemples de ce qui est défendu aujourd’hui par l’Afer. J’espère que nous serons entendus par Bercy.


 

Fonds traditionnels vs Nouvelle génération

Pour les épargnants, repenser son assurance-vie est donc devenu vital. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu pour réagir, profitant des nouvelles générations de fonds en euros mises sur le marché ces dernières années. Deux nouvelles catégories ont globalement émergé :

– les fonds en euros immobilier, investis dans l’immobilier d’entreprise, qui représente en moyenne 56 % du total du portefeuille. Il peut s’agir d’immobilier détenu en direct ou de parts de SCI ou OPCI.

– les fonds en euros investis en Bourse, qualifiés de fonds en euros dynamiques, comportant une poche de 25 à 30 % exposée aux marchés financier, quand dans un fonds en euros classique, la part d’actions est généralement comprise entre 5 et 10 %.

Or, le match a il y a peu tourné en faveur des fonds en euros de nouvelle génération. Au cours des huit années écoulées, les fonds euros classiques ont généré un taux de rendement moyen de 3,3 % net de frais avant prélèvements sociaux. Les fonds en euros dynamiques ont rapporté 3,7 % en moyenne de 2007 à 2014, alors que de leur côté, les fonds en euros à orientation immobilière ont fait encore mieux avec une performance moyenne de 4,2 %, dont 3,6 % en 2014.

Ces fonds en euros nouvelle génération ne constituent toutefois pas une martingale permettant à coup sûr de gagner plus. En raison d’une allocation d’actifs davantage exposée en risque, le rendement des fonds euros dynamiques est en particulier plus volatil que dans un fonds classique. Les mauvaises années, l’épargnant doit accepter une performance proche de zéro, mais jamais négative. De même, les fonds en euros à dominante immobilière restent tributaires de la bonne tenue de l’immobilier d’entreprise. En l’occurrence, l’immobilier n’échappe pas aux cycles. Mais, les actifs de ces fonds en euros sont souvent de première qualité, ce qui limite les risques.

Par ailleurs, si les fonds euros classiques permettent à l’assuré d’investir la totalité de son capital tout au long de l’année, certains fonds euros de nouvelle génération ne sont ouverts à la souscription que sur une période de temps limitée. En outre, il est rarement possible d’y investir tout son capital, l’assureur exigeant une diversification sur les unités de compte du contrat, dont le capital n’est par nature pas garanti.

 


Antoinette Mortier, directrice du marché Epargne UC Retraite d’Aviva Vie

Antoinette-MortierPatrimoine Privé : Quels conseils donneriez-vous aux épargnants pour optimiser leur assurance-vie ?
A.M. : La culture de la diversification prime chez Aviva. Quel que soit l’âge d’un client, son appétence au risque ou encore son horizon de placement, il est recommandé de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Nos conseillers sont présents aux côtés de nos clients pour établir un diagnostic sur les placements les plus adaptés, en tenant compte de leurs objectifs et de leur profil d’investisseur. La tendance des marchés financiers constitue également un élément déterminant au moment d’investir. À ce titre, nous disposons chez Aviva d’un réseau de conseillers experts stable, ce qui permet d’avoir un suivi de chaque client dans le temps. Au gré des évolutions de leur situation patrimoniale, de leurs changements d’objectifs ou de l’orientation des marchés financiers, ils sont présents pour leur recommander de nouvelles stratégies.

P.P. : De quels outils disposent vos assurés pour faciliter la gestion de leur contrat ?
A.M. : Pour aider nos clients à optimiser leurs investissements, Aviva propose une large palette d’options financières. Elles sont adaptées à chaque profil d’investisseur, à ses objectifs et son horizon de placement. Sont ainsi proposés pour investir progressivement sur les marchés financiers, le plan d’investissement progressif ou les arbitrages programmés. Pour sécuriser les gains engrangés, il est également possible d’opter pour notre solution d’écrêtage ou d’arbitrer annuellement ses intérêts. Un épargnant souhaitant disposer de revenus réguliers pourra s’orienter vers notre solution de rachats programmés… Toutes ces options sont d’ailleurs gratuitement accessibles à l’ensemble de nos clients.

P.P. : Quels éléments surveiller au moment de choisir son assurance-vie ?
A.M. : Avant de souscrire un contrat d’assurance-vie, il est essentiel de veiller à la qualité des actifs proposés. Ils doivent permettre comme je l’ai déjà souligné de jouer la diversification. Chez Aviva, nous proposons une gamme de 60 supports, – fonds en euros ou unités de compte -, au sein de nos contrats d’assurance-vie, offrant la possibilité d’investir sur l’ensemble des classes d’actifs et ainsi de se placer en position de faire fructifier son épargne. Il convient en l’occurrence d’analyser les performances passées des supports, même s’il faut rappeler que les performances passées ne préjugent en rien des performances à venir. Par ailleurs, notre gamme évolue régulièrement. Face aux incertitudes des marchés financiers, nous avons intégré en avril un nouveau fonds à notre gamme : Aviva Investors Multi Strategy Target Return, compartiment de la SICAV luxembourgeoise Aviva Investors (Part J) : un fonds investi sur plusieurs classes d’actifs à l’échelle internationale.

P.P. : Quels investissements privilégier actuellement ?
A.M. : Chez Aviva, nous avons des convictions de long terme et non pas conjoncturelles. À ce titre, nous sommes toujours positifs sur les marchés actions européens et japonais qui conservent un certain potentiel d’appréciation. Nous sommes par contre plus réservés sur les marchés émergents et américains. En ce qui concerne l’obligataire, nous privilégions la dette privée aux emprunts d’État.


 

Fonds Euro-croissance : la 3ème voie

Avec les nouveaux fonds euro-croissance, l’objectif annoncé est de dynamiser les rendements de son épargne sans renoncer à la garantie du capital. Ces fonds sont un mixte entre la sécurité des fonds en euros et le dynamisme des unités de compte. Mais pour véritablement bénéficier de la garantie en capital, il est impératif de viser un investissement sur le long terme. De fait, le capital n’est pas garanti en permanence comme dans le cas des fonds en euros traditionnels mais uniquement au terme. Pour bénéficier de la garantie en capital, le souscripteur doit s’engager pour un minimum de 10 ans, avec la possibilité d’aller jusqu’à 40 ans.

L’objectif en repoussant l’échéance est de permettre à l’assureur d’être en capacité d’aller chercher un surcroît de performance au travers de la « provision technique de diversification », une poche investie dans des actifs risqués plus rémunérateurs.

Les fonds euro-croissance n’interdisent pas au final de sortir avant l’échéance, mais cette sortie se fera sans le bénéfice de la garantie en capital. Un « détail » à bien garder en tête.

Concernant les performances attendues, il est délicat à ce stade de faire des pronostics mais elles pourraient être supérieures de 0,5 à 1 % selon les anticipations à celles des fonds en euros traditionnels. Dès lors la question est de savoir si ce surcroît de rémunération potentiel justifie de prendre d’avantage de risque. Force est en tout cas de constater que les fonds euro-croissance ont réalisé un démarrage timide. Le contexte financier serait notamment peut favorable aux fonds euro-croissance. La faiblesse actuelle des rendements obligataires n’autorise pas de fait une très large diversification des actifs financiers de ces fonds. Or, tant que cette situation perdurera, il sera difficile pour les assureurs d’aller chercher des gains supplémentaires.

Dans tous les cas, les fonds euro-croissance sont avant tout destinés aux épargnants disposant d’un horizon de placement à long terme et disposant d’une épargne de précaution pour être certain de ne pas avoir à sortir avant l’échéance.

 


Philippe Parguey, directeur du développement de Nortia

Philippe-PARGUEYPatrimoine Privé : En partenariat avec la CNP, Nortia vient de lancer Canopia. À ce titre, quels sont les principaux avantages d’un contrat d’assurance-vie haut de gamme ?
P.P. : Destiné à une clientèle patrimoniale, Canopia entend proposer des choix d’investissement étendus. Ce contrat disposera notamment à terme de plusieurs actifs en euros. C’est incontournable pour de l’assurance-vie haut de gamme. Dans un premier temps, il comportera un fonds en euros de CNP Assurances et très bientôt un fonds en euros actif, permettant de bénéficier d’un surcroît de performance par le biais d’une poche en UC. L’objectif, à terme, est de disposer de quatre fonds en euros avec l’ajout d’un fonds en euros différé mais également d’un fonds euro-croissance. Mais en l’occurrence, le timing sur les marchés financiers n’est pas idéal pour lancer ce nouveau support. Au-delà des fonds en euros, les souscripteurs pourront tout naturellement accéder à un large éventail d’unités de compte, entre 500 et 700, avec notamment des fonds structurés et des SCPI, la gestion sous mandat…

P.P. : Les produits structurés sont parfois décriés. Ne sont-ils pas risqués ou du moins difficilement lisibles ?
P.P. : Ce sont des produits qui font preuve d’une vigilance renforcée de la part de nos autorités de tutelle. Pour autant, leur fonctionnement est peut être moins compliqué à expliquer à un client que celui d’un fonds en euros. Pour les épargnants, ils constituent en outre une source de diversification aux placements financiers traditionnels que sont les actions, les obligations ou les fonds en euros. Ils permettent en particulier de s’adapter à la sensibilité de chaque investisseur au risque, tout en optimisant le couple rendement-risque de leur allocation.

P.P. : Quid des SCPI ?
P.P. : Concernant les SCPI, il est également important de pouvoir investir dans la pierre au sein de son contrat. Au-delà de l’opportunité de doper ses rendements, investir dans des SCPI au sein de l’assurance-vie est une opération fiscalement intéressante. Les revenus fonciers restent en particulier dans le contrat.

P.P. : Quelle est la clientèle ciblée par Canopia ?
P.P. : Canopia est accessible à partir d’un ticket d’entrée de 250 000 euros. Dans un premier temps, nous visons des personnes morales, dans le cadre par exemple de la gestion de trésoreries stables des sociétés patrimoniales. Concrètement, le niveau de souscription moyen s’établit actuellement à 600 000 euros pour les PM. Une clientèle particulière aisée ira progressivement sur le contrat, compte tenu de la qualité de notre produit. Nous devrions atteindre en vitesse de croisière, d’ici deux ans environ, une collecte de l’ordre de 100 millions d’euros par an. Mais notre objectif est avant tout qualitatif !

P.P. : Également destinés à des assurés fortunés, le gouvernement vient de lancer les contrats vie-génération. Ces contrats ont-ils un réel intérêt pour les épargnants ?
P.P. : Les contrats vie-génération donnent accès à un avantage fiscal négligeable, les capitaux investis avant 70 ans permettant de bénéficier d’un abattement à la base de 20 %, à déduire avant l’abattement de 152 500 euros par bénéficiaire. Mais revers de la médaille, – et non des moindres -, le capital n’est pas garanti et au moins un tiers de l’épargne doit être investi soit dans les PME, soit dans le logement social ou intermédiaire… En résumé, pour bénéficier de l’avantage fiscal des contrats vie-génération, il faut prendre des risques. Si l’objectif est de transmettre un capital à ses enfants d’autres dispositifs existent comme le démembrement (ou les sociétés civiles) avec au passage un meilleur rapport fiscalité/ risques.

P.P. : En plein débat sur la loi Macron, quelles avancées espérer pour assurer le devenir de l’assurance-vie française ?
P.P. : L’assurance-vie française a besoin d’un surcroît de souplesse pour mieux affronter la concurrence comme les contrats luxembourgeois. À l’occasion d’un rachat ou du dénouement d’un contrat d’assurance-vie en unités de compte, le souscripteur ou le bénéficiaire du contrat devraient avoir la possibilité d’opter pour la remise d’unités de compte, quelle que soit leur nature, à la place de liquidités. Cela augmentera le champs des possibles des supports proposés (liquide ou pas, coté ou non). Mais ces dispositions sont pour le moment au stade des discussions. Rien ne permet pour à ce stade d’entrevoir leur entrée en application à court terme.


 

Les marchés actions recherchés

L’esprit de diversification des fonds euro-croissance semble en tout cas gagner du terrain chez les épargnants et les souscripteurs d’assurance-vie. Les marchés actions sont notamment de plus en plus perçus comme un passage obligé pour doper la performance de l’épargne. Sur les cinq premiers mois de l’année 2015, le placement préféré des Français a enregistré une collecte nette de 10,7 milliards d’euros, soit un bond de 1,4 milliard d’euros par rapport aux cinq premiers mois de 2014. Sur le seul mois de mai, les souscriptions nettes se sont élevées à 1,2 milliard d’euros, selon la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA). Mais surtout, la collecte nette des UC a pour la première fois dépassé celle des fonds euros, ressortant à 5,8 milliards d’euros contre 4,9 milliards d’euros.

Pour s’inscrire dans la durée et marquer un véritable changement d’état d’esprit, les bourses devront toutefois confirmer leur bonne tenue dans le temps mais également afficher des parcours moins accidentés. Une nouvelle correction pourrait ruiner ces velléités de passer du cap de simple épargnant à investisseur. Le retour vers les valeurs refuges traditionnelles – comme les fonds en euros – ne serait pas alors forcément étonnant.

En attendant, il convient de saisir les opportunités en investissant sur les unités de compte. Pas question de tout miser sur les UC, sauf pour les investisseurs les plus téméraires, mais un panachage des fonds en euros – traditionnels, de nouvelle génération ou euro-croissance – avec des supports plus offensifs paraît, de l’avis de nombre de professionnels, la meilleure solution à adopter face à des marchés incertains. Pour les investisseurs les moins aguerris, le recours à des fonds flexibles est une solution. Ils modifient alors leur gestion selon la conjoncture pour offrir les meilleures performances possibles.

Attention toutefois, l’offre est très disparate et certains fonds peuvent être relativement offensifs. L’autre possibilité est de faire appel à la gestion pilotée ou déléguée en s’appuyant sur les conseils de professionnels.

 


François Boisseau, directeur de l’épargne à La Banque Postale

Francois-BoisseauPatrimoine Privé : Comment se décline l’offre de La Banque Postale en matière de contrat d’assurance-vie haut de gamme ?
F.B. : La Banque Postale propose une large gamme de contrats d’assurance-vie adaptée à chaque profil patrimonial. Tous les épargnants n’ont de fait pas la même surface financière. En 2014, nous avons en particulier revisité notre offre haut de gamme Cachemire, les attentes de clients disposant de 30 000 ou 300 000 euros n’étant pas forcément les mêmes. Nous avons ainsi lancé Cachemire Patrimoine et Cachemire 2. Ces contrats donnent accès à trois modes de gestion, dont la gestion libre qui permet à chaque souscripteur de diversifier son capital comme ils le souhaite. Il bénéficie de fait d’une large sélection de supports, du plus prudent avec le support Euros, au plus dynamique sur le long terme avec des supports en unités de compte. Il est également possible de déléguer la gestion de son contrat ou d’un capital à un expert avec l’option Mandat d’Arbitrage, accessible à partir de 10 000 euros pour Cachemire 2 et de 75 000 euros (mandat en titres vifs) pour Cachemire
Patrimoine. Ce type d’option est généralement disponible dans les contrats haut de gamme à partir de 200 000, voire 300 000 euros. Il est en outre possible de changer gratuitement de mode de gestion à tout moment.

P.P. : De quels autres avantages bénéficient vos assurés ?
F.B. : Les souscripteurs de nos contrats de la gamme Cachemire bénéficient notamment de frais dégressifs en fonction des encours sous gestion. Ces frais dégressifs viendront naturellement améliorer la performance du contrat. Plus généralement, Cachemire 2 et Cachemire Patrimoine donnent accès à des fonds en euros compétitifs – leurs rendements 2014 s’étant respectivement établis à 2,60 % et 2,70 % –, et un large éventail d’UC permettant à chaque épargnant d’investir en fonction de ses objectifs et de son aversion au risque. Nos assurés ont également accès à des options comme la garantie décès ou la possibilité de sécuriser leurs plus-values. Nos contrats ont au final la possibilité d’être personnalisés en fonction des besoins et des attentes de nos clients.

P.P. : Concernant les fonds en euros, La Banque Postale va-t-elle proposer le nouveau venu, le fonds euro-croissance ?
F.B. : Même si les conditions de marché ne sont actuellement pas favorables au lancement de ce type de produit, le fonds euro-croissance est à la base un bon support. Avec CNP Assurances nous travaillons sur le sujet afin de pouvoir le proposer à terme à nos clients.

P.P. : Que pensez-vous des contrats vie-génération destinés comme la gamme Cachemire à une clientèle fortunée ?
F.B. : La philosophie des contrats vie-génération est tout à fait différente de celle de Cachemire 2 ou Cachemire Patrimoine. Ces nouveaux contrats sont limités à des épargnants de moins de 70 ans du fait de leur particularité fiscale. Il convient en outre pour les souscripteurs d’avoir des objectifs très précis en matière de transmission de patrimoine et de s’être assurés d’avoir déjà fait le plein des abattements (à hauteur des 152 500 euros par bénéficiaire). Il faut en outre accepter d’être investi à 100 % en unités de compte, avec une partie de son capital placé dans des PME/ETI notamment… Au final, les contrats vie-génération s’adressent à un marché de niche d’investisseurs patrimoniaux avertis.


 

Les très discrets contrats Vie-génération

Lancés en même temps que les contrats euro-croissance, les contrats vie-génération sont pour le moment loin d’être sur le devant la scène. Destinés aux assurés fortunés, ils procurent un avantage fiscal en contrepartie d’une prise de risque plus élevée. Ces contrats ont surtout la particularité de ne pas offrir de garantie en capital. Ils ne disposent pas en particulier de fonds en euros et l’argent est investi à 100 % en unités de compte. Par ailleurs, un tiers au moins de l’épargne doit être placée dans des PME/ETI ou dans l’économie sociale et solidaire.

En contrepartie de ce risque plus élevé, les capitaux transmis lors du décès du souscripteur bénéficient d’un abattement supplémentaire de 20 % qui se cumule avec l’abattement traditionnel de 152 500 euros existant en assurance-vie. Autrement dit, la base de calcul servant au calcul des droits de transmission est réduite de 20 % préalablement à l’exonération de 152 500 euros par bénéficiaire. Les contrats vie-génération sont par conséquent destinés aux patrimoines importants et aux investisseurs pour le moins avertis.

Sans révolutionner pour le moment le paysage de l’assurance-vie, les fonds euro-croissance et les contrats vie-génération jouent dans tous les cas, avec plus ou moins de bonheur, la carte de la diversification, essentielle à tout épargnant. Mais, entre faiblesse des taux obligataires pour les euro-croissance et prise de risque pour les vie-génération, ces deux produits doivent encore convaincre pour trouver leur public !

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