Depuis quatre siècles, le destin de la France se mêle à celui des Mellerio, joailliers dont la « petite » histoire croise souvent la « grande » et fournissent les Reines de chaque pays d’Europe depuis Marie de Médicis. Unique en son genre, le fonds d’archive conservé par la famille depuis les origines témoigne de l’intimité des relations tissées entre Mellerio et ses clientes. Toutes ces femmes, icônes de la mode et de leur société, commanderont des pièces dont l’élégance et le souffle créatif seront, de tout temps, salués par les les collectionneurs du monde entier. Patrimoine Privé vous invite à pénétrer les secrets de cette incroyable dynastie dont l’ascension, des montagnes italiennes à la rue de la Paix, est exemplaire. Jusqu’à ce jour, quatorze générations de créateurs se sont succédées aux commandes de la prestigieuse Maison, la dernière de Haute Joaillerie française à jouir encore d’une totale indépendance, auréolée du Label Entreprise du Patrimoine Vivant, Joaillerie de France, et membre, entre autres, des très select Comité Colbert et Comité Vendôme.

 
Venus de Craveggia, petit village du Val Vigezzo niché à la frontière entre le Piémont et la Lombardie, les Mellerio arrivent en France à l’aube du XVIème siècle, après les Guerres d’Italie. Ils y exercent les métiers de fumistes, de colporteurs, de marchands saisonniers, tout en gardant des liens étroits et constants avec leur pays d’origine. En 1613, la Régente Marie de Médicis décide d’octroyer sa protection aux Mellerio et aux autres habitants de trois villages lombards « pour services rendus au Royaume de France ». Par arrêt du Conseil du Roy, en date du 10 octobre, elle leur accorde le privilège unique et exceptionnel d’exercer leur métier à Paris et sur tout le territoire sans qu’ils aient à se soumettre aux contraintes administratives appliquées ordinairement. La légende raconte que cet incroyable privilège a été donné après la découverte par l’un de ces ramoneurs d’un complot visant à assassiner le jeune roi Louis XIII. Il aurait en effet surpris une conversation depuis un conduit de cheminée du palais du Louvre dans lequel il travaillait… Ce privilège de 1613, renouvelé par tous les rois suivants, marque le départ de l’activité des Mellerio qui, dès lors, se concentreront davantage sur leur métier de marchands d’objets précieux.

 

Le Joailler des reines

À la toute fin du XVIIIème siècle, Jean-Baptiste Mellerio bouscule le destin : il pousse les grilles du Château de Versailles et devient fournisseur de la Cour. Il est le premier des Mellerio à ouvrir une boutique au 20, rue Vivienne en 1799. En 1815, son cousin Jean-François a l’ingénieuse idée d’ouvrir la sienne dans une rue où il n’y a encore aucun joaillier et dont l’emplacement est idéal : la rue de la Paix. Le XIXème siècle sera alors celui de la consécration : une réputation inégalée pour la qualité et le choix des pierres précieuses, une facture et un style raffinés, une clientèle prestigieuse et internationale, de nombreuses distinctions récompensant leur virtuosité et leur modernité.
Ces talents incarnés par tous les Mellerio continuent à se déployer au XXème siècle. Ainsi, Charles Mellerio (1879-1978), le grand-père d’Olivier, était à la fois Joaillier Meilleur Ouvrier de France, Prix de Rome, et dirigeait la Maison avec deux de ses frères. C’est sans doute le secret de la longévité de cette dynastie : chaque génération eut à coeur d’améliorer ce qu’a fait la précédente, habitée par la passion de son métier et investie d’un devoir de transmission. Aujourd’hui, grâce à tant de persévérance, cet héritage est intact à l’aube de son cinquième siècle d’existence, avec à la barre une quinzième génération prête à relever les défis de ce troisième millénaire.

 

Un statut privilégié

C’est sous le règne de Louis XVI que Joseph Mellerio, son frère Jean-François et ses neveux François et Jean-Jacques commencent à occuper une place significative dans la joaillerie française. Leurs activités, d’abord parisiennes, s’étendent très vite dans toute la France et jusqu’en Angleterre. Mellerio se spécialise dans les produits de luxe : objets d’orfèvrerie, bagues, bijoux, montres et breloques, boîtes précieuses en écaille ou or, tabatières, bonbonnières, boucles de chaussures… que Marie-Antoinette aime offrir en toute occasion à ses amies de cœur. La Révolution ne fait qu’interrompre momentanément une activité qui reprend et se renforce avec l’Empire : François Mellerio est alors présenté à l’Impératrice Joséphine dont il devient l’un des fournisseurs attitrés. C’est le début d’une éclatante réussite. La boutique de la rue de la Paix accueille les personnalités du monde entier : les Orléans, les Rothschild, les Cours d’Espagne, de Russie, d’Italie, de Belgique, les diplomates, les intellectuels, artistes… Dans les Livres de commandes, dits « Brouillards des comptes », conservés depuis 1766, sont consignés les plus grands noms des familles de la Cour et de la grande bourgeoisie parisienne. Ce fonds d’archives exceptionnel révèle une proximité particulière entre le joaillier et ses clientes.

 

Marie-antoinette première cliente royale

Même si Louis XIII précise dans le 2ème décret accordé aux Mellerio en 1635, que les Mellerio vendaient déjà leurs marchandises à la Cour lors de son règne et de la Régence de sa mère, la première cliente royale à qui la Maison fait souvent référence dans son histoire est la Reine Marie-Antoinette. Elle a acheté un bracelet figurant 7 camées entourés de rubis à Jean-Baptiste Mellerio, qui présentait ses bijoux à Versailles à l’aide d’une « marmotte », qui a été conservée et appartient toujours à Mellerio dits Meller. Par ailleurs, et parce qu’ils étaient très proches des Reines de France et de Marie-Antoinette en particulier, ils ont rapporté dans leur village natal des objets précieux pour les protéger des affres de la Révolution. Ainsi se retrouvent aujourd’hui jalousement gardés par la paroisse de Craveggia des vêtements magnifiquement brodés lui ayant appartenu, dont son manteau nuptial. Y sont également conservés tous les décrets et privilèges royaux, reliés dans un livre de cuir avec des sceaux de cire sur lesquels on distingue encore les armoiries du Roi de France : trois fleurs de lys.

 

 

Joséphine et l’Empire

L’Impératrice Joséphine aimait beaucoup Mellerio qu’elle avait autorisé à se « présenter aux Tuileries toutes les fois qu’il aurait de belles nouveautés à voir ». C’est grâce à sa dame d’honneur, la Comtesse de Ségur (dont le célèbre écrivain a épousé le petit-fils), qu’il lui a été présenté. La maison a réalisé pour elle des bijoux de style romantique (ou néo-gothique), qui fut très apprécié quelques années plus tard. Une preuve supplémentaire de l’avance de l’Impératrice sur les goûts et tendances de son époque, qui se retrouve ainsi chez ses fournisseurs. Grâce à Joséphine, toute la noblesse d’Empire viendra choisir parures et joyaux chez Mellerio, malgré l’attachement de ces derniers à l’Ancien Régime grâce auquel ils se sont développés.

 

La cour d’espagne

Alors qu’à Paris la Révolution gronde, les Mellerio décident de prospecter l’Espagne et ouvrent une première succursale à Madrid en 1848. Dès lors, Mellerio dits Meller compte parmi ses meilleures clientes la Reine Isabelle II d’Espagne. À sa suite, de nombreuses grandes familles espagnoles viendront passer commande chez ce joaillier français, dont l’enseigne est ici « Mellerio Hermanos ». C’est là qu’Eugénie fera la connaissance de Mellerio dont elle apprécie la qualité de ce qu’ils présentent (tout sera fabriqué par l’atelier parisien). Elle y retournera donc tout naturellement lors de son installation à Paris, et encore davantage quand elle sera Impératrice : elle deviendra même la plus importante cliente de toute l’histoire de la Maison. Les archives révèlent une fréquentation très assidue, jusqu’à plusieurs fois par mois pendant 20 ans !

 

La cour des Pays-Bas

À la fin du XIXème siècle, c’est la Cour des Pays-Bas qui remplit les livres de commande de Mellerio. Notamment avec cette impressionnante parure de rubis très souvent portée par la Reine Maxima des Pays-Bas, notamment sur son premier portrait officiel en tant que Reine des Pays-Bas, réalisé le matin du couronnement de Willem-Alexander le 30 avril 2013. Elle est composée de 36 rubis exceptionnels, et fut commandée pour le sacre de la Reine Emma en 1888.

 

Un style, la grâce

Au fur et à mesure des siècles, les Mellerio élargissent leur savoir-faire et polissent leur style qui fait tourner les têtes, qu’elles soient couronnées ou non. D’un classicisme sensuel et empreint de son époque, il est apprécié par une clientèle fidèle de génération en génération.
Leur double héritage, italien et français,  irrigue depuis les origines l’esprit et le style de Mellerio dits Meller. Il fonde l’équilibre de ses créations, entre classicisme et audace, sagesse et créativité, simplicité et faste. Cette approche inspirée de la joaillerie se manifeste tout au long de son histoire. Tous les créateurs qui se sont succédé chez Mellerio dits Meller imaginent des bijoux remarquables d’élégance et de raffinement. C’est dans leur apparente simplicité que se révèle le talent de ces artistes : surmonter les contraintes techniques pour réaliser un bijou aux lignes équilibrées et harmonieuses.
Le naturalisme sera un des thèmes de prédilection de la Maison, et réinterprété à chaque génération. Les autres grands courants artistiques se retrouveront aussi dans l’histoire de la création de Mellerio dits Meller : le goût de l’Antique, le style Louis XVI, le style guirlande, l’Art Nouveau, l’Art Déco, les années 40… autant de styles qui se résument en seul : moderne et intemporel à la fois.

 

La matière sublimée

Parfois artisans, parfois artistes, souvent les deux, mais toujours inspirés, les Melllerio traversent les grandes périodes de l’histoire avec une constante : la curiosité et le désir de toujours mieux faire. Chacun apportera sa pierre à l’édifice et lèguera à la postérité des pièces qui feront date. Les grandes Expositions Universelles donnent lieu à de véritables démonstrations de savoir-faire, qui accroissent le prestige des Mellerio et feront d’eux les Joailliers incontournables du XIXème siècle. Les pages de commandes, les livres de dessins, et la collection de bijoux anciens consciencieusement compilée par la famille depuis plusieurs générations témoignent de cette excellence :
des gemmes exceptionnelles : impressionnantes par leur taille, leur origine, leur qualité ou leur nombre (commandes de diamants de plus de 30 carats dès les années 1860, multiples rangs de perles rares, colliers sertis de 400 carats d’émeraudes…) ;
des techniques innovantes (brevets), ingénieuses (bijoux transformables, accessoires intelligents) et maîtrisées à la perfection (émail mat, brillant, plique à jour; or gravé, tissé, repercé, torsadé…).
Toutes ces réalisations constituent un héritage unique transmis de génération en génération, salué par la profession et plébiscité par la clientèle de Mellerio dits Meller  aujourd’hui. Cette « tradition de création », signature de la Maison dans les années 1940, est son principe fondateur, renouvelé à chaque génération.

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Des collections inspirées

En hommage à toutes ces reines qui commandaient leurs bijoux personnels chez Mellerio dits Meller, la Maison crée ses nouvelles collections en s’inspirant des créations qu’elle a réalisées pour elles, dont les dessins et les commandes sont conservées dans les archives. Ainsi la Collection Marie-Antoinette, Reines de Cœur (Reine de Naples, de Belgique, de Suède…), Monte Rosa… En 2013, Mellerio dits Meller fête son 400ème anniversaire, événement unique dans la joaillerie française et internationale. Il y a 400 ans, Marie de Médicis, Reine de France, accordait des privilèges aux Mellerio par décret royal et donnait ainsi naissance à ce qui deviendra la plus ancienne dynastie de joailliers. Mellerio dits Meller célèbre aujourd’hui cet anniversaire remarquable en créant une collection de Haute Joaillerie dont chaque pièce est une innovation technique et stylistique à elle seule. Puisant dans son fonds d’archives exceptionnel et dans sa propre collection de pierres précieuses rassemblée par plusieurs générations de Mellerio, le Joaillier de la rue de la Paix relève ce défi hors du commun et fait appel à une signature particulière, renouant ainsi avec une tradition qui lui est propre :  collaborer avec les meilleurs créateurs et artisans de son temps.

 

Une rencontre particulière

Après Lalique et Falize, Mellerio dits Meller invite Edéenne à imaginer cette collection rare et singulière. Femme aux multiples facettes dans une vie antérieure, Edéenne découvre sa vocation de Joaillière il y a quelques années lors d’une plongée dans les eaux du Lac Majeur, à deux pas du berceau des Mellerio… Depuis, la poésie et le raffinement de son style, son savoir-faire et son talent d’innovatrice lui ont permis de se hisser dans la Cour des joailliers d’art. Son constant désir de traduire une émotion et de raconter une histoire avec ses bijoux résonne de manière évidente avec l’univers de Mellerio dits Meller. Lors de sa rencontre avec Olivier Mellerio, sans doute prédestinée, le coup de foudre entre l’institution de la rue de la Paix et la joaillière est immédiat. Elle fut bouleversée en découvrant les archives de la Maison et les commandes effectuées par les Reines qui y sont consignées. Animée par la modernité de la personnalité de Marie de Médicis, sa main « fut instantanément inspirée » pour concevoir la collection que Mellerio dits Meller souhaitait réaliser en hommage à sa première cliente royale.

 

Marie de Médicis, reine contemporaine

Derrière l’image d’une femme forte au caractère affirmé, Marie de Médicis révèle une personnalité d’une richesse inouïe : issue de la famille la plus raffinée d’Europe, elle grandit à Florence entourée de tout ce qui se fait de plus beau et de plus précieux au monde. Elle deviendra une grande protectrice des arts, commissionnant à Rubens sa plus grande commande, développant les bals à la Cour, faisant appel aux plus grands artistes italiens pour décorer le Louvre et créer le Palais du Luxembourg. Elle fut autant une femme aimante et fidèle qu’une grande séductrice, aussi férue d’affaires et de politique que de mode. Mais par-dessus tout, Marie de Médicis entretenait une passion immodérée pour les bijoux, notamment les diamants et les perles, dont elle fut la plus grande collectionneuse au monde. Elle savait tailler elle-même les pierres précieuses, choisissait et dessinait personnellement ses bijoux. Elle les arborait sur ses cheveux, son cou, son corps, les portant comme des vêtements, cousus à même ses robes. Edéenne, fascinée par cette façon unique de porter les bijoux et par la richesse artistique de Mellerio dits Meller, dont les innovations lui ont valu de nombreuses distinctions, dessine chaque pièce de la Collection Médicis pour les femmes qui aiment les joyaux. Ainsi naissent sous sa plume des bijoux féminins, fluides et sensuels, dont l’audace et la grâce se distinguent de façon inédite.

 

Une collection  à fleur de peau

Les bijoux de la Collection Médicis épousent le corps, comme ce collier inattendu qui vient entourer le cou tel la main d’un homme qui le caresse, cette broche qui s’accroche au creux des seins, ce négligé qui se pose sur le ventre, ces bagues qui courent sur les doigts, ou encore ces motifs ajourés qui laissent entrevoir la peau…

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