Situé à 47 kilomètres au sud-est de Paris dans la commune de Courances, dans la province du Gatinais, aujourd’hui département de l’Essonne, le domaine était durant le Moyen-Âge une vaste seigneurie s’étendant à l’extrémité ouest de la forêt de Fontainebleau. La fortune et la persévérance des différents propriétaires ont permis au château de Courances de traverser le temps et d’offrir un ensemble architectural et paysager extraordinaire.


Les conséquences de la Guerre de Cent Ans ont contraint les dernières familles nobles qui détenaient Courances à le vendre à une famille de bourgeois parisiens en 1460. Les Lapite vont conserver durant un siècle cette demeure médiévale qui sera agrémentée par Etienne Lapite vers 1530-1540 d’une galerie ayant vue sur un jardin.

 

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Le plus bel exemple d’un jardin d’eau de la Renaissance

En 1552, le domaine est vendu à Côme Clausse, secrétaire des commandements du roi, et déjà détenteur de la seigneurie voisine de Fleury-en-Bière. La propriété passera dans les mains de son fils cadet Pierre, puis de son petit-fils François. On doit à la famille Clausse dont plusieurs membres furent Grands-maîtres des Eaux et Forêts, les aménagements paysagers et hydrauliques. Le canal de 600 m est presque aussi long que celui de Fontainebleau. Le domaine est cédé en 1622 à Claude Gallard qui fait ériger un château sur une plate-forme quadrangulaire entourée de douves.

Au XVIIIème siècle, le château est mis au goût du jour par Anne-Catherine Gallard, veuve de Nicolas Potier de Novion, qui ouvre la cour d’honneur en faisant démolir le mur et le portique d’entrée. Sa petite-fille, Leontine-Philippine de Novion épouse en 1768 Aymar de Nicolay, issu d’une très ancienne famille de la grande noblesse de robe parisienne, et poursuivent ensemble l’embellissement du château en faisant ouvrir de nouvelles baies et en ajoutant un vaste fronton sur chaque façade. La tourmente révolutionnaire n’épargna pas Courances qui fut mis sous scellé de 1793 à 1798 avant d’être restitué à la famille Nicolay dont plusieurs membres furent décapités durant la Terreur en 1794.

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À l’époque de la restauration, Aymar de Nicolay continua à enrichir le patrimoine foncier du domaine de Courances. Mais très fidèle à la branche aînée des Bourbons, il préféra quitter la France pour la Suisse quand Charles X fut remplacé sur le trône par son cousin Louis-Philippe, en 1830.

Laissé à l’abandon pendant quarante ans, le domaine de Courances est finalement vendu
par ses héritiers en 1872 à un banquier berlinois et baron, Samuel de Haber, qui confiera à Gabriel-Hippolyte Destailleur la restauration du château dans le style Louis XIII.

Financier de talent, participant aux négociations pour le règlement de la dette de la guerre de 1870, Samuel de Haber jouissait d’une fortune considérable qui lui permit de sauver ce patrimoine historique et redonner vie au fastueux domaine de Courances.
Sa fille unique se maria avec l’érudit comte Octave de Behague qui s’impliqua aussi fortement à entretenir cette propriété familiale.

Berthe et Martine de Behague étaient déjà orphelines quand elles héritèrent de leur grand-père en 1892. Etant l’aînée, Berthe reçut la propriété de Courances, et avec son mari le comte Jean de Ganay, elle poursuivit l’œuvre d’embellissement du parc et inventa le magnifique jardin japonais situé en face de la Foulerie qui sert aujourd’hui de salle de réception et de salon de thé.

De 1940 à 1944, le parc et le château furent occupés par les Allemands. À leur départ, ils firent sauter plusieurs dépôts de munitions qui se trouvaient dans le parc. L’architecte chargé de l’entretien du château estima à 88 millions la remise en état des lieux, mais l’État proposa une indemnité de 7,7 millions.

De 1949 à 1955, le maréchal Montgomery, adjoint au commandant des troupes de l’Otan,
basé à Fontainebleau, s’installa dans les étages nobles ; il a laissé le mât qui arbore les couleurs de la famille de Ganay et le très grand billard.

Châteaux de Courances, demeures historique, patrimoine historiqueChâteaux de Courances, demeures historique, patrimoine historiqueQuand, à vingt-six ans, en 1948, Jean-Louis de Ganay, se retrouve en charge du domaine, cet ancien élève de l’Ecole Nationale d’Agriculture de Grignon, doit procéder à un réaménagement complet du parc et des pièces d’eau. Dans un esprit de simplification du travail et de modernisme, il décida de ne pas reconstituer toutes les allées pour les remplacer par des gigantesques pelouses entourant les dix-sept pièces d’eau alimentées par quatorze sources. Il choisit de laisser une plus grande place à la nature, enrichissant ainsi à son tour le parc de 75 hectares d’une touche « classique romantique ».
On lui doit la plantation des peupliers, notamment le long du grand canal.

Châteaux de Courances, demeures historique, patrimoine historiqueJean-Louis de Ganay s’employa à faire disparaître les nombreux rajouts du XIXème du temps du baron de Haber. Dans son élan de modernisme et d’élagage, il était allé un peu loin notamment en ce qui concerne les lucarnes de la toiture qu’il décida finalement de recréer en 2003 dans l’esprit d’origine. Les derniers travaux de restauration ont porté sur la réfection de la bordure en pierre du Miroir d’eau en 2010-2011 et sur la fontaine du Roi en 2011-2012.

Châteaux de Courances, demeures historique, patrimoine historiqueChâteaux de Courances, demeures historique, patrimoine historiqueÀ présent, le domaine de Courances est supervisé par une de ses quatre filles, Valentine Hansen-de Ganay qui avec son mari le plasticien, Markus Hansen, doit poursuivre la préservation de ce lieux chargé d’histoires et réinventer un art d’y vivre, avec comme projet principal, un rapprochement avec le château de Fleury-en-Bière appartenant aussi à sa famille.

Photo : © Courances

POUR EN SAVOIR PLUS

Site : http://courances.net/