Les énergies renouvelables sont promises à un bel avenir, face à l’impérieuse nécessité de préserver notre planète et d’anticiper la fin d’énergies fossiles toujours plus onéreuses. Mais, investir dans les valeurs du secteur des énergies renouvelables s’apparente aujourd’hui à du capital-risque. Il faut donc être sélectif ou déléguer ses investissements à des gérants de fonds.

 

Le secteur des énergies renouvelables, – qui englobe des sociétés spécialisées dans le solaire, l’éolien, la biomasse, l’hydraulique ou encore la géothermie… -, a généré un chiffre d’affaires de plus de 127 milliards d’euros en 2010 au niveau de l’Union européenne, contre 120 milliards en 2009, soit 15 % de mieux, selon les dernières statistiques de l’EurObserv’ER, l’Observatoire des énergies renouvelables. C’est le photovoltaïque qui est en tête du classement des filières avec un chiffre d’affaires de 45 564 millions d’euros et qui prend la place occupée en 2009 par l’éolien.

À l’échelle mondiale, les énergies vertes suscitent beaucoup d’espoirs. Les investissements dans ce secteur se sont élevés à 162 milliards de dollars en 2009, 200 milliards de dollars en 2010 et 209 milliards de dollars en 2011, selon les chiffres de Global Data. Même les pays émergents sont concernés.

La Chine, dont les immenses besoins énergétiques reposent essentiellement sur ses centrales thermiques au charbon, a investi massivement dans l’énergie solaire. 4 des 10 plus grosses entreprises dans l’éolien sont chinoises, dont le leader mondial Sinovel, de même que 5 des 10 plus grosses entreprises dans le solaire, dont le leader mondial est Suntech.
Au-delà des enjeux écologiques, certains voient les énergies renouvelables comme le moteur de l’économie mondiale de demain.

 

Une bulle des énergies renouvelables ?

Mais la crise est passée par là et l’enthousiasme des investisseurs semble avoir quelque peu flanché. Le surinvestissement a engendré des surcapacités et une surproduction. Dans le photovoltaïque par exemple, l’offre de panneaux solaires est aujourd’hui deux fois supérieure à la demande. Dans ce contexte de concurrence exacerbée, les entreprises européennes ont bien du mal à concurrencer les Chinois. Les groupes européens ont par ailleurs dû faire face ces dernières années à la baisse des aides publiques pour soutenir le secteur.

La France n’a pas été épargnée. En 2011, EDF a baissé son prix de rachat de l’énergie solaire, sans oublier la réduction du crédit d’impôt de 50 % pour les ménages installant des panneaux solaires et la suppression de la TVA à 5,5 % pour l’équipement d’isolation thermique. Des mesures qui ont bien sûr amoindri les carnets de commandes des entreprises du secteur.

Le solaire européen est à ce titre symptomatique des difficultés rencontrées depuis plusieurs mois par les énergies renouvelables. Depuis le début de l’année, le secteur du solaire a vu plusieurs de ses entreprises phares faire faillite, notamment Evergreen, Solyndra, Solar Hybrid, Solon, Solar Millenium ou Q-Cells. Des faillites qui coïncident avec les baisses des subventions accordées aux producteurs d’électricité solaire.

L’électricité solaire n’est à l’heure actuelle pas compétitive sans subventions publiques et la plupart des gouvernements de l’Union européenne ont revu à la baisse leurs mécanismes de soutien à la filière depuis le début de la crise des dettes. Les États-unis ne sont pas épargnés. L’Américain First Solar va supprimer 2 000 emplois et fermer son usine en Allemagne et Phoenix Star a annoncé une réduction de deux tiers de son personnel.

À l’image d’Internet au début des années 2000, nombre de spécialistes n’ont pas hésité à évoquer face à l’immense engouement des investisseurs pour le secteur vert la formation d’une « bulle verte » dès 2008.

 

De réels besoins sur le long terme

Mais au-delà de ce que certains comparent à un effet de mode, les énergies renouvelables ont un véritable potentiel sur le moyen-long terme. Beaucoup d’espoir sont fondés sur l’industrie verte, avec l’objectif fixé par le Grenelle de l’Environnement que 20 % de la consommation mondiale d’énergie soit issue des énergies renouvelables à l’horizon 2020.

Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) qui rassemble les industriels des différentes filières alternatives a présenté, en début d’année, son Livre blanc pour 2020. Cette feuille de route pour le développement des énergies renouvelables en France est agrémentée de projections pour 2030.

Fin 2010, les énergies renouvelables (ou EnR) couvraient 13 % de la consommation d’énergie finale en France contre 9,8 % en 2006. Dans le cadre du Paquet Energie-Climat, la France est engagée à porter cette proportion à 23 % d’ici à 2020. Le SER propose un objectif de 25 % à cet horizon. En suivant le Livre blanc qu’il propose, le syndicat estime que la part des énergies renouvelables pourrait atteindre au moins 34 % de la consommation d’énergie finale française en 2030.

Concrètement, la feuille de route du SER table sur un développement global de toutes les filières renouvelables, en accentuant notamment l’effort de croissance des énergies éolienne et solaire photovoltaïque.

Concernant l’énergie éolienne, le SER parie sur un parc éolien terrestre d’une puissance cumulée de 40 000 MW, soit 40 GW en 2030 (puissance installée de 5,6 GW en 2010). Cela représenterait près de 11 250 éoliennes installées sur le sol français, dans l’hypothèse d’une puissance moyenne de près de 3,5 MW par éolienne. En offshore, le précédent gouvernement s’était engagé à déployer 6 GW d’éoliennes sur les côtes françaises d’ici à 2020, par le biais d’un grand appel d’offres organisé en deux tranches. Le SER appelle à poursuivre le déploiement de ce parc avec un objectif de 15 GW installés en 2030, notamment grâce au développement de l’éolien flottant au large. Pour l’énergie solaire, le SER demande à inscrire
20 000 MW, soit 20 GW en 2020 dans la Programmation Pluriannuelle des Investissements (PPI). Cela équivaut à 20 fois la puissance photovoltaïque installée en 2010.

 

Énergie renouvelables, investissement, gestion placement

Un développement mondial

Il convient en outre de souligner que le premier rapport de court terme (avec un horizon de 6 ans) que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) consacre aux énergies renouvelables anticipe une croissance de la production de 40 % d’ici à 2017 au niveau mondial. L’AIE table sur une hausse de 1 840 TWh de la production d’électricité à partir de sources renouvelables entre 2011 et 2017, soit 60 % de plus que la hausse enregistrée dans les cinq années précédentes.

Et si l’on raisonne hors hydroélectricité (qui représente aujourd’hui 80 % de la production d’énergie renouvelable dans le monde), cette croissance dépasse 100 %. D’abord largement soutenue par des politiques publiques favorables dans les pays développés, la croissance des énergies renouvelables (ENR) s’est récemment déplacée vers les pays émergents, tirée par la hausse de la demande et une recherche de l’indépendance énergétique, constate l’AIE. Les deux tiers de la croissance attendue se produiront dans les pays émergents, Inde, Brésil et surtout, Chine, pour 40 %. Les États-unis et l’Allemagne connaîtront également une croissance significative, mais au global, les pays hors OCDE pèseront 60 % de la production d’énergie renouvelable hors hydroélectricité.

En France, l’AIE prévoit un accroissement de 15 GW des capacités de production qui devraient atteindre 52 GW en 2017. Cette hausse serait due essentiellement à l’éolien terrestre, ce qui peut surprendre lorsqu’on connaît les difficultés que traverse actuellement le secteur, mais aussi au photovoltaïque, aujourd’hui dans une situation guère plus enviable…

La part de l’hydroélectricité dans le mix des énergies renouvelables devrait passer de 80 à 68 % en 2017. Parmi les autres ENR, l’éolien restera prédominant et verra ses capacités de production plus que doubler d’ici à 2017, à 460 gigawatts (GW). Le solaire devrait pour sa part atteindre près de 5 % des capacités ENR, soit 230 GW.

Dans un contexte de maturation des technologies, de concurrence accrue et de réduction globale des coûts, les acteurs sont confrontés à des évolutions parfois brutales des politiques publiques de soutien à ces énergies alternatives et un effondrement rapide des coûts pour certains types d’énergie, notamment le solaire photovoltaïque. Cet environnement de marché devrait déboucher sur une restructuration des chaînes d’approvisionnement et une concentration du secteur côté fabricants, déjà visible au cours de la dernière année qui a vu la faillite de plusieurs acteurs significatifs du secteur. Aussi, même si le potentiel des énergies renouvelable est indéniable à plus longue échéance, il convient d’être particulièrement prudent dans ses investissements. Il est d’ailleurs préférable d’être un investisseur averti pour s’y intéresser et d’avoir recours à des sicav ou fonds. C’est donc pour vous guider que cet article s’accompagne de conseils de grands professionnels des énergies renouvelables.