Sans surprise, la rémunération des fonds en euros a poursuivi son érosion en 2014. Leur taux moyen avoisine désormais les 2,5 %. Mais tous les contrats ne sont pas logés à la même enseigne.
Ces disparités doivent inciter les épargnants les plus mal lotis à revoir leur copie. Des options plus performantes que les traditionnels fonds en euros existent. À étudier !

 

Après avoir servi en moyenne du 2,8 % en 2013, les fonds en euros ont délivré une performance moyenne de 2,5 % l’an dernier. Cette diminution s’explique par la baisse des taux des obligations, qui représentent 80 à 90 % du portefeuille des fonds en euros classiques. Depuis l’automne, les taux souverains sont en effet tombés à des niveaux historiquement bas. L’OAT 10 ans qui rapportait 2,40 % en début d’année dernière est tombé à 0,72 % en janvier. Le solde du portefeuille des fonds en euros, constitué en général d’actions, n’a en outre pas permis de redresser la barre. La Bourse n’ayant pas progressé l’an dernier, les assureurs n’ont pas pu y réaliser des plus-values qui seraient venues gonfler l’ordinaire. Extrêmement volatile, la Bourse a ainsi achevé 2014 en légère perte de 0,5 % contre un gain de 18 % en 2013.

Si les espoirs d’une embellie boursière prévalent en ce début d’année 2015 (des espoirs à relativiser après les déceptions de 2013 et 2014), les anticipations en matière de taux d’intérêt ne poussent par contre pas du tout à l’optimisme. Rien ne laisse présager un retournement de tendance. Or, la collecte de l’assurance-vie en 2014 a retrouvé des couleurs.

La collecte nette (dépôts moins retraits) s’est élevée à 21 milliards en 2014, soit presque deux fois plus qu’en 2013. Les années de vaches maigres, comme 2011 et surtout 2012, appartiennent bien au passé… Mais on reste loin des 50 milliards collectés en 2009 puis à nouveau en 2010.
Au total, l’encours vie a progressé de 4 % sur un an à 1 515 milliards d’euros, et constitue près de 75 % des actifs gérés par les assureurs. Or les assureurs doivent placer la collecte nouvelle dans des obligations qui rapportent de moins en moins, alors que le poids des obligations anciennes à plus fort rendement diminue mécaniquement.

 

Appel à la prudence

Comme l’avenir laisse présager la poursuite d’un environnement de taux d’intérêt très bas, les assureurs-vie ont en tout cas mis de côté une partie des gains réalisés sur leurs fonds en euros, en alimentant la provision pour participation aux excédents. Cette provision revient aux assurés. Les gains qui y sont engrangés doivent être versés par l’assureur aux souscripteurs du contrat dans un délai maximal de huit ans.

Signe que cette situation est prise très au sérieux, l’Afer a pour la première fois de son histoire mis de côté 80 millions d’euros, l’équivalent de 0,2 point de performance sur les 3,4 % réalisés. Jusqu’ici, l’association avait l’habitude de reverser l’intégralité des gains annuels de son fonds en euros à ses souscripteurs.

Si pratiquement tous les assureurs ont renforcé leur PPE, plutôt que de maintenir leur rendement aux niveaux de 2013, c’est en partie suite aux déclarations de Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France. Dès octobre 2014, il avait appelé les assureurs à opérer une baisse significative de leurs rendements 2014, alors que les rendements de contrats d’assurance-vie en euros (à capital garanti) ne cessent de baisser depuis des années, passant de 4,5 % en 2003 à 2,7 % en moyenne en 2013 : « Il est très important que les compagnies d’assurances soient capables de faire baisser leur taux de rémunération et j’attends cette année une baisse significative » avait déclaré très officiellement Christian Noyer lors d’une audition devant la commission des Finances du Sénat. De fait, face au succès de l’assurance-vie auprès des épargnants dans un contexte de taux de plus en plus anémiques, les assureurs n’ont d’autres solutions que d’acheter massivement des obligations à des taux inférieurs à 2 %, ce qui va diluer les rendements futurs en les tirant vers le bas. Mais que se passerait-il en cas de brusque mouvement de décollecte, par exemple si les épargnants décidaient de se tourner vers des placements plus rémunérateurs ? Les assureurs seraient alors dans l’obligation de vendre leurs obligations à perte pour faire face aux vagues de rachat.

Les assureurs sont donc actuellement soumis à un jeu d’équilibriste entre une situation présente qui impose de baisser les taux, mais pas trop pour ne pas décourager les épargnants, et la nécessité d’anticiper un avenir incertain.

 

Des taux nets d’inflation stables sur 10 ans

Entre le verre à moitié vide et le verre à moitié plein, il ne faut toutefois pas toujours pencher du côté sombre. En taux net d’inflation, les fonds en euros sont de fait aussi rémunérateurs qu’il y a dix ans. Il n’empêche, la plupart des assurés, en découvrant que leur contrat rapporte désormais, après déduction des frais sur prime et prélèvements sociaux, à peine 2 %, risquent de faire grise mine.

Dans ce contexte, il est d’autant plus essentiel de surveiller les frais supportés par son contrat d’assurance-vie. Les frais sont de deux natures : les frais sur versements, qui vont de 0 % pour les « e-contrats » (ou contrats Internet) à 4 %, et les frais de gestion annuels. Pour ces derniers, l’échelle est large, de 0 % à 1 %. Plus ils sont importants, plus ils impactent la participation aux bénéfices et leur poids est significatif dans la durée.

Même si les performances sont annoncées nettes de frais de gestion, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas d’impact. Plus ces frais sont conséquents, plus l’écart entre la performance brute et nette est important. Or avec la baisse des rendements bruts, le poids des frais est de plus en plus handicapant. Il est donc important de les minimiser, surtout en ce qui concerne les frais de gestion, ponctionnés tous les ans, contrairement aux frais de versements.

Les e-contrats ont ainsi bien souvent l’avantage. Au-delà de frais d’entrée nuls, les frais de gestion sont réduits à leur portion congrue. Souscrire sur Internet est souvent plus avantageux.
En outre, certains contrats comportent plusieurs niveaux de frais de gestion, en fonction des sommes placées, créant ainsi des inégalités de rendement selon le profil des clients. Il est donc essentiel d’éplucher la notice d’information de son contrat avant toute souscription ou de clairement demander à son conseillé le détail de ces coûts. À surveiller dans tous les cas !

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Des fonds en euros aux multiples stratégies

Mais comme pour tout placement, avant de surveiller les frais, il faut savoir opter pour un produit susceptible de générer de la performance. À ce titre, les fonds en euros ne sont plus une famille monolithique, centrée uniquement sur des placements obligataires. Premier constat, quoique soumis aux mêmes contraintes, tous les assureurs ne pilotent pas de la même façon les actifs détenus de leur fonds en euros. Leur exposition aux dettes d’État, en emprunts corporate et aux obligations convertibles… peuvent sensiblement varier. La taille et l’ancienneté des contrats entrent également en ligne de compte, car on ne manœuvre pas de la même façon selon que l’on a quelques centaines de millions ou plusieurs dizaines de milliards d’euros d’actifs sous sa responsabilité. Les plus petits sont généralement plus réactifs et à même de saisir les opportunités du marché. Au moment, de souscrire un fonds en euros, il faut donc être attentif aux orientations de sa gestion, à sa taille…

Il faut également se méfier des effets de mode. Les performances d’un jour ne présument pas forcément des gains futurs. Sur le devant de la scène ces dernières années, les fonds en euros dynamiques ont affiché un cru 2014 mitigé, même si comme les fonds en euros classiques, ils ne présentent aucun risque de perte de capital pour les épargnants. Mais les fonds dynamiques imposent de prendre une petite dose de risque supplémentaire sur les marchés actions. Or en 2014, la baisse des actifs exposés aux marchés financiers a dépassé leur seuil de sécurité, contraignant leurs gestionnaires à solder leurs positions pour préserver le capital. Ce scénario de mise en sécurité des avoirs a en particulier été mis en œuvre en octobre dernier dans le sillage de la chute du CAC 40. Au final, les fonds euros dynamiques sur 2014 n’ont en moyenne affiché qu’une maigre rémunération bien souvent inférieure à 2 %, loin de surperformer les fonds en euros traditionnels. En 2014, il fallait une nouvelle fois miser sur les fonds en euros immobiliers, comme le fonds Sécurité Pierre Euro, avec un rendement supérieur à 4 %.

Mais au-delà des fonds en euros, aux rémunérations en berne, les gestionnaires conseillent de mettre une dose d’action dans son contrat via les unités de comptes. Pour ne pas prendre trop de risques, il est toutefois essentiel de jouer la diversification. Rien n’oblige en effet en outre à investir dans des fonds spéculatifs. Il est possible de retrouver l’essentiel de son capital à l’échéance en investissant par exemple sur les fonds à formule, garantis à 100 % ou à capital protégé, par exemple à 90 %. Mais moins on offre de garantie, meilleure peut être la performance, avec dans ce cas le risque de perte en capital qui grandit.

Plus généralement, il est vital dans un contrat d’assurance-vie multisupports de disposer d’une gamme d’unités de compte étendue, que le souscripteur soit en capacité de comprendre. Avoir une palette de plus de 1 000 fonds comme dans certains supermarchés d’OPCVM ne sert à rien, si la plupart de ces fonds ont des stratégies d’investissement illisibles. Il est préférable de se concentrer sur une vingtaine d’UC suffisamment diversifiées pour s’offrir un large spectre d’investissement. Les épargnants avertis pourront grimper à une centaine.

Il est également important de surveiller la modularité de son contrat. À savoir, quelles en sont les options, quelle est la politique en matière d’arbitrages automatiques, existe-t-il une garantie décès et comment fonctionne-t-elle en cas de moins-value… La tarification est également un point essentiel à contrôler. Mais attention ! S’il est bon de retenir des contrats peu chargés en frais, il faut également s’inquiéter des services offerts, en particulier en termes d’accompagnement. Il est important de disposer d’un conseiller, mais de vérifier qu’il soit disponible et joignable à tout moment. Un bon équilibre entre tarifs et services est souvent le plus payant.